Friday, March 30, 2007

Art et peuple : république / démocratie(s)

Art et démocratie, Peuples de l’art, PUF 2003, Joëlle Zask.
J’aime son ton, et la liberté de son ton et de sa méthode. La place de manœuvre qu’elle se donne, pour travailler, simplement. Et le « regard », en effet, qui se construit au fil des problèmes, y compris sur un ici-et-maintenant social politique et culturel.

Bon, méthode « analogique » – et sans doute là un problème, à suivre en tout cas. (Dont la métaphore, filée, de la naissance et de l’accouchement, « organique », même avec les précautions.) L’art comme analogue du politique, du démocratique en particulier ; et donc fonctionnant comme critique de modes politiques déterminés, historiques, et plusieurs : critique du républicain (à propos de l’enseignement et de l’enseignement de l’art), critique du pluralisme et du communautarisme, critique de la philosophie politique des Lumières, Rousseau et toute la théorie de la différence comme inégalité – d’autres critiques sont annoncées plus loin.

Une pragmatique du politique – comme de l’art. Bon. A dérouler. Etudier les situations de l'art pour nourrir une philosophie politique (le volume est publié dans la collection "Intervention philosophique", Yves Charles Zarka). L'art comme modèle. Ce n'est pas la même chose que la question du rapport de l'art au politique. Autre question ; pas forcément déniée.

Et : un irénisme ? L’art, comme la démocratie vivante, comme vitalisation de l’individu s’individuant, dans par le commun. Un irénisme communicationnel, ou ici interactionnel. Zask dit : du commun, du partagé, de la participation (– mais aussi : « Ce tableau est sans doute idyllique », 91. Ce n’est pas à prendre comme un problème de sa méthode : elle travaille comme ça, s’inspire d’une enquête, et construit ses schémas d’intelligibilité du politique, au ras d’une pensée et au fil des rencontres, objets et moyens du travail. Elle teste, propose. Et en effet il y a à tester ; en effet ça déplace, doucement, bouscule, des modes de pensée politique, traditionnels philosophiques as well as contemporains reconnaissables d’un état culturel. C’est ça qu’il y a à recueillir de sa lecture.)
Quelle place pour le conflit, et le critique ? Elle parle du minoritaire dans le multiculturalisme : ce récit même, au plus littéralement politique, est un peu joli peut-être. Les calculs se font, se déroulent, ensuite, dans la pratique sociale et ses entremêlements complexes, et agonistiques.

Refreshing. Une pensée pragmatique du politique (elle dit : de la politique), Dewey, Peirce. Qui parle de ressources, vie, forces, précieux, humanisation, – puis ça tourne court dès qu’on passe à partage, participatif, commun, communauté, rencontre, faire la place à l’autre, autrui.

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Wednesday, March 28, 2007

Situations

Pour Sartre, la situation est phénoménologique.
Des 10 (?) volumes des Situations, de "Situation de l'écrivain en 1947", du volume II, soit dans "Qu'est-ce que la littérature?"), on peut dessiner un mode sartrien pour penser l'actualité avec le littéraire. Dans l'article sur 1947, il s'agit des 3 générations d'écrivains (le terme, "écrivains", lui-même importe dans cette configuration) actifs à la date, et leurs statuts et stratégies dans la société de leur temps ; il s'agit des questions du roman à thèse et d' "une littérature de la Praxis [qui] prend naissance à l'époque du public introuvable : voilà la donnée ; à chacun son issue. Son issue, c'est-à-dire son style, sa technique, ses sujets. Si l'écrivain est pénétré, comme je suis, de l'urgence de ces problèmes [quand d'autres choisiront des biais où la solution est à tenir "pour la plus abjecte saloperie et la justification de toutes les mauvaises fois", 213], on peut être sûr, qu'il y proposera des solutions dans l'unité créatrice de son oeuvre, c'est-à-dire dans l'indistinction d'un mouvement de libre création" (316).
La contrainte d'être embarqué, d'être toujours déjà, situé. Dans le "monde". Ici la situation est un "donné". Et en regard, l'effort, le poumon artificiel, de la "liberté". A arracher, c'est sûr. A l'arraché. Et l'art (le style) pour l'arraché.
N'empêche.

Chez Meschonnic, "situer" est une pratique critique première, ou radicale - au sens de Saussure. Et elle est discursive. Un moyen de tout travail - le travail même de la poétique. Comme activité critique. Par l'idée, Benveniste, qu'on naît dans le langage.
Je n'ai plus en tête comment se fait, sur une échelle de l'implicite à l'explicite, le rapport à Benveniste, concernant la pratique du situer. Mais certainement il s'agit de la situation d'énonciation - qui me le rappelait récemment? Instance. Le tranquille de ce temps, tout croisé d'enjeux et d'urgence certainement, mais c'est comme ça. C'est là : le présent du politique. On y est. L'incidence du travail intellectuel et universitaire et du speech act politique ordinaire.

