Thursday, April 26, 2007

Comment travailler

Très intéressant, en conversation avec ELB hier, de tomber sur ce nouveau point de convergence, dans nos parcours de vitesse : la "tâche" (entre le Beruf de Weber et le Aufgabe de Benjamin) de l'universitaire (ou finalement autre chose que cette identité institutionnelle), comme celle de chercher comment travailler. Bouger le paysage jusqu'à ce que. Frayer, head down.
Comment travailler dans l'institutionnel, et sur lui.
Avec qui : dans quel public, quelle performance du public.
Comment écrire, vers qui. Comment lire, donner à lire.

. j'ai appris, cette année par exemple, à poser des questions. Comme mode de travail. C'est à dire observer les questions bouger ; suivre où elles mènent quand elles cherchent leur incidence. Question de temps ; de l'historicité fine. C'est l'expérience de l'enseignement en Amérique que a été mon école exigeante là-dessus. Je vois comment peut s'ouvrir un travail par enquête, par entretiens, par invitations, écoute.
. l'actualité critique - où le continu entre recherche et enseignement, et actualité critique, peut se tenir à l'aise. J'ai des projets pour P8, L, M, D et le Texte étranger. Polart bien entendu.
. le blog, ou mise en ligne, comme frayage dans un milieu de public allégé de l'universitaire
. le travail collectif, et en particulier l'écriture, ou la conduite scientifique, collectives.
. le travail éditorial - diagnostique, au près stratégique de la critique.

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Putnam - la causalité ethnographique

Je continue à avoir en tête la question du point de vue "anthropologique" - notant qu'on marque ce point de vue particulier par le jalon de ce mot : Sennett, Putnam - Tocqueville? Je ne me souviens pas. Peut-être anachronique.
Lisant Putnam, Bowling Alone, sur les 20 dernières années et leur spectaculaire érosion du "lien social" [d'où vient l'expression en France, comment a-t-elle fait surface, par quel concern? Lié à "la fracture sociale"? Mais alors il s'agit d'autre chose, qui reprend des catégories connues. N'empêche que le lien est là, et caractéristique d'une nouvelle donne.] : je prends le temps, aux 400 pages, d'observer une méthodologie sociologique droite et soigneuse, réfléchissant à ses moyens de mesure et d'analyse as it goes.
Je pense à la causalité statistique, ethnographique, sociologique - la déculpabilisation, la sphère autre que celle de la dette (Deleuze avec Nietzsche) et du jugement, autre que celle de la morale idéologique, dessinée, et rendue possible comme plan de vie. Simplement : ce qu'on fait, comment on fait, comment on vit. On. Savoir après. Les critères identifiés après. Avec la drôle de neutralité bienveillante, et ses ambiguïtés, qui vont avec. Notice, simply notice.
On peut aussi faire de la sociologie accusatrice, critique - mais c'est une autre question. Peut-être même une autre discipline. Une autre pratique du temps critique, certainement.

C'est, bien sûr, l'ambivalence du point de vue de la culture ; son plan conceptuel.

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Wednesday, April 25, 2007

Academic freedom

From "Entering the academic freedom arena running : The AAUP's first year" [Daniel H. Pollitt, from Academe Jul/Aug 1998 - 1915, 5 investigations in universities having dismissed faculty on ideological or employment grounds - problems had arisen (that is: faculty had been dismissed) through governor's, Mormons', legislature's interference, "harmony of the college", authority of the Presidents]: just a few pointers about what territory of questions is covered:

. at the end of the first busy year, practice had cleared some recognizable roads on the wilderness, possible to formulate in a "General Declaraion of Principles" and a set of "Practical Proposals". "Describing the familiar tripartite function of the university to 'promote inquiry and advance the sum of human knowledge... to provide general instruction... and ... to develop experts for various branches of the public service."
The second report (Univ of Colorado) inquired into a situation where the President had to remind the governor "that the discharge of any member of a university faculty for anything which he might say in his capacity as a citizen was a very serious matter and that the preservation of academic freedom was one of the first responsibilities of any university." I find that difficult to quite square, with the notion of un-public universities. Where does this autonomy ground its legitimacy, exactly? The un-public nature of this "public" and this "service".

. must therefore, to enlist persons of "high gifts and character", offer faculty "assurances of an honorable and secure position". Crucial to this "is academic freedom of inquiry, of teaching, and of extramural utterance and action. While recognizing the 'essential and highly honorable place' that trustees held within the university, the declaration upheld the faculty's 'primary responsibility' for 'purely scientific [how strange to see the term used here, so clear-sounding and in fact loud in English] and educational questions' and the need to ensure that in those 'occasional cases in which the aberrations of individuals [require] definite disciplinary action," that action can be taken only by bodies "composed of members of the academic profession."

. involved also at several stages, naturally: freedom of speech. Also: the first report ended up describing the situation at the Univ of Utah in terms of: "The government of this university is a government of men and not of laws."

. other recommendations and analyses of problem situations: "that universities should submit their acts and policies to public scrutiny", "make tenure available to faculty members to ensure freedom of inquiry and teaching", that administrators and trustees must allow "a divervengy of opinion" within their institutions and not punish professors for criticizing the administration or privately questioning the fitness of a trustee". That an institution could not disregard consideration of "equity" and heed only considerations of "efficiency" or "harmony" without courting disaster. That professors must have academic freedom in the classroom but also have right to testify before public bodies - rights to engage in extramural speech in subjects both in and outside their academic specialities. And of course need for due process with regard to all dismissals. Legals paths to.

. interestingly, the threats on faculty has changed and not changed. What this is most useful for is as a measure of the particular configuration of pressure now.

Rappel : les ébats et éclats des Students for Academic Freedom, jeune troupe activiste cheerleading autour de David Horowitz, depuis le DH Freedom Center (ci-devant Center for the Study of Popular Culture - où "popular" prend une couleur très identifiable), avec les Academic Bill of Rights (ici aussi, le détournement de la tradition républicaine américaine). Liens avec Campus Watch et Fox News - analyste régulier.
Auto-identité : "The Students for Academic Freedom Information Center is a clearing house and communications center for a national coalition of student organizations whose goal is to end the political abuse of the university and to restore integrity to the academic mission as a disinterested pursuit of knowledge." The simple trick is to "expose" the politicization of academe, in the name of scientific rigour and freedom of speech - while by the same gesture repoliticizing absolutely.

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Agenda #10 - Dewey and academic freedom

Je note avant de perdre la trace :
John Dewey, avec Arthur Lovejoy, est celui qui inscrit dans l'histoire de l'université la notion de (défense de l') academic freedom. Au moment de la création de l'AAUP (American Association of University Professors 1915 - un aperçu de son histoire, sur le site de l'association), l'institution du Comittee C (?) on Academic Freedom. Dans quel contexte, sous quelle pression, reste à reconstituer.
Mais cette concomittance : d'une modernisation du système éducatif américain (plus ou moins en profondeur, plus ou moins influential - il faut voir. Certainement, la sensation d'une modernité qui presse de repenser les institutions et leur inscription sociale), et l'apparition de la question. Politique de l'université, politique à l'université.

Article publié dans Academe, Jul/Aug 1998 : "Entering the academic freedom arena running: The AAUP's first year" (Daniel H. Pollitt).
Lien vers Academe (semble être la revue de l'AAUP) ; lien vers Workplace.

Another bit of blurb (googled) :

" 1940 Statement on Academic Freedom and Tenure, the AAUP has earned the respect of the higher education community for developing the standards and principles of the profession. In addition to the basic principles of academic freedom and tenure, shared institutional governance and due process, the AAUP has addressed such important issues as Distance Education and Intellectual Property, Sexual Harassment, Teaching Evaluation, Post-Tenure Review and the growing use of adjunct and non-tenure-track faculty. The AAUP is the faculty voice on issues affecting higher education; its major policy documents and reports are included in the AAUP. "

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Tuesday, April 24, 2007

La Sorbonne clés en mains - mondialisation de l'université

Note à partir des informations données par Thierry Leclère dans Télérama; 18 avril 2007 :

Jean-Robert Pitte vend la marque "Sorbonne" aux Emirats arabes unis, avec une implantation à Abu Dhabi. Les frais d'inscriptions sont de 12.000 euros. Pitte parle de "rayonnement", de "missionnaires"..., d' "échange civilisationnel". Placé au CA de l'établissement par le Palais, le général Omar al-Bitar : on prépare l'après-pétrole, "nous misons très fort sur la culture et l'éducation" ; "La Sorbonne, avec son nom prestigieux et tous ces siècles derrière elle, va nous aider à former des cadres qui auront une vision" [la surprise prévisible devrait être de l'ordre de ce qui a pu se passer quand l'acheteur américain de la légende a vu débarquer London Bridge de l'autre côté de l'océan -].
Plus loin : "Pourquoi voulez-vous qu'on diminue les frais d'inscription? L'éducation est devenue un business. Et un investissement pour les étudiants [entrepreneurs de leur devenir]. S'ils ne veulent pas payer, qu'ils aillent dans le public. Mais si vous voulez l'excellence et un nom comme la Sorbonne, il est normal de payer!" - à noter, l'enseignante "missionnaire" qui est donnée en vignette dans le reportage vient faire un cours d'information et communication.
Pitte : oui il rêve de réimporter ce modèle [c'est une exploitation coloniale, reconnaissable à travers ses tours globalisés] en métropole : "Parfaitement. C'est un laboratoire dont on devrait s'inspirer pour la France! [...] Augmenter les droits d'inscription et choisir nos étudiants est le meilleur moyen d'empêcher l'université de mourir... Vous préférez la sélection par l'échec en accueillant tout le monde? Actuellement, dans les 1ères et 2èmes années surchargées, nous en sommes réduits, en France, à faire du gardiennage et de la discipline."
By the way, qui dit que les deux années d'ex-DEUG passées à la fac sans l'obtention d'un diplôme équivalent à un degré de formation zéro? (Et à quand la diffusion d'une réelle information? On veut bien d'une culture de l'information, et des quantifications, et des indicateurs, yes please.)
Pitte : sur la mondialisation de l'enseignement : "Cela ne me choque pas de parler en ces termes, car les choses culturelles et éducatives, elles aussi, ont un coût." Certes (et la puissance publique un bugdet, les citoyens des impôts).

