Thursday, April 05, 2007

Agenda #3 - communication

Je n'avais plus pensé à ce lien, cette histoire d'une question qui m'apparaît maintenant, pressante, et refait lentement sa généalogie sourde à rebours :
pour situer la communication ici-maintenant, son statut comme discipline et son pouvoir comme pratique sociale (pratique politicienne, pratique [post-]industrielle et commerciale), on peut aller voir ce que montre le rapport à Communications, crée par Barthes, Edgar Morin et Georges Friedmann (1962?), comme organe du CECMAS : Centre d'études sur les communications de masse, installé à l'EPHE. Voir son argumentaire, ses contributeurs, son histoire et l'histoire de ses positionnements - son travail de situation, de contextualisation, puisque nouvelle voix nouveau point de vue il y a. Ses rapports avec le structuralisme, les processus de redistribution des disciplines, et de refonte du rapport entre science/pensée et société.

Intéressant : Daniel Bell est contributeur du n°2 (1963, en première page). Il s'agit de :
"L'une des expressions-repères favorites de notre temps est celle de société de masse, qui s'emploie aussi bien pour exprimer l'aspect passif de l'existence que sa mécanisation, ou que la disparition de critères de jugement. Ces différents emplois du mot reflètent des philosophies réactionnaires ou progressistes, car l'expression, apparemment purement descriptive, est en réalité lourde de toute une série de jugements portés sur la société moderne."

A mettre en contexte, avec Mattelart (Histoire de la société de l'information, 49), avec l'histoire de la démocratie (Tocqueville et la menace de l'uniformisation), des crises de la "haute culture européenne" (Mattelart ici est passé par les Cultural Studies; ce concept est peu français à mon oreille), pointées diversement par l'Ecole de Francfort (standardisation, et démoralisation, de "l'industrie culturelle"), ou David Riesman ("the lonely crowd"). Avec un appui sur Marx et Weber, écrit Mattelart, et les théories de l'aliénation,
"le thème de la massification dessine la ligne de partage entre les intellectuels critiques et les intellectuels intégrés [la guerre d'Irak est passé là, aussi, avec les journalistes "embedded" plutôt qu' "engagés", à la Hemingway en Espagne ? seulement à mon oreille pour ce qui est des faits, première édition en 2001. Si ce n'est pas elle, c'est donc son frère, infiltré déjà. En question : les transformations de l'intellectuel]. Entre ceux qui dénient à la société de masse et à la culture de masse un potentiel émancipateur et ceux qui, effaçant toute interrogation sur l'inscription de ladite culture de masse dans les dispositifs de la régulation sociale, croient en leurs vertus démocratiques, en leur capacité à favoriser une plus grande participation des grandes majorités et à diminuer la distance entre le centre et la périphérie de la société moderne."

Dans la carrière de Communications, on pourrait peut-être lire l'histoire d'une pensée du rapport entre langage et société, avec les implications politiques de ses reconfigurations du savoir et de la critique, et en particulier ses implications précises sur les conceptions et les pratiques du travail (de l') intellectuel. La trajectoire de Bell, des New York Intellectuals et la Socialist League à The End of Ideology (1960) puis les neo-cons est toute une aventure, aux enjeux spectaculaires.
Et puis : Barthes ?? Par lui seul on peut mettre beaucoup à jour. C'est sans doute déjà fait, par Dosse par exemple. Il faudrait aller revoir.

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