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Poétique et critique

Tiens, j'avais oublié ça.
AB rappelait dans son compte rendu sur le volume L'Analyse du discours dans les études littéraires (Ruth Amossy & Dominique Maingueneau, PUR, 2003), que : "une théorie du langage comme une philosophie n'a lieu d'être qu'à travers ce que Wittgenstein appelait une 'critique du langage' (Tractatus logico-philosophicus, 4.0031)."
Barthes, dans Critique et vérité (1966 - relu en anglais pour les besoins d'un séminaire ici - traduction de Katrine Pilcher Keuneman, London, Athlone 1987), en s'appuyant sur Mallarmé : "A writer is someone for whom language constitutes a problem" (64), et :

Since it is abstracted from any situation, the work by that very fact offers itself for exploration: it becomes, to the person who writes or reads it, a question which is put to language, the foundations of which are being reached. The work thus makes itself the repository of a vast unceasing investigation into words. It is always claimed that the symbol is only a property of imagination. The symbol also has a critical function, and the object of its criticism is language itself. To the Critiques of Reason which philosophy has given us we can add today a Critique of Language which is literature itself." (72)
Ce qui n'enlève pas les problèmes de Critique et vérité, et des propositions pour une "science de la littérature". Penser le littéraire par l'écrit, et par le linguistique contre le philologique. [pour la linguisticité du texte, de Man récupèrera au contraire la tradition du philologique]. On n'a toujours pas une poétique, de la littérature ou des oeuvres. Pas de poétique structuraliste (voir Culler).

Barthes désigne aussi le moment, structuraliste, de la "crise du commentaire" comme passage à "la problématique du langage". C'est dans la Leçon?

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Tuesday, March 27, 2007

Intellectuels - situations

Quelques repères et quelques situations.
Les intellectuels comme praticiens d'une "vie de l'esprit", idées et livres ; les intellectuels comme classe/s professionnelle/s (analyses marxistes) ; les intellectuels comme détenteurs d'une autorité culturelle, utilisées pour intervenir en public, dans le débat public.
"Hommes de lettres" : une figure ancêtre. Literati, alors (maintenant term of abuse) - et citoyens de la République des Lettres, développée au 17ème dans la France des salons (et des femmes). Au singulier en anglais on dit litterateur.
Il faut aussi placer dans l'histoire la professionnalisation du journaliste (Defoe), après l'apparition des critiques de "l'espace public", des coffee houses de Londres et des gazettiers (Dr. Johnson, Addison etc.)
Coleridge parle déjà de clerisy, classe plutôt qu'individu, et équivalent séculier du clergé anglican - ayant en mission la défense de la culture (nationale).
Au même moment, début 19ème, intelligentsia. Statut de classe des travailleurs du cerveau, et autres white-collar. Alistair McGrath, The Twilight of Atheism (2004) : "the emergence of a socially alienated, theologically literate, antiestablishment lay intelligentsia is one of the more significant phenomena of the social history of Germany in the 1830s".
Ligne de tension, diversement déclinée selon temps et lieux, entre l'intellectuel et de l'academic. L'université a pu être le centre de gravité de l'intellectualisme dans une société, ou tout à fait marginale.
L'affaire Dreyfus : émergence de l'intellectuel dans la vie publique. Zola, Octave Mirbeau, Anatole France. Apparemment c'est Clémenceau qui utilise le nom de premier. On aime penser ça en tout cas.
Il faut aussi situer Benda, alors, et les clercs.

Fonctions des intellectuels : créateurs et critiques de l'idéologie. Soutiennent les vérités et les valeurs du pouvoir en place (son bras intellectuel), ou (et-ou, et toutes les variantes de ça, naturellement) sont dissenters. On cite Chomsky comme exemple actuel.
Problème délinéé : le rapport de l'intellectuel à la propagande, l'endoctrinement, et l'aveuglement acritique - et leurs critiques.
Une ligne de conflit classique : l'intellectualisme dans sa tradition rationnaliste, et les tenants, divers, de l'émotif, de l'instinct, et du primitif.
Quand les journaux parlent d'intellectuels, l'association générale (aux Etats-Unis) est avec les universitaires, ceux des Humanities en particulier, philosophes souvent, qui s'expriment sur les questions sociales et politiques. Communicators.

Les lettrés chinois, une tout autre histoire. Instrumentalisation millénaire par le pouvoir des "scholar-bureaucrats".

Bon, Sartre, Gramsci, Foucault.
Après (, avant, pendant,) il y a "l'intellectuel libéral occidental", désigné par Daniel Bell, figure organisatrice du Congrès pour la liberté de la culture (dont conférence de 1955 à Milan : "Le futur de la liberté", avec entre autres participants des socialistes anglais, Arthur Schlesinger Jr, Friedrich A. von Hayek, et Raymond Aron...). On en est alors à la guerre des cultures, et à la Cold War Culture.
L'intellectuel libéral est appelé à remplacer la figure marxiste de l'intellectuel, et représente l'un des personnages conceptuels des discours sur la fin des idéologies : "fin de l'âge de l'idéologie, fin du politique, fin des classes et de leurs luttes, mais aussi fin des intellectuels contestataires et fin de l'engagement", écrit Mattelart dans son Histoire de la société de l'information (La Découverte, 2001-2006, p. 48). Pour entrer dans la révolution de la société managériale, postindustrielle et technocratique : "société de l'information", "knowledge society". Celle des experts. En étant passé par la case de la dissidence (voir le travail d'AB sur Marcel Gauchet).
Nous voilà propres.