Autres notes :
Knowledge workers : l'expression est complètement entrée dans l'usage, et s'emploie sans étonnement dans la presse et le discours public américains. Un secteur d'activité. Une colonne comptable, maintenant, acclimatée. Au même titre que service workers.

A voir : la configuration que trace le volume collectif de 2006 : Advancing Knowledge and the Knowledge Economy (Brian Kahin & Dominique Foray eds.), MITP. Questions : mensurations (économiques et sociales) du savoir, les communautés par le savoir [question : comment se distribue entre l'anglais et le français, par ex., les distinctions entre savoir, savoirs, et connaissance/s ; entre éducation et enseignement], l'évolution des institutions du savoir, géoéconomie du savoir, l'innovation comme expérience politique, contrôle et policy, cyber-infrastructure.

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Agenda #9 - Mme de Staël

Il faut lire Germaine. Théorie comparatiste de la littérature et du lien littérature-culture (les deux sont nécessairement liées), avec l'agitation théorique de l'époque révolutionnaire quant à la question du politique. Côté monarchie constituionnelle (modèle anglais), et le libéralisme à la Benjamin Constant.

On me dit que Noiriel dit que (dans Le Creuset français, 1988) : c'est chez elle qu'est établi le mot français "nationalité", dans un roman, en 1807. C'est donc Corinne? Aussi, "romantisme", et "l'esprit européen".
Notes sur un parcours bio-bibliographique : entre la Suisse et Paris, à travers la Révolution et la résistance à Napoléon (d'où les parcours d'exil, et le sillonnage de l'Europe. Expérience d'une époque, pour l'aristocratie en tout cas : vivre l'époque est vivre l'Europe - en englobant le Nouveau Monde, déterminant étranger de l'Europe coloniale et impériale, bien entendu [B. Anderson], et les processus de l'identité par l'altérité. Joséphine.). Anglophilie d'époque, mais aussi par philosophie politique tendant vers la monarchie constitutionnelle. Corinne ou l'Italie (1807)De l'Allemagne (1813), De la Russie et des royaumes du Nord (posth.)
Politique, dont Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (posth. 1818), Réflexions sur le procès de la Reine.
Lettres littérature et culture (donc cultures) : Lettres sur les ouvrages et le caractère de Jean-Jacques Rousseau (1788), De l'influence des passions sur le bonheur des individus et des nations (1796), De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800).
Delphine (1802), Réflexions sur le suicide.
"Féministe", "journaliste", Benjamin Constant, etc.

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Sunday, April 22, 2007

La république des professeurs

A. Thibaudet : La République des professeurs, 1927.
Donne un ton de la Troisième république. Ferry, et le grand temps d'Ulm (trois chefs de partis en sortent : Blum, Herriot, et ??).
ça donne un temps, et une configuration du savoir-pouvoir, inscrite dans les institutions et les pratiques.

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Saturday, April 21, 2007

Modern Life - problèmes pour la critique du présent

Il faut suivre le présent où il va.

(En ce weekend d'élections présidentielles : Rocard et "l'archaïsme" de la gauche miterrandienne, depuis longtemps déjà. Les recompositions qui deviennent pensables, discutables, viennent sur le plancher - very new, it sounds to me, this -, d'une alliance centre-"socialistes" [blairistes - y a-t-il d'autres options, d'autres repères, que la gauche mitterrandienne et la "gauche" à la Blair? Où, pour une vraie adresse au politique, càd en dehors des verts, des Bové, des altermondialistes etc. ?] Fissure marquante dans la carte en place, marking time, depuis trop longtemps. Question d'une politique qui soit aussi une analyse du présent politique ; où on entende une écoute et une réponse. Ce travail public.)
La question fine, est celle de l'adhésion à ce présent. Une écoute qui aime assez pour ne pas réduire les logiques, unadversarially, leur laisser bien toute la place de se rendre intelligibles, sensibles, mais se donne la place de la critique. C'est la question fine de la neutralité du point de vue de l'anthropologue (Tocqueville, Sennett, Putnam - qui peut décrire en termes impressionnés les succès de communalité des mouvements évangéliques de la droite dure américaine dans les 20 dernières années, comme succès). La sémantique du peuple est un humanisme. Voir.
Elle est certainement, par implication, critique des puretés, soit des absolus, du public. Et, voilà, critique de la position idéologique. Qui pense d'avance - et s'occupe des objectivités politiques : celles qu'ont voit de haut et depuis hors du temps. Il y a un rapport à l'histoire très particulier, dans la recherche du as it is. De l'expérience. Et de flux des points de vue. Sympathetic (dit Putnam) - ou simplement : contemporary, au sens de Stein.
Ce qu'il y a c'est : qu'il ne s'agit pas de se défendre du changement. Tocqueville est exactement là-desssus, et c'est ça qui donne la force et la lucidité impressionnantes de De la démocratie : une pensée de l'histoire après la Révolution. (C'est pourquoi il faut le lire avec Burke. A faire.)

L'anthropologue et le critique. Culture et politique.
Car il y a à déconfondre politique et idéologique. "La vie des peuples".
(Suivre le présent où il va : les Etats-Unis, l'Inde ; la Communication, les think tanks ; etc. Une critique intime.)

Carte de la logomachie actuelle : dans le processus de la dépolitisation (une nouvelle polity est en cours, on a du mal à en saisir le morphing), les solutions antagonistes de la culture (le multiculturel / le communautarisme) et du marketing. Entre, la vie des peuples se fait.
Comment une société respire.

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Agenda #8 - communauté

Tout un sac - et les situations françaises et anglaises ou américaines se compliquent mutuellement d'histoires aux différences marquées.
La question encore très maigre, très incertaine, et à vrai dire pratiquement unspeakable, so far : que la communauté est un concept de la droite anthropologique, en tout cas un concept anti-révolutionnaire. Libéral. Tocqueville, Burke peut-être?, etc. Voir peut-être Benjamin Constant?
Question de ce qu'on fait de l'histoire. La tradition est clé, ici. La continuité - son cohésif.
Ses situations actuelles : avec la désagrégation des communalités connues (syndicats et flexibilité au travail, participation électorale, cybersocialisation virtuelle, histoire du divorce et des recompositions familiales, etc.), les attaques contre l'espace public (phénomènes divers de la privatisation), et en corrélation des communautarismes (montée de l'identité ethnique - par exemple - à la mesure de l'érosion de l'identité politique). Le culturel comme autre et éventuellement rival du politique. Question de privé et public - de : quel public.

Benedict Anderson : Imagined Communities
Robert D Putnam : Bowling Alone. The Collapse and Revival of the American Community (2000)
Dewey : The Public and Its Problems. communauté, society, public.
Herchbrechter : volume
La communauté à venir, la communauté introuvable, etc. Blanchot, Agamben, Nancy etc.
Tocqueville et la commune.
Toutes les Cultural Studies, of course.

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Friday, April 20, 2007

Business & management - carte des discours

Les sections que matérialise la librairie Barnes & Noble's, dans le champ de Business - terra incognita, et surprenante :

  • motivation - coaching, seminars, group & teamwork, influence
  • profiles - les figures héroïques, les succès, les narratives of
  • economy - little, and few classics or theoretical works
  • marketing - brand studies (lots) - PR in, advertising out (culture de la communication).
  • fundraising - incl. non-profit
  • management & leadership (le gros des rayonnages) - strategic plans, management par project, teambuilding. Ici un discours sur le groupe, le team, la gestion des individus ; une conception corporate de la dynamique collective, personnelle et interpersonnelle : conflict & communication. Leader (executive) & team. Emploi.
  • human resources
  • sales
Le management est une pratique du social - et forme, à toute vitesse, une conception, une idéologie, de la société. Qui se diffuse au-delà de son champ propre, gestion des entreprises, pour organiser une pensée de la, et indeed une, société actuelle.
Ses acteurs, ses auteurs, ses modes pratiques, ses influences, ses morales pratiques (self-help, self-making ; manuels, bibles et CDs d'apprentissage de soi en leader, de soi en entrepreneur, en communicateur, en membre d'une équipe, en acteur des Public Relations et networks, etc.)
Apprentissages d'une éthique pratique, et d'une socialité, très marquées. Mais l'apprentissage, la formation ; ce drive, cette agitation (dynamique de la compétition). Pour l'entreprise, il faut une subjectivité, et une socialité, particulières et continuellement travaillées, exigées. Il y a toute une didactique - soit un discours adossé à un ensemble de valeurs - de ça, organisée ou ambiante.
Keep'm on the move!

A voir : en quoi consiste un programme pédagogique de Business studies, Management studies.

