Tuesday, April 24, 2007

La Sorbonne clés en mains - mondialisation de l'université

Note à partir des informations données par Thierry Leclère dans Télérama; 18 avril 2007 :

Jean-Robert Pitte vend la marque "Sorbonne" aux Emirats arabes unis, avec une implantation à Abu Dhabi. Les frais d'inscriptions sont de 12.000 euros. Pitte parle de "rayonnement", de "missionnaires"..., d' "échange civilisationnel". Placé au CA de l'établissement par le Palais, le général Omar al-Bitar : on prépare l'après-pétrole, "nous misons très fort sur la culture et l'éducation" ; "La Sorbonne, avec son nom prestigieux et tous ces siècles derrière elle, va nous aider à former des cadres qui auront une vision" [la surprise prévisible devrait être de l'ordre de ce qui a pu se passer quand l'acheteur américain de la légende a vu débarquer London Bridge de l'autre côté de l'océan -].
Plus loin : "Pourquoi voulez-vous qu'on diminue les frais d'inscription? L'éducation est devenue un business. Et un investissement pour les étudiants [entrepreneurs de leur devenir]. S'ils ne veulent pas payer, qu'ils aillent dans le public. Mais si vous voulez l'excellence et un nom comme la Sorbonne, il est normal de payer!" - à noter, l'enseignante "missionnaire" qui est donnée en vignette dans le reportage vient faire un cours d'information et communication.
Pitte : oui il rêve de réimporter ce modèle [c'est une exploitation coloniale, reconnaissable à travers ses tours globalisés] en métropole : "Parfaitement. C'est un laboratoire dont on devrait s'inspirer pour la France! [...] Augmenter les droits d'inscription et choisir nos étudiants est le meilleur moyen d'empêcher l'université de mourir... Vous préférez la sélection par l'échec en accueillant tout le monde? Actuellement, dans les 1ères et 2èmes années surchargées, nous en sommes réduits, en France, à faire du gardiennage et de la discipline."
By the way, qui dit que les deux années d'ex-DEUG passées à la fac sans l'obtention d'un diplôme équivalent à un degré de formation zéro? (Et à quand la diffusion d'une réelle information? On veut bien d'une culture de l'information, et des quantifications, et des indicateurs, yes please.)
Pitte : sur la mondialisation de l'enseignement : "Cela ne me choque pas de parler en ces termes, car les choses culturelles et éducatives, elles aussi, ont un coût." Certes (et la puissance publique un bugdet, les citoyens des impôts).

Autres notes :
Knowledge workers : l'expression est complètement entrée dans l'usage, et s'emploie sans étonnement dans la presse et le discours public américains. Un secteur d'activité. Une colonne comptable, maintenant, acclimatée. Au même titre que service workers.

A voir : la configuration que trace le volume collectif de 2006 : Advancing Knowledge and the Knowledge Economy (Brian Kahin & Dominique Foray eds.), MITP. Questions : mensurations (économiques et sociales) du savoir, les communautés par le savoir [question : comment se distribue entre l'anglais et le français, par ex., les distinctions entre savoir, savoirs, et connaissance/s ; entre éducation et enseignement], l'évolution des institutions du savoir, géoéconomie du savoir, l'innovation comme expérience politique, contrôle et policy, cyber-infrastructure.

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