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Culture littéraire - ou pas ; plus ; autrement

A l'invitation de GD, je lis les Brevities de Poe - elles donnent une mesure, étonnante, d'une histoire de la littérature. Un âge des literati. Et de combien on a passé hors d'un temps littéraire.
Entre 1835 et 1850, Poe publie, en groupes de diverses dimensions et grappes changeantes selon caprice et opportunité, dans des périodiques et selon divers modes d'importance éditoriale, ses Pinakidia ("or Tablets"), Marginalia, Supplementary Pinakidia, Literary Small Talk, A Chapter of Suggestions, Fifty Suggestions, Supplementary Marginalia.
Woolf aimait aussi cette littérature de l'essai et de la fantaisie, cette littérature de "the Obscure", cursive et eccentric - c'est en quoi elle est littéraire, formée entièrement à la littérature anglaise, essentiellement lectrice et lettrée (ce qui n'est pas scholarly, justement, par non-passage positif à l'université. Il y a la question des femmes et de l'éducation ici, centralement : une question de statut social des femmes et de fonction politique de la littérature vernaculaire, contre les lettres classiques de la socialisation patriarcale). En quoi elle est plus encore 18ème et early 19ème que victorienne par son père historien de la littérature anglaise. Mais c'est en quoi aussi elle débouche sur le moderne. Et prend dans le moderne toute une généalogie de la littérature, en passant par Montaigne.

La culture, le milieu culturel que font remonter les Brevities : une société où l'allusion littéraire est la monnaie courante ; où on peut s'intéresser aux tidbits et autres gossip comme discours de reconnaissance et de vie sociale, culturelle. Où cette agitation des lettres est assez courante pour fournir un lectorat ordinaire aux journaux divers et nombreux et plus et moins importants - l'ordinaire, le mineur (GD) de ça étant la mesure de la currency. Périodiques où des informations et anecdotes d'histoire littéraire [anecdote : unpublished, not given out - informel, non officiel ; là où Woolf trouvait son délice de la "modern biography", avec Montaigne déjà, et contre les classiques marmoréens et publics] peuvent servir de "fillers" : assez de valeur de distraction pour remplir plaisamment des coins de mise en page.

Un point intéressant, qui semble une dimension nécessaire de ça : le problème du plagiat, dans les termes belletristic de la copia et de l'invention (si on se met dans les termes d'une éducation classique, qui semble être audible comme sous-texte, en particulier évident dans la densité de citations de lettre latines et grecques), de la compilation : common-place books. Entre les langues : latin, grec, français beaucoup aussi.

Je recueille les grappes de mots qui forment le ton de ce milieu discursif (de Poe, et de son éditeur de 1985, Burton R. Pollin, NY, Gordian Press) :
  • du titre les Pinakidia, Poe dit qu'il y entend un grec pour anthology (et associe au précédent de Dionysius of Halicarnassus) - compendia of "general literature"), compendia, sources, erudition, scraps of learning "at second hand" (Poe). "audacious pilferers" (et chaînes d'emprunteurs, passant entre les langues et les siècles - dont Isaac D'israeli's Curiosities of Literature, 1791-1823, anecdotes sur des personnages historiques, "unusual books and habits of book-collectors", suffisamment established pour que son fils Benjamin devienne premier ministre de Victoria - auteur également d'un An Essay on the Manners and Genius of the Literary Character, 1795, Woolf encore - Bielfield's Universal Erudition, Bryant's Mythology, and Montgomery's Lectures on Literature.) Aussi : La Rochefoucauld, Colton, Burdon, Landor). Il s'agit aussi d'un jeu de culture donc, trivia and the day's trivial pursuit ; jeu de code jeu de piste : donner des clues au lecteur pour retrouver les sources, etc. Autre well-tapped source : Father Dominique Bouhours, La Manière de bien Penser, que Poe cite sous le nom de Guez de Balzac. "Erudite 'teasers'", dit Pollin. Poe se plaint lui-même, plaisamment, de "the class of willful plagiarists... who plunder recondite, neglected, or forgotten books" (Marginalia 198). Woolf parle de antiquarians il me semble. Poe de Memorabilia Literaria.
  • tirés de : notebooks, common-place book of memoranda,
  • cullings, tidbits, items, scraps (ici on tout près de Woolf). Curiosities (il y en a dans Dickens, encore un fantaisiste). Notes, tales and sketches. Publiés par exemple dans des gift books pour la saison de Noël.
  • premières phrases de l'introduction des Pinakidia (p. 1 dans l'édition de Pollin) : "Under the head of 'Random Thoughts,' 'Odds and Ends,' 'Stray Leaves,' 'Scraps,' 'Brevities,' and a variety of similar titles, we occasionally meet, in periodicals and elsewhere, with papers of rich interest and value - the result, in some cases, of much thought and more research, expended, however, at a manifest disadvantage, if we regard merely the estimate which the public are willing to set upon such articles. [...] for the most part, these 'Brevities,' &c. are either piecemeal cullings at second hand, from a variety of sources hidden or supposed to be gidden, or more audacious pilferings from those vast storehouses of brief facts, memoranda, and opinions in general literature, which are so abundant in all the principal libraries of Germany and France. [...] impudent and silly [...] stolen wares, theft." Autre volumes sources qu'il mentionne : Bibliothèque des Memorabilia Literaria, Recueil des Bonnes Pensées, Lettres Edifiantes et Curieuses, Literary Mémoires, Mélanges Littéraires, Pièces Intéressantes et Peu Connues, Curiosities of Literature, Literary Character, Calamities of Authors (ces 3, de D'Israeli).
  • il faut y mettre aussi donc : mélanges, miscellany, et satire Ménippée.
  • et une dimension trans-langues et trans-cultures, qui fait une République des lettres. Tout un âge, là encore. "General literature", dit Poe.
  • factitious erudition, irony, banter ; "impudent and silly" - to pique curiosity. Le jeu de mot sur "original" dans l'introduction aux Pinakidia : d'origine, et contre-canonique ("fresh, unusual and not copied" dit Pollin, distinct de "primary or earliest"). Jeu. Une socialité donc, par les lettres. Et par les livres, même.
  • écriture : "the relaxed ease of the short discursive essay," écrit Pollin, "so different from the neat and predetermined construction that he had always demanded for the tale and the poem". Sure : composition.