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Wednesday, April 18, 2007

The best teachers : vue sur le savoir-pouvoir

Lecture de Ken Bain's What the Best College Teachers Do (Harvard UP, 2004), pour le groupe de discussion organisé par le Center for Teaching du collège, puis rencontre avec l'auteur. Deux notes :

. comme avec Richard Sennett, impression d'une drôle de méthodologie, à la limite du scientifique - j'avais écrit "pragmatique", mais ce serait plutôt "psychologique". Sennett dit "social psychology". Il amarre son discours sur la notion de character ; je la relie avec ce qui est peut-être, je devine, le centre de gravité de son travail : "public man" du 18ème, des cafés de Londres, modèle parallèle (il faudrait voir les dates, et les échanges éventuels) de celui de l'Espace public d'Habermas. Un point de vue qui a une tendance un peu molle à l'historique, et une tendance plus opératoire (l'historique s'efface et perd de sa capacité à fournir de l'analyse pour l'objet d'étude) et toujours un peu molle à la psychologie sociale, qu'il appelle aussi "anthropologie". Etude des comportements, jusqu'aux parages de la morale publique et du psychologisme.
Bain aussi parle d'anthropologie : parle, dans ses entretiens et moyens d'étude, de moyens appartenant à l'histoire, à l'analyse littéraire, au journalisme d'investigation et à l'anthropologie (12). Qu'est-ce que c'est que ça? La collègue de la School of Education rencontrée hier au collège voit dans les sciences sociales une distinction entre une méthodologie quantitative des américaines, en face d'une théorique française. Ici c'est encore un autre plan. Est-ce que "anthropologique" permet ce "middle" de Mitchell, la "soft science" de l'"ethical turn"[tiens, je ne pensais pas aux sciences dures / sciences humaines françaises].
Cela tire du côté du motivational, surtout. Part remarquable des conditions discursives actuelles, aux Etats-Unis tout particulièrement, mais dans le modèle anglo-américain de la culture du management plus largement. Coaching (en confluence évidente, il me semble, avec la prédication protestante, sa tradition rhétorique inscrite dans la culture politique américaine - la catholique serait la direction de conscience, et l'éminence grise ?), jusqu'à life coaching. Dans la section Business de Barnes and Noble's (il faut que je note cette carte du savoir-pouvoir - agenda), c'est marqué par la zone "Profiles", voisine de "Leadership". The best business leaders, j'imagine. Success.
Que font les sciences de l'éducation? Ici -- et du coup en France? Mystère. Une des disciplines qu'on ne croise pas, depuis les Lettres et Langues, curieusement - malgré le didacticisme assez appuyé de l'Anglais en particulier. Leur rapport à la psychologie, et au paradigme de la cognition. A la sociologie, dans l'autre direction.
On n'est pas loin de la langue sociale du management : "best college teachers" : me rappelle la notion néolibérale de "best practice" -- et "does it work? what works best?" (cf Revitalizing Undergraduate Science: Why Some Things Work and Most Don't, Sheila Tobias, Tucson, Research Corporation [what's that?], 1992), marque culturelle américaine, là, avec ses traditions élaborées dans la philosophie pragmatiste --, ainsi que "excellence". Un pragmatisme pratique, appliqué, qui gomme les contextes : histoire, politique. Best. Pourquoi la compétition? Plus la logique du rating. (J'ai trouvé étonnant que l'évaluation des enseignants se pratique depuis autour de 1975.)
Des titres de périodiques de recherche : Journal of Excellence in College Teaching (can you believe it?, n°1 en 1990) ; Journal of Educational Psychology, Journal of Personality and Social Psychology.

. mais surtout : faire porter à l'individu, presque déprofessionnalisé, comme personne, la responsabilité de la valeur (il sera évalué dessus); responsabilité du "best". Socio-professional burden of proof. Comme avec Sennett : le teacher est une personne. La réflexion pédagogique et disciplinaire (cette question a du mal à tenir dans le réseau du discours ici - elle n'est pas ignorée tout à fait, mais est repeatedly & more or less discreetly sidelined) est placée dans le terrain d'un concern individuel, de l'enseignant avec ses groupes d'étudiants, leurs désirs attentes et histoires et émotions intellectuelles.
Quand la question critique des grades apparaît, comme contre-pédagogique, on met bien les choses au compte d'une certaine "academic culture" (35), mais on ne bifurque pas vers une action de ce côté. On a déjà demandé aux enseignants d'avoir les vues larges sur la situation de leur discipline et les processus du savoir ; mais on ne demande qu'à lui d'améliorer - puisqu'avec best il y a toujours aussi le to better, to ameliorate. Langage de l'identité des institutions et services - question de "gouvernance", d'"autonomie", avec ses chartes de "good practice". Tel mode du langage du public privatisé. Le public des Relations Publiques et de la com.
Je ne vois pas (encore) la question de l'amélioration, ou de la prise critique simple, sur l'institution, ni sur une politique scientifique. On parle de discipline - qui relève du scholar individuel - mais pas de département, pas d'université.
C'est ce qui saute aux yeux aussi quand on commence à sentir la présence d'une grande ombre sur le paysage : l'histoire de la situation du "best teaching" ("best" was not always a pedagogical value, clearly - or its onus on the teacher, in those terms at least). L'effacement est celui, toujours, avec l'historique, du contexte : politique. Politique du savoir-pouvoir. Dépolitique de
l'individualisme comme point de vue d'un discours sur la société ; sur une profession.

Ce point de vue est étouffant.

What and where is the value in teaching?
And whose responsibility is it?

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Travail, démocratie - problèmes du présent

Références à partir de Richard Sennett The Corrosion of Character. The Personal Consequences of Work in the New Capitalism (1998, mais en fait 1995 - et c'est nettement daté, déjà) :
  • sur le nouveau capitalisme de la flexibilité, le flux et le fluide (qui rend obsolète un modèle hiérarchique, bureaucratique et centralisé, éventuellement paternaliste - rend[rait] aussi obsolète le paradigme du rythme) : James Champy : Re-engineering Management (HarperBusiness, 1995) ; Ulrich Beck, Risk Society (Sage, transl. 1992).
  • sur le temps : Barbara Adam, Time and Social Theory, Temple UP, 1990 - Anthony Giddens, The Constitution of Society. Outline of a Theory of Structuration (Polity, 1984)
  • sur l'anxiété (il ne dit pas "stress") : Ray Pahl, After Success. Fin de Siècle Anxiety and Identity (Cambridge : Polity, 1995) - "the anxious class" (Robert Reich, Democratic Leadership Council 1994).
  • sur le travail : Herbert Applebaum, The Concept of Work (SUNY P, 1992), Jeremy Rifkin The End of Work (Putnam 1995) - avant ça, Daniel Bell "Work and Its Discontents", in The End of Ideology, Harvard UP 1988 - et Adam Smith le premier puis Marx sur la division du travail ; Max Weber sur le travail comme carrière et "character [R. Sennett] " (Beruf)
  • la démocratie dans le "nouveau capitalisme" : vivre le conflit (vivre les "corrosions du caractère") : Leon Festinger, Conflict, Decision and Dissonance (Stanford UP, 1967), G. Bateson Steps to an Ecology of Mind (Chandler 1972) ; R. Sennett, The Uses of Disorder (Knopf, 1970) ; Amy Gutman & Dennis Thompson, Democracy and Disagreement (Harvard UP, 1996).
  • sur le sujet, homo faber : Pic de la Mirandole, Oration on the Dignity of Man; Diderot (Paradoxe sur le comédien) / A. Smith sur le rythme et le répétitif du travail
  • sur l'enseignement dans le "nouveau capitalisme" : US Dept of Labor, What Work Requires of Schools: A SCANS Report for America 2000 (Washington D.C., 1991).

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La société thérapeutique, et soft knowledge

Virginia Tech Shooting Rampage. 32 étudiants morts après l'expédition punitive d'un étudiant en biologie, leaving an 8 page rant against women, rich students, and (can't remember what third group). Bien en évidence, bien publiée, l'ouverture des activités de soutien psychologique, et l'élan d'émotion et de deuil collectif, qui donne à voir et à soigner la communauté. "We are Virginia Tech, and we will survive." Mais aussi au-delà de cette université, dans la communauté étudiante nationale (GD).

A thought : la fonction, l'usage social, de l'université, aux Etats-Unis, dans sa nette différence avec la France (avec l'Europe?). Soit : les étudiants sont des enfants ; il faut leur étendre une attention affective particulière, défendre et aimer nos enfants, en ces groupes. L'enfant, et la communauté (on pense en termes de college, de school - en France on dit université ou fac. En Angleterre on dit université même à Oxford ou Cambridge). Nos enfants. L'université comme éducation (qu'y a-t-il à entendre dans la distinction entre education et enseignement?) et socialisation, adolescence.

Also : la société thérapeutique. Suite et actualisation de la charité chrétienne sur son versant protestant, vecteur de communauté ? Quelque chose d'anglo-saxon en tout cas.
Je continue à retrouver, à sentir à l'oeuvre, ce dont je n'avais pas senti toute la pertinence - je l'avais pris pour a quirk, une bizarrerie personnelle - du compte rendu que faisait WTJ Mithcell d'un état de la critique dans Critical Inquiry de 2004 (introduction aux actes du colloque The Future of Criticism) autour du concept de middle comme solution aux impasses de la théorie comme critique sociale ("the radical center", et le contexte des intellectuels américains au moment de l'invasion de l'Irak...) et rapportant les échos d'un therapeutic turn.
Lisant Richard Sennett sur le travail (psychologie sociale, économie politique, sociologie), avec Salmon sur le narrative turn : ce tropisme des sciences sociales - et leur intérêt pour, nouveaux termes pour un pont avec, une référence (simple regard vers pour ressource : il ne s'agit pas d'un travail du rapport) vers les Humanities ; la littérature en particulier. Comme ressource de culture, d'humanité, d'anti-scientisme anti-rationalisme. Soft knowledge, soft thinking. Martha Nussbaum, Sennett sur narrative comme the social healing of character in the new capitalism.
Un performatif caritatif et communautaire du savoir. Bonnes intentions.

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Monday, April 16, 2007

Poétique du présent politique : "the creative class"

A regarder, ce que dit un Richard Florida sur The Rise of the Creative Class (2002 - puis The Flight of the Creative Class. The New Global Competition for Talent, mondialisée, 2007). Avec aussi The Cultural Creatives, Paul H. Ray et S.R. Anderson, 2000.

Avant de lire, il me semble que la situation qui s'ouvre ici débouche sur, de nouveau, une proposition sur le "nouveau capitalisme" (termes, déjà vieillots, de R. Sennett) : un shift à percevoir de la production à la création. Une façon, peut-être, all guess-work here, de continuer à réfléchir aux mutations du travail, dans un contexte qui se propose aussi un cadre d'explication par la "société post-industrielle".

I'm guessing, essaying : une dématérialisation du travail, à percevoir également dans la subtilisation (dans tous les sens...) des produits du commerce en valeurs financières (financiarisation du marché, volatilité des marchés) et symboliques - l'économie politique dématérialisée en monnaie courante culturelle (le multiculturel est tout étonné des gains qu'il en reçoit, dans cette alliance trouble de la mondialisation avec le postcolonial). Le politique passé au plan du culturel. J'ai l'intuition qu'il s'agit encore de la même chose dans la nouvelle économie (politique) de l'information et des savoirs.

Le travail de la poétique m'apparaît de plus en plus nettement comme cette actualité du savoir-pouvoir à tenir. La poétique sait quelque chose du savoir, critique. Sait quelque chose de radical (Saussure) de la ligne d'articulation entre savoir et pouvoir, et de la modernité. De l'interface de la culture avec le politique. Chaque fois elle est capable - mais au poéticien d'en construire la capacité ; c'est là l'invention, et la passion politique du poème - de décoller, d'insérer sa lame critique dans les processus du naturel. Dans les factualités "contemporaines" - et les revendications des "modernisations" - du présent.

Travail de la poétique : critique de l'actualité du savoir-pouvoir. Chronique.

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Des classes de la démocratie en Amérique

Un petit levier critique, pour ses pouvoirs de dégager la perspective - à la lecture de Richard Sennett, The Corrosion of Character. The Personal Consequences of Work in the New Capitalism (1998 - more about which later) :

Dans The Hidden Injuries of Class (avec Jonathan Cobb, 1972), il interrogeait des employés d'une boulangerie sur leur perception des classes en Amérique : ils se disaient "middle class". Du point de vue extérieur, européen, on a l'habitude de voir, avec Tocqueville "indeed a classless society" (64), "a democracy of consumers". Beauvoir elle tenait que "we are hopelessly confused about our real differences". Sennett déplace le regard, et le concept de classe. Bien sûr : le politique se configure avec ses spécificités, aux Etats-Unis. Il a ses repères, étrangers, et un plan d'échelles différent. Il faut y trouver pied. Comme l'indique aussi Martel sur la vie culturelle en Amérique, le plan du politique se fait moins dans la vie publique que dans une texture culturelle, et éthique ; morale. "The American obession with individualism" d'un côté, et la crudité du rapport de "masses" ("indifference and rudeness") sont à lire dans un ensemble où : "Class in America tends to be interpreted as an issue of personal character. And so when 80 percent of a group of bakers say, 'I am middle-class,' the real question being answered is not how rich are you or how powerful are you but how do you estimate yourself. The answer is, I am good enough." (64-65) 64 : "Class involved a far more personal estimation of self and circumstance."

Ceci dit : il y a à faire entrer en jeu ce qu'on entend beaucoup ici, sur l'érosion de la middle class, et même les programmes politiques déclarant des bonnes intentions pour son nouvel épanouissement. Et faire entrer en jeu le point de vue de Sennett, drôle de sociologue aux termes pragmatiques moraux et psychologiques, qui pointe le regard sur ce niveau, d'une nouvelle situation du character dans le "new capitalism" (étonnant, aussi, comment ce texte semble daté dans son ton son humeur, alors qu'il est de 1998 - witness to the astonishing speed of this cultural shift of political economy.) Mais en cela il est déjà un point de vue américain.

Une culture politique américaine, donc, qui se méfie des politicizations. Qui cherche à tenir le plan, libéral, de la culture, de l'éthique (morale religieuse toute tissée dans son histoire politique et son identité nationale, naturellement), de l'individu.

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Academic Labor - 2

Nouvelles indications de Joseph Entin :

Two books I recommend are: Tenured Bosses and Disposable Teachers: Writing Instruction in the Managed University and University, Inc.: The Corporate Corruption of American Higher Education. Comparing the impact of capitalism on universities in France and the US is and intriguing project. I fear that because our university sector is so privatized to begin with that capital has had an even easier time here! And only a small sector of our faculty are unionized--CUNY in fact has one of the strongest faculty unions in the country, as you probably know. We're poorly paid, but probably not nearly as poorly as you are, I imagine. But at least you all have some social and cultural prestige, no? In the US, we don't even have very much of that....

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Sunday, April 15, 2007

Agenda #1 - Adam Smith (contd)

Voir comment Adam Smith est à la fois Scottish Enlightenment (avec David Hume, Hutcheson, etc.), initiateur des études universitaires de rhétorique et belles-lettres (en français dans le texte), et le théoricien du libéralisme économique. Comment il tient ensemble l'ensemble, et en passant par Paris. (Peut-être pas exclusivement).
Comment sa postérité défait cet ensemble, aussi.

A la fois donc :
. The Wealth of Nations (An Inquiry into the Nature and Causes of - 1776)
. Lectures on Rhetoric and Belles Lettres (reported by a student 1762-63 - le voyage en France commence en 1764)
mais aussi, et auparavant :
. The Theory of Moral Sentiments (1759)
On est bien dans un ensemble - une théorie d'ensemble (ah, l'avant les divorces romantiques...).

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Agenda #7 - public

  • Richard Sennett : The Fall of Public Man (1970s) - et : The Corrosion of Character. Personal Consequences of Work in the New Capitalism (1998) ; 2006 The Culture of the New Capitalism.
  • Habermas : L'espace public (198?)
  • John Dewey : The Public and its Problems, 1927. En réponse à Walter Lippman (The Phantom Public, 1925), défense de la démocratie. "Till the Great Society is converted into a Great Community, the Public will remain in eclipse. Communication ["free and full intercommunication"] can alone create a great community". Parlant du rôle civique du journalisme. "The clear consciousness of a communal life, in all its implications, constitutes the idea of democracy." Forum.

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Saturday, April 14, 2007

Academic labor

Indications de Joseph Entin (Brooklyn College English Department) :

It's true, I am deeply interested in thinking about the university as a site of labor, especially as American universities become increasingly subject to, and modeled on, corporate capitalism. There is a growing fieldof critical analysis in the US, especially among scholars in English, whose work has included a growing focus on what one writer calls "academic capitalism." My own perspective is shaped by my work as a union organizer in graduate school, when I worked with many others to try to form a union for graduate teaching assistants at Yale (and effort that has failed, to date, alas). I wrote a piece several years ago in the on-line journal Workplace, and I highly recommend that journal as a source of information: http://www.cust.educ.ubc.ca/workplace/

Some of the leading thinkers and writers in this field include Cary Nelson, Marc Bousquet (I highly recommend his work, a lot of which is on-line), Jennifer Washburn, Bruce Simon, Michael Berube, Richard Ohmann. I alsor ecommend taking a look at the web site for the American Association of University Professors (AAUP) and its journal Academe, which regularly publishes on academic labor.

My own book is really about fiction and photography, and the way a group of progressive artists in the 1930s tried to re-frame the way Americans see and perceive the poor and dispossessed. It's not directly about the academy, but it is about class, labor, and inequality, which are some of my abiding concerns. The title is Sensational Modernism: Experimental Fiction and Photography in Thirties America, and should be out in paperback from theUniversity of North Carolina Press in October or November.

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Friday, April 13, 2007

Notes sur Graff - suite

Toujours Clueless in Academe, et ses "rhetorical principles" 192 [ici pour graduate school applications], Graff note :

. a new convergence between "intellectualspeak" and "a new vernacular voice" (117). Including : Jeffrey Williams' "useful overview of the recent turn of some academics toward autobiography, personal narrative, and writing that seems closer to journalism than to traditional scholarly prose, which Williams calls "the journalization of academic criticism". ["The New Belletrism", Style 33, 3, Fall 1999]. Ex : Bérubé Public Access: Literary Theory and American Cultural Politics, Cornel West Race Matters, Rorty Achieving, Nancy Miller Getting Personal, F. Lentricchia The Edge, Gates' Colored People, bell hook's Born Black, Jane Tompkin's A Life in School, Eve Kosoksky's A Dialogue on Love.

. des oppositions régulières : "The revolt against the analysis culture in the twentieth century enlists a vast range of modern and postmodern artistic movements, bohemian and countercultural lifestyles, therapeutic cults [hello there, Graff...], and New Age mysticism." La romantique, contre la révolution industrio-scientifique, pour commencer, et autres cultes du "no-brainer" 97. Also, appeal to : "woman, children, primitive types, Gypsies, non-Westerns, dumb animals, outlaws, artists, and anyone lucky enough to have lived before the coming of modern industrial civilization. This idealization of the pre- or nonintellectual is a major theme of the European romnatics." 100 Notion of recovering innocence.
Instinct.
John Dewey : progressive, child-centered education, but not dualistic anti-intell argument [Dewey : student-centered rather than curriculum-centered education] and not Hughes Mearns' "theory of permittings", seeing the child as natural artist, the genuine primitive. 103. Misreadings of Dewey. Not vocationalist either.
Backlash against explanation, too : mounting reaction against "the natterati", "the chattering classes", "bloviators", the "punditariat" and "punditocracy" in the media, "cable box" intell rather than academic here : new coinages eloquent. 106. Graff takes this as a new convergence of the 2, academe and public.

. des intellectualismes existants, culturellement inscrits en dehors de l'academe : le sport...

. training public intellectuals 195 - conseils et programme pédagogique de rhétorique : students to show "they are ready to join an intellectual conversation about what they love. They need to translate their passion for their subject into an indication that they know how to discuss it publicly with other knowdgeable people. ... This means showing they have some plausible picture of the academic field ... they envision themselves joining. 193. => "Figure out the received wisdom about your text or topic and show how you refute or go beyond it" 194. "so what" and "who cares" as such questions might be asked by those publics. "Learning to summarize and enter the conversations around us" 196. "Joining the conversation": mantra. = letting students in on the process by which most influential critics generate their ideas 201. Becoming an intellectual. 255.