Quelque chose à voir avec le privé-public (anecdotes, unpublished, "obscure"). La littérature en fragments et en mineur comme distraction, et comme socialité. La littérature comme manière, aussi, et question du character. Où Woolf tire la ressource du sujet moderne. Mais la littérature n'est déjà plus le sol. La question du modernisme est l'art. Il s'agit d'autre chose. Et Woolf passe au roman.

Savoir bien sûr aussi la fortune des Brevities avec Baudelaire (les fusées) et Valéry (le journal - Valéry traduit Quelques fragments des marginalia, 1927). Julio Cortazar les traduit en Argentine en 1956.

Quelque chose à voir avec les Caractères, les Moralistes et leur poétique du fragment (qu'on dit - mais il s'agit du bref, bien sûr - dans son lien avec éthique poétique) et de la note, La Rochefoucauld, Joubert, (avec Renard, et le Journal des Goncourt, on est passé à autre chose déjà, je crois). Les Maximes, et les Minimes (Adorno).

La petite littérature.

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Saturday, March 24, 2007

La "literary pursuit" du national

A noter, comme configuration de l'épique : instance d'une poétique du peuple - ici poétique de la colonisation :
Stephen E. Ambrose préface l'édition des Journals of Lewis and Clarke [1803-1806] par Bernard DeVoto par ces termes : "These journals are a national literary treasure. Lewis and Clark's exploration of the western two thirds of the continent was our epic voyage, their account of it is our epic poem." (Plus loin : "You see the country through their eyes. It unfolds before you [...] with a vividness enhanced by the knowledge that you're seeing with the eyes of the first literate men to view these sights". A little close to the bone there, I'd say). 1996.
En 1953, DeVoto écrit : "The journals are an American classic". Mais surtout donne une histoire de la première exploration de colonisation vers le Far West, commandée par Jefferson, dans le contexte national d'une jeune république soucieuse de consolider une unité que les pionniers effilochent sur ses bords ouest, et dans le contexte international d'une situation entre l'enclume de l'Angleterre hyperpuissance politique et (post)coloniale et le marteau de la France hyperpuissance militaire de Napoléon, qui se voit rétrocéder la Louisiane (soit tout le Sud et tout l'Ouest non Espagnol/Mexicain du continent) par l'Espagne juste dans ces premières années de Birth of a Nation. Dans la lettre secrète adressée au Congrès le 18 janvier 1803, demandant les fonds pour l'expédition qui remontera la Missouri River jusqu'à frayer le fantasmé Passage du Nord-Ouest overland : "He suggested that it be made 'for the purpose of extending the external commerce of the United States,' phraseology which was so general that as the title of a bill it would attract no attention. He would, however, explain the expedition to Spain as 'a literary pursuit,' that is, as solely an effort to add to geographical and scientific knowledge".

Le littéraire ici est encore celui du savoir lettré. Mais il est déjà celui d'un performatif du national; de l'état-nation-science. Et de la grande machine mythologique américaine. Prenant une place particulière dans l'histoire des empires, explorations et colonisations du grand 19ème occidental.