. central pb : make academic speak and student speak talk to each other, bridge that gap.
. tied with : "the problem at its source, the estrangement of young people from adult culture" 264. J. Dewey, 265 :

to overcome the sterility and irrelevance of traditional education, the democratic school had to find a way to integrate the child into the adult world of labor and production. Dewey assumed that children harbored a natural curiosity about adult productive systems and vocations such as farming, transportation, and manufacturing. He reasoned that if "occupations are made the articulating centers of school life," students' interest in adult social practices will transform themselves from "passive and inert recipients" to active interest. [The School and Society, 1900, 1902). [...] nothing to do with vocationalism; the appeal of the occupational world for him lay in its expression of the heroic project of modernity, the progressive struggle of humanity "to master and use nature so as to make it tributary to the enrichment of human life." What Dewey did not foresee, however, was that the appeal to children of this heroic project would be undermined by the rise of youth culture and consumerism, which alienate the young from the adult world of work and civic participation [?]. structural isolation. "a new organization of teaching and learning is necessary if this isolation is to be counteracted.

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Université, intellectuel, "anti-intellectualism"

A ma question opératoire de base, outil pédagogique de base - so what? -, je pense pouvoir adjoindre celle que me pointe G. Graff : "who [the f***] cares?"

Clueless in Academe. How Schooling Obscures the Life of the Mind (Graff, Yale UP, 2003), as "notes toward a field of clueless studies" 4, and plenty to harvest from it, avec ses conservatismes : "How teaching the conflicts - or any other educational approach - won't revitalize education as long as the culture of public argument remains opaque to many students and other citizens" 13.
"This book is an attempt by an academic to look at academia from the perspective of those who don't get it" 1. Thesis : "schools and colleges perpetuate the misconception that the life of the mind is a secret society for which only an elite few qualify." 1. Obfuscation 2. Mystification 3. Exclusion 11. Communicative ineptitude 21.

. academic alienation : irrelevant. "Boring, self-important, and dominated by insider orthodoxies" 9. Academic writing often bad 9. Intellectualspeak /Studentspeak 13 ("student conversations" 23 / Arguespeak 21. Arid, self-absorbed, rarefied 14. No social stakes. Intellectual club 35. Pretentiousness 43. anti-intellectualist tropes : nerds (/jocks), egghead, braniacs, control-freaks, ideologues, manipulative propagandists 44. . academic speak : remote and artificial 24. cognitive overload / multiple & disconnected curriculum 3.
. oppositions to intellectual pedagogy, internal resistance (ou méfiance) of academe : the body (training "emotional intelligence, moral character, visual & aesth sensitivity, creativity in story-telling and personal narrative" 3), et multicultural concern 4. Also : teaching undervalued in univs, "the overdrawn opposition between research & teaching" 10.

. 6 degrees of obfuscation : 1. taking academ discourse for granted 25, its language games, mind-stoppers, why make a problem out of... ; 2. the volleyball effect 27 disconnected & mixed-messages confusing curricula + vertical disconnection school/college ; 3. the overrating of fact [Hirsch, Cultural Literacy, 1987] ; 4. mystification of research (as separate - cf 35: "we need to rethink the assumption that the career interests of research scholars are best served when those scholars are released from undergrad teaching") ; 5. anti-intellectualism (incl. professional antiprofessionalism, self-loathing : won't change the minds of students already suspicious of the intellectual club as a haven of class snobbery or as a threat to their image of masc/ty or fem/ty, or to their class, ethnic, or racial identity") ; 6. the contrast of academic and popular culture + media 37: in fact estranged twins, common history in "same historical moment after the Civil War, each being a product of modernization, industrialism and liberal progressivism"38. popular : facile, sensational, vulgarly reductive, dominated by soundbites / down-to-earth, democratically accessible. Also cliché / schools' losing battles with popular entertainment.

. actual "convergence [,now,] between academia and the popular media" 1. Street-smart 2. 17 : "The university is popular culture, but it doesn't know it yet". Since WW2, outreach, broader influence on the wider society, generalize their specialities, demonstrate their wider applications 18.
"creeping intellectualism", current : academia now "part of the mass culture industry, which disseminates and popularizes theories and trends" 18. Academic disputes vicious now because much is indeed at stake in them (GG's list : "bilingual education, evolution and creationism, the new gender and race studies, grade inflation, and the teaching of literature, mathematics, and history extend far beyond the campus" 19). cf NYT "Campuses Across America Are Adding 'Sept. 11 101' to Curriculums" : turning current pbs into courses, which in turn become news in NYT. Since WW2 : massive democratization of higher education => Dead Poets Society etc., convergence of university presses & trade houses - terms of the hype : "paradigm-smashing, pathbreaking, broad-gauged". Culture wars period (80s-90s) : journalistic bashing of academics matched by glorification as "campus stars" [Cusset] in NYT, NPR (Fresh Air, Night Line). => Roseanne, ER... Trendiness, faddishness. Closer to the pulse of journalism & popular culture, which is in turn increasingly fascinated [? - disons en effet : c'est devenu un ingrédient culturel] by academics and their ideas 20. Univ is itself popular culture, serves millions, agent of mass popularization. Now mass enterprise, prerequisite of opportunity & mobility 21. 2000 Bush / Gore, more narrow then Eisenhower / egghead Adlai Stevenson in 50s. McCathyite know-nothings / current conservatives are intellectuals : Irving & William Kristol, William Bennett, David Brooks, Roger Kimball, Ralph Reed, Dinesh D'Souza, Pat Buchanan, Newt Gingrich [though to Bill O'Reilly, "intell" is still a term of abuse] 41.

. sociological causalities : concern for "democratic education", "anxieties about class snobbery & inferiority" 5. Exclusion, distinction, reproduction. "There are those that argue that the academic obfuscation I examine in this book is no accident. [...] when schooling keeps students mystified it is not failing at all, but working all too well at doing what our culture asks it to do, sorting students into cognitive haves and have-nots and therefore into society's winners and losers. [...] maintain high levels or social inequality [...] keep the cultural capital of literate public discourse out of the grubby hands of the riff-raff" - cynical view 14 (Academic Discourse, collectif de 1994, Bourdieu, Passeron, et al.)

. histoire :
. exclusivité de l'université : a pre-WW2 trope. Tiny social elite, et modèle du scholar : antiquarian et positivistic, narrow (fossil) pedantry, opposé à l'intellectuel, public : the big picture, application of the facts to contemporary life : journalists, clergy... 17. Rise of the modern research university
. since WW2 : massive postwar democratization of higher education 19.
. de l'anti-intellectualisme américain : 35 second-wind, as "old-fashioned varieties of Am anti-intell have been overlaid by new ones from the counterculture of the sixties and the New Age therapeutic culture" : Arguespeak is a male thing, a white thing, an upper middle class thing, a Western thing," 36, imposing a dominant culture of the marginalized & disenfranchised; teachers should encourage students to realize their own authentic voices.
. anti-public current context: students' "aversion to the role of public spokesperson that formal writing presupposes. Can't imagine any rewards for being a public actor or even imagine themselves in such a role 57.

This lack of interest in entering the public sphere may in turn reflect a loss of confidence in the possibility that the arguments we make in public will have an effect on the world. Today's students' lack of faith in the power of persuasion reflects the waning of the ideal of civic participation that led educators for centuries to place rhetorical and argumentative training at the center of the school and college curriculum [cf now instrumentality, technicity of "composition", having altogether dropped the consideration of "rhetoric"] . Underlying the centrality of this training was a classical conception of public citizenship that has come to seem unreal as the small town has given way to urban massification [see also, democratization of higher educ° - no longer the college polity] and as the ideal of the citizen has been displaced by that of the consumer. If even successful adults find it hard to imagine themselves influencing public policy through their rhetorical and argumentative skills, students figure to find it all the harder to visualize themselves in such public roles." 57 [cf ma question : who has a voice in America now? Do you feel you have a voice? How do you look for places where the voices you are interested in can be heard?]. [...] Given the notoriously widespread cynicism about the chances that our opinions (or votes) will influence public policy, it is hardly surprising if students are fatalistic too. These doubts about the payoff of persuasion underlie much of the student relativism that has been so widely deplored for hald a century now.

The emergence of the Internet, the electronic town meeting, and talk-back radio hold out promise that this cynical fatalism can be reversed. We may also be witnessing a revival of student idealism and activism [... ??] 58

. Graff's solutions and outlook : the culture of ideas and argument (comme prolongement de "teaching the conflicts") 2, "culture of books and ideas" 6. articulating ideas in public 2. Argument literacy 3. "Intellectual socialization" 12 as educational goal.
. so what? who cares? What's your point? What does it have to do with me? 10.
. "deep cognitive connection between controversy and intelligibility", (quotes JS Mill on it) 12, dialogical : "as opposed to what?". "is by writing the voices of others into their texts that students start learning to produce a public voice."14 "Becoming socialized into a way of life that changes who you are" 24. Join. Become a public self 57.
. find the continuums 24. Break up the exclusivity 25, demystify the 'club we belong to'.

. formation discursive dépliée autour : compositionists, sociolinguists, theorists of psychological
development, memorialists (of school days experiences), student surveys, Hirsch Cultural Literacy 1987, Richard Hofstadter's classic Anti-Intellectualism in American Life, 1963, Robert
Scholes The Crafty Reader 2000,

. chap 1 : "analyzing structures of academic obfuscation" 11.
. 2. The problem problem 43. Boredom, counterintuitive need to analyze, inventing
problems, defamiliarize, commonsense, self-interpreting texts, why study unintended meanings (dead authors), intell overreading. Pb with negativism and oppositionality, seen as agressive : axe to grind. Liberal pluralist commonsense: relativism ; or traditional backgrounds, argument is Godless secular humanism. Refusal to become the sort of public self that schooling assumes we all naturally want to be 57. => pour une éducation rhétorique : "Whatever side students come down on for these questions [why analyze, why question, why argue, etc.], opening these question for discussion has the desirable effect of positioning students as anthropologists, intellectual analysts, of their own academic lives" 61.
=> Epilogue : Argument Templates...

La question de l'intellectuel est celle du public. Et de son milieu discursif. Savoir-pouvoir.

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Thursday, April 12, 2007

Agenda #6 - actualité des idées

Des urgences de lecture maintenant :

  • où sont les idées. Nouveaux territoires.
  • les intellectuels aux Etats-Unis - en espérant des analyses sur la situation de l'université
  • histoire des intellectuels, et histoire intellectuelle (voir vers Perry Anderson, Dominique LaCapra, Tony Judt?, Quentin Skinner, Hayden White of course)
  • une revue des revues, pour un coup d'actualité avant mon départ - en ouvrant du côté du business etc.
  • discours et publications du marketing, business, etc. Terra incognita.
  • aussi, orientations vers la sociologie actuelle de la littérature et de la culture (la littérature ici-maintenant, ses pratiques sociales dans l'époque - et comparatisme de ça)

Des questions à Mattelart :

  • "culture et communication" : comment pensée, en termes de disciplinarité, la nécessité de ce welding ?
  • "culture et communication ", et les cultures
  • "culture et communication" et littérature (en passant par FR Leavis ?) - langage - littératures et langues
  • voir MEI, revue de P8 ?

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Comment on est pensé

Société de masse
société de consommation, tiens
société médiatique
société post-industrielle
société de l'information
société postmoderne - ou ici on dira plutôt "age" ?

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Agenda #5 - médiation

J'oubliais : la médiation. Etudes de médiation.
Comment elle se place par rapport à la communication, l'information. Quel champ.
Y a-t-il autre chose que la "médiation culturelle" ? Ou médiation et culture ont-elles partie liée particulière ?

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Histoire de idées

Histoire des idées, histoire des mentalités, histoire intellectuelle, histoire conceptuelle, histoire de la critique, histoire des sciences et histoires internes des disciplines. Different tacks. D'autres auxquelles je ne pense pas. Quels enjeux chaque fois ? Des idéologies du savoir, des critiques du savoir. Des valeurs du savoir.

Question à tenir : où sont les idées ? Now. Quels acteurs, quels modes, quels canaux de diffusion, quels canaux d'action, quelles institutions, quels moyens financiers et politiques. ça change, vite. ça dit des choses, importantes, du présent politique. ça touche un quotidien politique et universitaire.

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Agenda #4 - management, et think tanks

Il faut aller repérer des points d'accès dans le discours du management. Business studies, marketing. Commencer par les rayons de Barnes & Noble's, les références de Salmon, la bibliothèque du collège ; et Theodor Levitt? Les revues aussi, bon point d'entrée. Levitt écrivait dans Harvard Business Review.

Mais aussi : justement, d'autres lieux de discours, que les canaux ordinaires de l'universitaire ; de l'intellectuel. Un autre public. Où comment ? Qui écrit ça, qui lit ça ? Comment ça se diffuse ? Les coaches, les séminaires, les motivationals etc. : un système de formation interne aux entreprises. Formation des cadres, formation d'une culture d'entreprise, acculturation interne (qui peut se vivre comme un centre, l'entreprise centre de gravité de la modernité), esprit d'entreprise ; processus d'organisation, et de transformation des hiérarchies. Le rapport de mécennat intellectuel des fondations et des entreprises de grande finance (Dexia, les invitations aux penseurs), les think tanks, le conseil, les branches symboliques de l'entreprise (communication, PR, DRH, attachés de presse).

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Communication et idéologie

C'est ce que je voulais commencer à sentir. Par où entrer dans cette intuition de la charge idéologique forte associée au thème de la communication, et l'hésitation et la curiosité que j'ai par rapport, par exemple - je m'en sers pour symptôme - à la création toute récente de l'UFR Culture et Communication de Paris 8. Transformation d'Infocom, en place depuis les années 1980.

A. & M. Mattelart (Histoire des théories de la communication) indiquent bien ce plan constamment présent, et la carrière de leur travaux (je cumule les deux) en fait une sorte de chronique, de titre à titre, de décennie en décennie :
1974 : Mass media, idéologies et mouvement révolutionnaire (Anthropos)
1976 : Multinationales et systèmes de communication ( " )
1979 : De l'usage des médias en temps de crise (A. Moreau)
1983 : La Culture contre la démocratie? L'audiovisuel à l'ère transnationale (avec X. Delcourt, La Découverte)
1992 : La Communication-monde. Histoire des idées et des stratégies (La Découverte)
1999 : Histoire de l'utopie planétaire. De la cité prophétique à la société globale ( " )
2002 : La Mondialisation des médias contre la censure (INA/De Boeck)
2003 : 2001 Bogues. Globalisme et pluralisme, 4. Communication, démocratie et globalisation. (avec G. Tremblay, PULaval)

Médias, mass media, audiovisuel - communication, culture, démocratie. Et globalisation.
Aussi : la technologisation du point de vue. Processus de neutralisation.
Communication : problème de société, d'interhumain, de culture, de collectif (public, foule, masse, global) - et problème du rapport de la technique, et de l'historicité que force l'innovation, au social.
Question de la modernité du social. Avec ses modes de domination (ou comme mode de domination), et de résistance. Une arène de tension, champ pour un rapport de forces, impressionnants. Problème du contrôle, de la régulation sociale.

L'histoire de la valence idéologique dans les discours et les professionnalisations de la communication en passe par la guerre froide (avec le Tiers-Monde), et par la critique des années 60.
Disons, pour commencer, trois positions repérables :
  1. la communication comme valeur libérale, puis néolibérale : le laisser-passer du commerce au 19ème (avec sa psychologie des foules, défensive ; et sa science sociale comme discipline), la logique fonctionnaliste de la Mass Communication et de l'innovation (modèle diffusionniste, théorie de l'information) associée à la politique du développement (rapports Nord-Sud et modèle de la domination), social engineering et "recherche administrative", ou "empirique", pour un contrôle social (dynamiques de la propagande et de la culture de masse comme produit démocratique - rapport de guerre froide), positivisme gestionnaire. La technique comme masque de la tension politique : donnée comme solution, neutralisant.
  2. utopies libertaires, et la bascule habituelle entre le libertaire et le (noé)libéral : le réseau, le globalisation, le cyborg et la postmodernité. Odd mixed bunch. Dont le bigaré n'est justement pas une anomalie : il est crucial, et éloquent.
  3. diverses échappées critiques : théorie critique, structuralisme, cultural studies anglaises, le "retour du quotidien" ou du sujet en interaction sociale, point de vue ethnométhodologique et de la réception,
Une position des Mattelart, critique : simplement montrer les pans critiques : les implications néolibérales, et les espaces de respiration et énergies de résistance, vie politique. Je cite de leur conclusion, organisée autour de la tension, historique, entre progrès et communication - càd traçant légèrement comme une ligne de succession entre un âge de la modernité positive (avec ses disciplines et ses impérialismes, ses guerres tranchées) et un présent marqué au sceau idélogique, apparemment doux décentralisé et déhiérarchisé (mais aussi dépolitisé, soit profondément idéologique), de la communication - on peut dire aussi, de la culture. Organisant aussi, par là, une histoire intellectuelle, histoire du savoir-pouvoir :

"Les sciences de l'homme et de la société se sont de la sorte rapprochées du 'sujet ordinaire'. / Mais dans ce trajet, certaines questions sur le rapport des intellectuels et de la société se sont estompées. La crise des utopies et des alternatives a atteint la notion de travail critique. [...] positivisme gestionnaire [.], nouvel utilitarisme, [.] stimule la recherche d'outils épistémologiques permettant de neutraliser les tensions à travers des solutions techniques. [...] montée en puissance des discours d'expertise [.], 'mise en métier' accrue des activités de communication [.] légitime des modèles
d'organisation [...]. [...] la société civile organisée [fait graduellement] entendre sa voix, et pren[d] conscience de l'importance de la question technique pour le devenir de la démocratie. [Forces de résistance, et "enjeu politique et intellectuel" :] concepts de droit à la communication, participation, société civile, service public, intérêt (public, diversité culturelle [...].
L'ère de ladite société de l'information est aussi celle de la production d'états mentaux. Il faut donc penser différemment la question de la liberté et de la démocratie. La liberté politique ne peut se résumer au droit d'exercser sa volonté. Elle réside aussi dans le droit de maîtriser le processus de formation de cette volonté." (104-105)

I'm not sure that I quite see the ultimate pertinence of this last state of thinking : quel sujet maîtrise un processus social culturel politique ? Alors c'est, en effet, une politique un mode politique qui cherche sa gravité : la résistance communicationnelle, soit l'appropriation (le mot est clé dans le livre) des modes et pratiques, oui.

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Communication, et diversité des langues - 2

Je continue à pointer les lieux d'incidence de l'étranger dans Mattelart (Histoire des théories de la communication) :
ce qui saute aux yeux, encore confirmé, c'est le pouvoir d'organisation qu'a la guerre froide dans l'histoire intellectuelle du 20ème, et ses répercussions encore déterminantes maintenant : parce que la question du Tiers-Monde, qui s'y est formée la simple pression géopolitique du (non-)alignement, a été poussée sur le devant de la scène comme condition du présent, sous les formes du multiculturalisme, du postcolonial, d'un contre-pouvoir insidieux ou imprévu et multiple (comme un refoulé qui retourne, tout frais, et capable de méconnaissances étonnantes et vives : révélateur d'erreurs d'analyse politique majeures ; on rit, avec inquiétude, de la simplicité de ça, et de ses élucidations rétrospectives et perspectives immédiates, soudaines) par rapport au bloc vainqueur, et du modèle américain de la démocratie, very much in question these days comme impérialisme, vivant à la crête d'implosions et d'érosions collapses massives : cette puissance, hyperpuissance, alors, oui.

Les Mattelart placent un chapitre "Economie politique" comme tournant dans le champ idéologique qui s'organisait jusque vers 1975 entre communication libérale et ses critiques d'inspiration marxistes (Ecole de Frankfort, structuralisme, Cultural studies anglaises). Pour cette période qui va vers les 1980s, et ses évolutions droitières dures (jusqu'au claim de la "fin des idéologies" : c'est qu'on est arrivé au bout du processus de droitisation), c'est la question du mondial qu'ils choisissent pour perspective. L'enjeu de la fin de la guerre froide : indissociablement l'empire du libéralisme et la mondialisation, comme un couple. Parce qu'aussi la culture devient un produit, ou le marché embrasse la culture, et donc les cultures.