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Friday, March 23, 2007

Conditions du sens - une histoire

Il faut savoir, ça ; penser avec :
  1. que l'information et l'analyse journalistique sont menacées, par la logique de l'hyper-capitalisme. Les événements récents à Libération sont un indicateur.
  2. que l'édition continue à être attaquée, colonisée par la même logique. Exemple tout récent : la revue Lignes a décroché de son éditeur, et après une période de flottement, est relancée sur la base d'une re-création en tant que maison d'édition indépendante, et s'inaugurant par un appel de fonds. On est passé au caritatif et à la vocation - la déprofessionnalisation.
  3. que l'Internet, par lequel on veut espérer de nouvelles inventions de la "participation" politique, déjà sujettes à caution, est menacé, par la même poussée de l'hyper-capitalisme : le marché des connexions est prêt technologiquement à enfoncer un coin entre distribution ultra-rapide (et financée par la publicité et toujours plus profitable et nécessairement puissante - de l'idéologie dominante à l'écrasante) et les branches qui seront progressivement asphyxiées par lenteur de circulation.
  4. que la propriété intellectuelle se développe en des problèmes inédits - c'est le cas de le dire et devient un problème d'actualité : de ce que fait à l'édition musicale la pratique du téléchargement, on en parle beaucoup. Et on peut faire l'homothétie pour un avenir de l'écrit. Mais plus invisible, la commodification de la connaissance. Génome humain par exemple ; vente des produits conceptuels, vente des formations universitaires clé en main. On peut aussi faire le lien avec ce que devient la notion de collection muséale publique. Ventes de produits muséaux (voir l'histoire du Louvre, post du 10 mars 2007 ici).

Pour savoir ce qu'on fait dans les conditions d'une politique du discours.

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Wednesday, March 21, 2007

Le temps politique

Aujourd'hui je passe la journée à travailler sur des travaux d'étudiants, lentement.
Prendre les décisions explicites, délibérées, de descendre dans un autre temps, mon temps, est aussi un acte, un effort, de l’ordre du politique. Prendre le temps de la crise, de l’urgence, du multitasking, comme une pression sociale, et un choix (la main invisible – d’une idéologie écrasante, et à voir ; "modernisation" comme "bougisme", temps de la réforme, "réduction" du temps de travail, etc.) de société, qu’on peut aussi reconnaître comme tel et doucement contourner, rebrousser, avec ses bricolages de vie.
Ce n'est pas mon problème ; il est à dénaturaliser et dépersonnaliser. Médiatiser. Il s'agit de savoir comment faire; trouver ça. La critique y suffit.

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Tuesday, March 20, 2007

Le politique

Le politique est .
Et l'université aussi. (Et les enjeux des rapports entre savoir et politique encore. Ambiants. )
Now get your head round that.
Mais c'est là que ça commence. Que c'est. Un milieu.

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Monday, March 19, 2007

Le savoir et le politique

Quelque évidences que je n'avais pas encore vues : (toujours avec Weber)
  • la question de l'intellectuel, c'est celle du public. Je crois que c'est Cusset qui parle de "l'intellectuel public" pour sa situation croisée entre l'Amérique et la France. Le savoir et le public.
  • l'université américaine (not), comme cette question des situations différentes de la question de l'intellectuel : pose pour moi le rapport politique, soit culturel et idéologique, au savoir.
  • la situation que fait Anne Berger dans son article pour Labyrinthes 24, depuis un point de vue comparatiste sur les champs d'études aux Etats-Unis, me montre combien cette question est encore feuilletée de sociologie, de culturel et d'idéologique : comme elle voit du disciplinaire et du scientifique, des questions épistémologiques et insitutionnelles, depuis son point de vue dans une "big research university", et habite dans cette conversation là. Tandis que depuis Brooklyn, que je comprends toujours plus intimement comme collège (et non university), je rencontre mal l'épistémologique ; le rapport au savoir est bloqué, on l'évite, on le pousse de côté, il s'agit d'autre chose. La recherche oui, mais dans un à-côté, si fertile et riche et en prise soit-il. Et pour les étudiants : une socialisation, plutôt qu'une formation. Confirmation de cette impression, française, par une collègue française ayant fait toute sa carrière l'enseignement ici. Famille, entre-deux entre la famille et la société. A Brooklyn pourtant les étudiants sont loin d'être pampered : le support de la famille se délite nettement plus vite quand on n'appartient pas aux couches aisées et wasp. A Brooklyn donc, college : l'accent est sur le pédagogique, le discours sur la academic (un-)preparedness, la diversité ethnique comme richesse et condition de la vie du collège, le rapport aux fortunes et faillites de l'enseignement scolaire en amont, la logique du No Child Left Behind, la literacy dans les classes de Composition. Dès qu'on passe aux electives et aux English Majors, on commence à parler de plaisir. De lecture et d'écriture.
  • Anne Berger fait partir les choses des area studies, comme état d'origine des choses avant l'influx de la French Theory. C'est important. Il n'y avait pas que le New Criticism et la nouvelle rhétorique : mais aussi une géopolitique intellectuelle de l'après-guerre, formant des territoires universitaires et disciplinaires. D'où s'originent aussi les postcolonial studies (in her description, the least reterritorialized of the "studies" fields) et les minority studies de tous horizons. Carte des zones d'influence américaine. Carte de la politique internationale des Etats-Unis, et de l'idéologie qui est devenue celle de la globalized corporate culture. Dont les pratiques et les formes de l'économie-mondialisée des savoirs, donc.

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Thursday, March 15, 2007

L'intellectuel et la gauche : Perry Anderson ?