Des moments, et des modes, de la question de l'étranger dans l'histoire de la communication, "froide" puis "mondialisée" :
  1. modèle du "développement" dans les conceptions des rapports, et dans les rapports, des sociétés technologiques éavancées" et des sociétés "traditionnelles" 63. L'impérialisme culturel, assis sur l'assurance de la technologie comme modernité sociale et culturelle, qui implique la commercialisation et l'industrie de la culture. L'insistance de Reagan pour la free flow of information 64 : un masque de modernité et de liberté sur une agression commerciale des marchés internationaux. Ici, l'Amérique latine produit des analyses et réactions intellectuelles et politiques vives. 65
  2. [ une critique du "complexe communicationnel-industriel" (cité 65) par des sciences sociales qui cherchent à entendre à nouveau le "quotidien" micropolitique de l'intersubjectif : y compris par le langage. L'analyse de la conversation, Sacks 75, le symbolique Blumer 76, le dramaturgique Erving Goffman 76. Habermas. En littérature : théories de la réception. Ecole de Constance, R. Escarpit. C'est bien le ton des 1980s, oui. Et le littéraire intervient - quand il faut détotaliser, dépositiviser., Certeau : "réseaux de l'anti-discipline". Retrouver pied dans le plan culturel du politique et du social. Mais dès qu'on a le littéraire sans l'étranger, la langue sans les langues - le vieux problème, et le levier ordinaire disponible. But boring...]
  3. après les 70s marquées par "l'étude des logiques de déterritorialisation", et des "macrosujets" (je ne suis pas sûre de bien les reconnaître? 94-95), 80s et 90s sur les reterritorialisations, réalités singulières, études anthropologiques : hybride, métissage, créolisation, modernité alternative. Lien entre les cultures populaires et la production culturelle industrielle. "La tension et les décalages entre la pluralité des cultures et les forces centrifuges du cosmopolitisme marchand révèlent la complexité des réactions à l'émergence d'un marché unique à l'échelle du monde" (95). Nouveaux réseaux sociaux(dont ambivalence : permet aussi "le repli identitaire et ethnique". Communautarismes.) , et débat sur la possibilité d'un espace public à l'échelle planétaire. Travaux de sciences sociales sur la problématique des mutations de l'espace public, national et international. Cf colloque 2001 : "2001 Bogues. Globalisme et pluralisme", et colloque panaméricain "Industries culturelles et dialogue des civilisations" à Montréal (96).
  4. postmodernité : (Baudrillard, Vattimo, Virilio...) les micro-récits. Quite another take on - surfing on - this pluralism : "Le monde de la communication explse sous la poussée d'une multiplicité de rationalités locales, ethniques, sexuelles, religieuses. [.] cette libération des diversités'. Dans la société médiatique, "s'installe un idéal d'émancipation basé plutôt sur l'oscillation, la pluralité et en définitive sur l'érosion du 'principe de réalité' lui-même" (Vattimo optimiste, cité 102).
  5. voir aussi : Bruno Latour et la traduction - comme mise en réseau d'éléments hétérogènes, construction socio-technique. Interpénétration des rapports des hommes avec la nature et les objets techniques. Pourquoi aller chercher cette métaphore, pour penser un mode, une histoire des modes, de la médiation? Le langage, modèle de la médiation. Pourtant bien peu mis à parti dans l'ensemble de ces sciences sociales de la communication.

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Wednesday, April 11, 2007

Les Etats-Unis, l'Amérique, et l'Ouest - par la littérature

Tiens, une question de (géo-)politique culturelle toute simple, dans le fait que la question du Literary Canon, qui a préoccupé le débat plus ou moins public aux Etats-Unis depuis les années 80, est celle du Western Canon. Rencontre-t-on la question d'un American Canon dans ce débat? Bien celle de American Literature, oui. Mais American Canon? Quelle différence se fait, là? Quel rapport à la nation, et de la nation à la culture? La littérature en particulier - comme un des lieux où la question de la culture semble peut-être créer un espace alternatif, protégé peut-être, par rapport au rouleau compresseur du thème multiculturaliste où les conservateurs de tous poils voient une politicization indue de l'univers académique, de l'éducation nationale, et de la vie culturelle. Quelle opération, exactement, de dépolitisation - par la littérature, et par la géographie culturelle imposée par là.

Et comment ça articule ou désarticule le lieu commun entre le littéraire, le savoir, et le politique. Encore une fois, classique, par la question de ce qui déborde le national.

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Monday, April 09, 2007

Communication, et diversité des langues

Immanquable, bien entendu, la simplicité avec laquelle la question du language comme celle, anthropologique, des langues, déplace les cubes et fait voir les lignes délicates qui rayent le champ de la Communication.
Dans leur Histoire des théories de la communication (1995, La Découverte 2004), Mattelart et Matterlart déploient un paysage qui les repère vite. Agenda : faire ce relevé, et commencer à calculer les effets, les produits en visibilité des problèmes.
  1. 1959, Edward T. Hall, dans The Silent Language : première critique de la "recherche administrative" de la sociologie américaine mode Paul F. Lazarsfeld, et mode Bureau of Applied Social Research (Columbia - en rapport étroit avec l'industrie des médias, radio d'abord, et toute la suite en publicité, electioneering, télévision, social engineering - en rapport pas si lointain aussi avec le Pentagone), par Palo Alto, et par la question du culture shock. Communication, et culture - et cultures.
  2. déjà l'Ecole de Chicago, sociologie des années 1930 (Mead), avant le désengagement des 40-50s, inventait une méthodologie pragmatiste (dont les life stories) sur des questions des immigrations américaines
  3. éclat horrifié entre Adorno, invité par Lazarsfeld (tous deux à Columbia), à collaborer au projet du Princeton Office of Radio Research (effets culturels des programmes musicaux à la radio), soutenu par la fondation Rockerfeller. Mattelart : "Lazarsfeld, à travers cette collaboration, espère 'développer une convergence entre la théorie européenne et l'empirisme américain' [mais il y a des empirismes américains]. Il attend de la 'recherche critique' qu'elle 'revitalise' la 'recherche administrative'. Cet espoir sera frustré", dès l'année suivante. On se marre.
  4. Mattelart voit la création du Centre d'étude des communications de masse créé en 1960 (Georges Friedman, avec Morin et Barthes) comme, de la part de GF, "remédier au retard pris par la recherche française dans un domaine largement dominé par l'analyse fonctionnelle américaine" (49). 50 : création à Milan, au même moment, de l'Institu A.-Gemelli, "en réaction également à la suprématie de la sociologie américaine des médias". A voir. Au CECMAS, Barthes developpe "une véritable science de la culture qui soit d'inspiration sémiologique" (cité p. 49), ceci entre Mythologies (rassemblées en 1957), et Le Système de la mode (1967).
  5. reste : communication et mondialisation. Matterlart y viendra dans les sections suivantes.

Des points simples donc : comment on pense (ou pas) la culture quand on théorise la communication ; et comment on pense (et on pratique) le pouvoir social quand on étudie la communication : comment se configure le savoir-pouvoir, la privatisation de la recherche, l'étatisation de la recherche, son instrumentalité pour du social engineering de toute sorte possible, Applied Research. Les nouveaux transmissions, décloisonnements, alliances risquées, chargées.

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Sunday, April 08, 2007

Theory et Bad Writing

Il faut donner bien sa place, dans l'histoire de la Theory, et avec ses répercussions sur ce qu'on peut continuer à explorer de la théorie en France, des années héroïques et de l'ordinaire théorique qui suit ou reflue, au thème américain de Bad Writing.
. Question de lecture. (Que je rencontre étonnamment vive, étonnamment épaisse comme problème - la poutre toute entière dans l'oeil, ou dans le gosier quand il s'agit de négocier un dialogue across cultural difference - dans l'enseignement ici, and beyond.)
. Question de traduction : l'anglais a un air tout gauche, et affecté - ce n'est pas trop dans ses habitudes -, c'est sûr, à faire le miroir des ciselures de discours de Barthes, de Derrida, de Lacan, leurs propres affectations incluses. Et l'effet se charge d'un contentieux culturel ancien entre l'Amérique et la France, une méfiance. La question du langage (et de la littérature - tiens, voilà : il y a des "âges" littéraires, tels, que d'autres ne le sont peut-être pas [Poe et le Brevities] ; il y a des cultures littéraires, telles que d'autres ne le sont paut-être pas [voir Tocqueville vol. 2, que je rechigne à entreprendre]) y est une veine sensible. Cumulativement.
. Question d'intertexte, de tressages de lectures, de citations et effets d'allusion, name-dropping, les noms magiques, aussi. C'est une pratique, bien enserrée dans son contexte de pratiques discursives (discours de l'éducation, discours des colleges - au-delà de ça?), autochtone : voir Cusset sur la survey et les readers, et même Said sur le naming, contre le "when the hard work begins" de la vie politique et culturelle une fois qu'on a nommé une nation ("The Politics of Knowledge".) Prendre les noms pour leur pouvoir. C'est encore une question de lecture.
. Question de l'isolation de l'université dans la société américaine. Son discours pouvant s'enrouler sur lui-même à loisir (argument de Bill Readings dans son diagnostic de l'asphyxie de l'université). Argument tout prêt pour les anti-théories. Ce statut reste encore un mystère pour moi, et je voudrais squeeze more out of Cusset ou Graff là-dessus : but can't.
. Question d'anti-théorie, tout à fait transculturelle, enfin. Les "philosophistes" de Ferry et Renaut, côté français, par exemple. "Jargon", le mot même est en commun. Mais c'est "Bad Writing" qui m'intéresse - quand on sait que "writing"/écriture est le mot-concept peut-être capital : du Barthes de Critique et vérité et onwards, de Derrida surtout. Le mot opératoire qui permet à la théorie littéraire, et aux redistributions entre concept et langage, par exemple entre philosophie et poème qu'invente la théorie littéraire des 60s-70s (Sollers l'arrête en 1980, dans la préface à la seconde édition de Théorie d'ensemble, je crois me rappeler), de devenir l'un des lieux actifs de la création épistémologique, et de la prise critique sur le contemporain, du temps. Un des lieux vifs des "conséquences innombrables" ouvertes par la linguistique saussurienne.