On semble travailler les questions de la droite intellectuelle. Continuer à défaire, à grignoter, l'association automatique dans l'histoire intellectuelle française, de l'intellectuel avec la gauche - Sartre, Foucault.
Après les Antimodernes de Compagnon, Les Anti-Lumières de Zeev Sternhell (Du XVIIIe siècle à la guerre froide, Fayard, 2006) - et dans la lignée plus longue du travail de Furet sur la Révolution -, le nouveau livre de Perry Anderson, qu'on peut mal soupçonner d'anti-gauche bien entendu (comme éditeur de longue date de la New Left Review): Spectrum: From Right to Left in the World of Ideas (Verso, 2007, à paraître en mai). A voir, donc. Et conférence à Columbia annoncée pour la fin mars.
C'est un versant qui m'intéresse depuis longtemps : l'histoire intellectuelle de droite, jusqu'à dure. L'intelligence de Maurras, l'intelligence de Wyndham Lewis. Et la question, chaque fois décisive, de ce qu'on fait de la Révolution. Et de l'art. Voir Hulme, plaçant Maurras, et l'anti-révolutionnaire, comme pivot entre Classicisme Romantisme et néo-classicisme, pour appeler un Modernisme anti-moderne.
Noté aussi, une lecture à vraiment enfin faire : Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France, publié dès 1790.

En jeu certainement, la crise de la gauche. Toujours boîteuse depuis le backlash contre la "pensée-68", et la stalinisation puis la fin de l'Union soviétique. Et boîteux le monde intellectuel depuis aussi, en France.

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Tuesday, March 13, 2007

Weber

Ce qui me renvoie à Weber - la vocation, le savant, et le politique.
Le travail intellectuel.
Je ne couperai pas à ce passage. Prévu de longue date t'façon.

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Les vies universitaires (fusées)

Il faudra que j'y revienne mais pour dès maintenant, noter :

l'étonnant chapitre de French Theory, de Cusset, sur "Etudiants et usagers". Me donnant beaucoup de food for thought, et je n'ai pas encore bien identifié pourquoi. Je suis juste au bord de.
D'abord, qu'à cet aspect des choses soit consacré un chapitre propre, lui donne une place singulière. Le chapitre est mince, mais l'effet est frappant. C'est un geste rhétorique-théorique, incisif. Un point de vue sur l'histoire, discret, mais. Prend une place parmi les autres espaces plus balisés, institués par des méthodes, de l'histoire intellectuelle.
Quelque chose me touche ici, alors que je poursuis ma traversée aveugle ("on the flat in the crowd half-blind with dust", à la woolfienne) des milieux discursifs de l'université américaine - puisqu'il n'y en a pas. Me touche parce qu'on approche de l'expérience culturelle, infrathéorique et criante à la fois, alors que je vis dans ce noeud d'un quotidien d'étranger où je m'avance nécessairement à chaque pas et personnellement sur une question théorique politique. Sur le fil du personnel et du subjectif, et du professionnel. Avec les égratignures ou flatteries ou complaisance narcissiques correspondantes. Où je cherche - la vie à Paris 8 est le même milieu - à deflect à filtrer à médiatiser (je le comprends lentement dans cette année incognito, par défense du corps interposé ; mon corps bien intelligent du politique ; thank god mon corps sage en sait plus que moi - il y a à médiatiser le rapport au politique, savoir les processus intimes de la médiation, et déconfondre à tour de bras le personnel du -- etc.) la situation, le quotidien, le travail, la vie de travail intellectuel.

Cusset prend cette fine tangente étonnante donc, où on n'est plus dans l'histoire intellectuelle, l'histoire institutionnelle (de ça il en fait peu) ; où, il le note lui-même, la perspective sociologique n'est pas exactement celle qui peut rendre visibles intelligibles les phénomènes. Une histoire culturelle, on est déjà dans du plus délicat, si on va jusqu'au ras effectivement - des intimes de vie. Il parle de "pratiques", "usages" (il y a Foucault, alors, Certeau?. Ce n'est plus exactement la même chose). J'ai envie de dire une histoire morale, une histoire des subjectivités, modes de subjectivations. L'université américaine comme lieu, de toute façon, d'une telle question : espace peut-être curieusement apolitique, où la question est éthique plus que politique (c'est-à-dire que ce décrochement y est fait), et celle d'une éducation plus que d'un enseignement d'ailleurs : ça aussi fait partie du bloc culturel-politique. Bildungtheory, écrit Cusset. Quatre années dans l'espace replié du campus, à parfaire une adolescence, et une socialisation. Une espère de pré-politique, pré-société. Exploration et expériences de soi. (Y sentir la contribution d'une origine religieuse des établissements, et de l'institution plus généralement, y compris dans ses réalisations beaucoup plus tardives, séculaires et franchement vocational pour une Amérique plus yankee que puritaine.)

Quelque chose dans la traduction, aussi. Ici, question du travail que fait Cusset, et de la crête à laquelle il se place. Voir les nouveaux territoires, plans, très fins, qui s'y ouvrent délicatement à la vue. Par le rapport d'étranger. Ce qu'un point de vue français et européen (les deux se superposent sans s'équivaloir, justement) peut faire entendre sur la question de la vie universitaire. En France on parle de la vie étudiante. On a des CEVU : études et vie universitaire. Ici on parle de "our students' lives" -- dans le discours de la Composition, qui se travaille une identité disciplinaire dans un rapport plus rapproché aux étudiants que -- etc. ; dans les points de vue des jeunes collègues dévoués aux étudiants défavorisés de Brooklyn College ; dans, I suppose, les 20 ans de Culture Wars où on a vécu la question conflictuelle de la représentation des minorités dans les effectifs étudiants et les modifications des pratiques qu'elle nécessite. On parle de "student-centered campuses" aussi - mais là on est dans le discours de l'administration, soit passé du côté de la langue de bois de l'université dans la mondialisation en temps d'hyper-capitalisme (found the word today, feeling quite fondly satisfied with it for today). A Oxford au milieu des 1980s, on parlait de "student life" (et ici aussi, à mon grand désarroi, et révolte du corps encore une fois, l'université comme socialisation. Mon rapport biographique au travail intellectuel est donc bien de part en part une vie politique ; avec ses révulsions).

Le point délicat, c'est le moment des notes de Cusset sur la tradition pédagogique américaine. Presque hypersensible, j'y suis. Le survol, le survey, le rapport à l'extrait, au reader, à la discussion de groupe. Où on joue une socialisation, une individuation - moins qu'un savoir. La question alors, brûlante (on se tape la tête contre les murs), du texte et du langage et du discours. J'y ajoute le rappel d'une de mes premières expériences ici : la sensation d'une invisibilité du langage, que j'associais tentatively à une absence de (superficialité de) formation à la langue, l'anglais, à l'école. Me rappelant de l'expérience de l'école primaire à Gaydon (Angleterre, 1970s). Après on file vite vers le pragmatisme, la philosophie analytique, les questions de la vérité et de la réalité. Cusset notait d'entrée de jeu : un rapport à la vérité, depuis la base culturelle d'une politique religieuse.
J'ai horreur de la vérité et de ses cultures.
Il y a, alors, cet étrange statut, ou fonctionnement, culturel, du concept. Ses "usages" (mais c'est déjà une façon de voir). Où l'étranger fait son travail difficile de perplexité. Et qui n'est pas tout à fait la même question que celle que découvre la traduction.
La culture et les cultures, point de vie et bien névralgique. C'est très intime et assez violent.

Je suis sur un noeud, vif, coeur actif. Pour l'instant ça tourne. ça cohère. J'attends que ça fasse un trait, que ça se file, en quelque chose que je pourrai parler.

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Monday, March 12, 2007

Les intellectuels américains

Il y a une histoire très particulière des intellectuels aux Etats-Unis, dont je ne comprends pas encore assez bien les déterminants pour entrer dans le comparatisme avec la France. Ou l'Angleterre.
A poursuivre de près. Sans doute la question par laquelle poursuivre.

Rapport à l'histoire religieuse de la nation, pour commencer. Rapport à l'histoire intellectuelle du pragmatisme, plus récent. Mais que j'ai du mal à situer.
Ah oui, et histoire de l'université, et son statut social, culturel, politique. Cusset indique : entre la tradition libérale anglaise (le college, pour la formation du gentleman), et la tradition scientifique allemande (Wissenschaften, l'université comme lieu de la recherche, modèle de la philologie pour English). A ajouter en spécificité américaine : le paramètre religieux dans le statut des colleges. Autrement qu'en Angleterre.

Alors pour la France? Le comparatisme commence ici évidemment, dans la distanciation du trompeusement familier (et avec le plaisir de casser le dos de ces zones d'ignorance, assouplir, pouvoir passer). La tradition de la Sorbonne, et des autres universités médiévales, déterminante. Racine dans la patristique, la scholastique. C'est une autre histoire.

La minorité - problème du théorique

Lecture de François Cusset, French Theory. Foucault, Derrida, Deleuze & Cie et les mutations de la vie intellectuelle aux Etats-Unis (La Découverte, 2003)
Il y a du travail à faire, ici ou depuis ici, sur ce qui se joue autour de la question de la minorité.
  • circonstances : dans le rapport de la minorité à '"les minorités", comme question identificatoire d'un discours scholarly et politique - où même se joue, de manière caractéristique, la question de l'articulation entre le théorique et le politique (plus exactement, dans l'analyse lucide de Cusset, l'universitaire et le politique) qui a été le terrain problématique central de la Theory. Problèmes d'un simultané entre le développement de identity politics, et le décrochement du "radicalisme" des campus par rapport aux luttes sociales de terrain. Selon l'analyse historique qu'en dessine Cusset, à comprendre dans le contexte national d'un fractionnement du tissu social, graduel mais rapide, par étapes - dont par l'opération des sectionnements du public par le marketing, en "groupes affinitaires" ciblés. De même, les replis identitaires et communautaires devant les attaques contre la société comme public (politique du privé à partir de Reagan-Thatcher). Et le nationalisme particulier qu'est celui de Reagan (America is back). Qui est aussi celui qui se trouve à la place du vainqueur au moment de 1989 et la fin de la Guerre Froide.
  • à penser en rapport avec les usages du "minoritaire" deleuzo-guattarien - Deleuze dans le destin de la French Theory il me semble un peu particulier (Cusset fait comme si pas).
  • en rapport avec l'analyse de la majorité chez Tocqueville - minorité et démocratie
La minorité, problème du théorique : elle a posé des problèmes à la gauche au moment de la visibilité maximale d'une scission entre gauche universitaire intellectuelle et gauche syndicaliste - au moment où un terrain politique nouveau se découvrait, sans discours de gauche prête à l'habiter (soit, continuant à fonctionner sur des paradigmes politiques du 19ème) : terrain du culturel et de la pressante diversité des cultures; terrain du populaire populiste; etc. Alors en 2000 : "What's Left of Theory?" (Butler, Guillory)

La minorité, problème du théorique : elle me paraît un des fils évidents, importants, à prendre et suivre dans les démêlés de la Theory, des Culture Wars etc. Pas trop vu, apparemment, pour telle. Question de démocratie. Question même du politique. Un angle légèrement autre sur la question, elle explicitée et labourée, des côtés de la bataille, de la représentation.