Note de Cusset sur Butler, French Theory p. 210 : "Elle a même remporté en 1998 le concours annuel du 'jargon académique' (Bad Writing Contest) organisé à titre parodique par la revue universitaire Philosophy and Literature".

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Thursday, April 05, 2007

Agenda #3 - communication

Je n'avais plus pensé à ce lien, cette histoire d'une question qui m'apparaît maintenant, pressante, et refait lentement sa généalogie sourde à rebours :
pour situer la communication ici-maintenant, son statut comme discipline et son pouvoir comme pratique sociale (pratique politicienne, pratique [post-]industrielle et commerciale), on peut aller voir ce que montre le rapport à Communications, crée par Barthes, Edgar Morin et Georges Friedmann (1962?), comme organe du CECMAS : Centre d'études sur les communications de masse, installé à l'EPHE. Voir son argumentaire, ses contributeurs, son histoire et l'histoire de ses positionnements - son travail de situation, de contextualisation, puisque nouvelle voix nouveau point de vue il y a. Ses rapports avec le structuralisme, les processus de redistribution des disciplines, et de refonte du rapport entre science/pensée et société.

Intéressant : Daniel Bell est contributeur du n°2 (1963, en première page). Il s'agit de :
"L'une des expressions-repères favorites de notre temps est celle de société de masse, qui s'emploie aussi bien pour exprimer l'aspect passif de l'existence que sa mécanisation, ou que la disparition de critères de jugement. Ces différents emplois du mot reflètent des philosophies réactionnaires ou progressistes, car l'expression, apparemment purement descriptive, est en réalité lourde de toute une série de jugements portés sur la société moderne."

A mettre en contexte, avec Mattelart (Histoire de la société de l'information, 49), avec l'histoire de la démocratie (Tocqueville et la menace de l'uniformisation), des crises de la "haute culture européenne" (Mattelart ici est passé par les Cultural Studies; ce concept est peu français à mon oreille), pointées diversement par l'Ecole de Francfort (standardisation, et démoralisation, de "l'industrie culturelle"), ou David Riesman ("the lonely crowd"). Avec un appui sur Marx et Weber, écrit Mattelart, et les théories de l'aliénation,
"le thème de la massification dessine la ligne de partage entre les intellectuels critiques et les intellectuels intégrés [la guerre d'Irak est passé là, aussi, avec les journalistes "embedded" plutôt qu' "engagés", à la Hemingway en Espagne ? seulement à mon oreille pour ce qui est des faits, première édition en 2001. Si ce n'est pas elle, c'est donc son frère, infiltré déjà. En question : les transformations de l'intellectuel]. Entre ceux qui dénient à la société de masse et à la culture de masse un potentiel émancipateur et ceux qui, effaçant toute interrogation sur l'inscription de ladite culture de masse dans les dispositifs de la régulation sociale, croient en leurs vertus démocratiques, en leur capacité à favoriser une plus grande participation des grandes majorités et à diminuer la distance entre le centre et la périphérie de la société moderne."

Dans la carrière de Communications, on pourrait peut-être lire l'histoire d'une pensée du rapport entre langage et société, avec les implications politiques de ses reconfigurations du savoir et de la critique, et en particulier ses implications précises sur les conceptions et les pratiques du travail (de l') intellectuel. La trajectoire de Bell, des New York Intellectuals et la Socialist League à The End of Ideology (1960) puis les neo-cons est toute une aventure, aux enjeux spectaculaires.
Et puis : Barthes ?? Par lui seul on peut mettre beaucoup à jour. C'est sans doute déjà fait, par Dosse par exemple. Il faudrait aller revoir.

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Wednesday, April 04, 2007

Agenda #2 - marketing

Comment le marketing fait (et effectue) une théorie de la société. Qui parlait de la fragmentation actuelle du public par les affinity groups, target groups? Bill Readings peut-être?
Comment la communication, la "recherche en management" (Salmon), les think tanks, pensent, et performent, la société - y compris dans ses nouvelles dimensions propres, mondialisation incluse.
Comment ces pratiques, qui turbinent au coeur du système hypercapitaliste, au près du pouvoir maximal des sociétés contemporaines, sociétés de l'information, sont des pratiques du savoir sans être des disciplines. Et attirent vers elles les moyens du savoir, en asphyxiant d'autres. De là aussi que le statut "des intellectuels" (et des universités) n'est plus reconnaissable. The whole fine range, depuis les intellectuels de pouvoir, les experts, jusqu'à...
Où ces lieux (y compris les invitations que font les fondations, les banques, les gigantesques entreprises qui brassent le pouvoir, vers la "culture", mécénat, cultivation de l'éclairé - je pense à la banque où Claire L. travaillait aux cycles de conférences et nourritures épistémiques et conceptuelles) ; qui ces acteurs, où leurs produits, où leurs effets, lesquels. Où : partout, dans l'air, bien entendu. L'"époque" [qui dit "époque"? il me semble que c'est très marqué, quand on l'emploie, par exemple dans les médias d'analyse].

Acteurs du même tonneau (produisant ou diffusant de la communication de masse) : "agences de publicité, sociétés d'études de marché et de mesure de l'audience, organismes de régulation et d'arbitrage" (Mattelarts, Histoire des théories de la communication, 34).

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Agenda #1 - Adam Smith

Voir comment Adam Smith est à la fois Scottish Enlightenment (avec David Hume, Hutcheson, etc.), initiateur des études universitaires de rhétorique et belles-lettres (en français dans le texte), et le théoricien du libéralisme économique. Comment il tient ensemble l'ensemble, et en passant par Paris. (Peut-être pas exclusivement).
Comment sa postérité défait cet ensemble, aussi.

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Situations créoles : l'invention de la nation, peuple, république

Imagined Communities. Benedict Anderson, 1983, revised and extended edition 1991, Verso.
La proposition importe, et elle dégage, elle fait de la place : le chapitre « Creole Pioneers » donne à revoir depuis la perspective des colonies l’ensemble de l’histoire des nationalismes et largement le passage de la société européenne féodale à l’état-nation en passant par l’état absolutiste centralisé - les Lumières et le libéralisme, 1760-1830, plus précisément 1776-1838, étant la période qu’il indique ; le capitalisme et en particulier le print-capitalism, soit celui d’une capitalisation vernaculaire et vulgarisatrice des idées (populaire ? à voir). Hypothèse : c’est dans les Amériques que la nation-ness monte, en réaction contre les pressions absolutistes, monopolistes, (impôts et taxes, monopoles commerciaux) des métropoles impériales. Par quoi se dire Américain, ou Péruvien – puisque seul le Nord a eu les moyens, en print-capitalism en particulier, et par proximité géographique, commerciale et communautaire, de s’approprier le statut de créole du continent – le Sud devant se contenter de fragments du continent, l’Argentine divisé du Pérou, etc.
Les situations créoles Américaines : « a historically unique political problem » (58). Républiques, et non populaires / populistes.
Critique des anciens régimes et des régimes impériaux, et inauguration des premières républiques.
La modernité – la sortie de la communauté religieuse et dynastique/féodale, et relativisation + territorialisation + temps vide de la modernité simultanée – par l’indépendance acquise des colonies. Par le processus d’étrangérisation inhérent au colonialisme.
La nation comme identité collective, mais aussi simplement la république.
La nation, encore une fois confirmée comme produit du capitalisme colonialiste. (Encore une fois Weber alors ?)
Comment ça s’imbrique avec l’histoire des révoltes indigènes ; comment ça en profite, des deux côtés selon opportunités. Avec, aussi, l’histoire du racisme : de la miscegenation du dynastisme ou de la communauté religieuse (des convertis également), aux identités. L’histoire des vernaculaires et des langues d’état centralisées.

Le livre part depuis un problème du marxisme : que l’internationalisme n’a pas pu régler la question des guerres nationalistes (Vietnam, Cambodge, Chine de la fin des années 1970).
Il travaille, aussi, avec des moyens du liberalism : imagined, imagination, communities. « In an anthropological spirit » (5) qui s’aligne avec des modes comme ceux de Tocqueville, de Herder, pour une culture du politique – le nationalisme vu moins comme une idéologie que comme une « vie des peuples » (Saussure) : « It would, I think, make things easier if one treated it as if it belonged with ‘kinship’ and ‘religion,’ rather than with ‘liberalism’ or ‘fascism’ » (5). Problèmes de « profound emotional legitimacy » (4), affective, imaginative response, « forms of imagining » (24), « emotional plausib[ility] » (51), attachment, « ourness » (this, these, we… un performatif du national, avec journaux et romans comme producteurs d’une communauté de lectorat). Critère : sacrifices personnels consentis (mourir pour).
Il oppose un « selfconscious » rationaliste qui pense le peuple sur un modèle des Lumières, et un « unselfconscious » national ? [note importante sur 1776 l’Indépendance américaine se réclame de « the people », tandis que la Constitution de 1789, « ‘nation’ makes its debut ». 65]

L'important, c'est donc cette ancestry des nations européennes ("models") : la nation par indépendance postcoloniale, mais aussi sans le peuple. Avec les indigènes éventuellement mais avec le racisme. De préférence, en toute méfiance des indigènes, des esclaves, des populations dominées de toutes sortes, sujettes à révoltes politiques. La nation, et la république, comme une sorte de résistance au politique.
Non, je n'arrive pas bien à mettre le doigt dessus. Ce n'est pas ça. En tout cas quelque chose qui doit détacher l'image des diverses révolutions et républiques américaines de leur association populiste, ou démocratique égalitaire.
D'abord l'état, puis la nation, (le peuple variant chaque fois, depuis le "bon peuple" des dynasts jusqu'à...), et la république, mais toujours pas la démocratie. Toujours la démocratie avec ses replis retraits, arrières. Les masses, la mob, etc. Il faut attendre le mouvement ouvrier ?

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