Problème du théorique : la valeur critique=politique de l'activité théorique, donc.

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Saturday, March 10, 2007

La culture pour la mondialisation : logique d'une (dé)politique

Ici il s'agit de l'art pour la culture, et de la culture pour la mondialisation.
De l'art donc, dans ses états de socialisation actuels. Sa politique, son marché, son public, sa définition de l'oeuvre et du rapport à l'oeuvre (soit: du sujet de la culture, et de la société par la culture), ses institutions et ses innovations institutionnelles ; ses redéfinitions de la géographie du public et du privé.

Un article du Diplo de février, « Du Louvre à Orsay, en passant par le Centre Georges Pompidou. Les mille et une astuces des musées pour se vendre » (Philippe Pataud Célérier), donne un index pour une situation contemporaine :
Circonstances : politiques actuelles d’échanges entre musées, avec l’exportation d’œuvres du Louvre au High Museum of Art d’Atlanta, avec Coco-Cola parmi les mécènes du projet, et au sein d’un complexe d’ « attractions », dont aquarium géant ; les rencontres du directeur du Louvre avec le prince Al-Nayan, président du CA de l’Abou Dhabi Tourism Authority.
L’index d’une cohérence :
. la culture-tourisme pour la mondialisation (des « relations internationales », ou « diplomatie », à la mondialisation) : « volonté politique à résonance diplomatique et économique » de la part de la France, répondant à l’offensive politique par la culture d’initiatives (créer des zones d’immense valeur culturelle, amenant tourisme et sa consommation para-culturelle). La Fondation privée Guggenheim, « la plus agressive ». L’Hermitage loue ses collections à un hôtel-casino de Las Vegas. Versailles ouvert à et dégradé par la masse de visiteurs, billets forfaits + audioguide et parcours libres (de 13,50 à 20 €).
. concurrence entre musées
. fragilité de cette filière économique (crises internationales)
. financement : désengagement de l’état, recherche de ressources propres (billetterie, concessions, locations d’espaces, espaces de marchandises). Perturbe les missions premières des musées : recherche, conservation, communication des collections « à des fins d’étude, d’éducation et de délectation » (Conseil international des musées de l’UNESCO).
. statut juridique : privatisation. Versailles EPV. Grands musées transformés en établissements publics administratifs (EPA). Donne une autonomie de gestion sous tutelle de l’Etat, avec « contrat de performance » de 3 ans (Louvre).
. participation de mécènes privés
. rapport de consommation : billets forfaits + audioguide et parcours libres : les œuvres « biens de consommation », et produits dérivés – Fin 2004, fin de la gratuité pour artistes et enseignants (en partie rétablie seulement). Le tourisme : nouveau rapport, mais sans réévaluation du périmètre des missions.
. le musée : architectes, et coques, dont les contenus ne sont pas l’objet de l’attention (Bilbao)
. l’œuvre : « choix de chefs d’œuvres médiatiques ». A Branly, la scénographie, « le designer prend le pas sur le scientifique »
. rapport aux œuvres : parcours visite du Louvre + « mise en intrigue » / Da Vinci Code. Se photographier devant…
. le critique : « les médias »
. le public : la « masse », « l’afflux », le tourisme. Visiteurs étrangers / 0,6% de chômeurs et RMIstes visitent le Louvre en 2004.
. conservation : instrumentalisation et dégradation du patrimoine. Opérations événementielles présentées comme une logique d’enrichissement du patrimoine / ressorts commerciaux.
. le chercheur comme expert : leurs travaux scientifiques des conservateurs ne sont pas à l’origine du projet, eux-mêmes deviennent les « faire-valoirs de projets qui s’élaborent sans eux mais qu’ils doivent défendre devant les médias »

A connaître : La Tribune de l’art (Didier Rykner), et son éditorial, "Le Combat continue".

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Monday, March 05, 2007

Blog sur l'histoire intellectuelle américaine

(diffusé par Antoine Capet, liste SAES)

We would like to announce the existence of a new blog dedicated to U.S. intellectual history. All are welcome to visit and participate; the site can be found at http://www.us-intellectual-history.blogspot.com.

The U.S. Intellectual History blog originated with a post on the listserv H-Ideas in January of 2007. In his message, Tim Lacy noted the lack of any formal space devoted solely to the study of ideas and arguments in their specifically American context, and solicited volunteers to help build such institutions.

A diverse collection of scholars responded, and "U.S. Intellectual History" represents the group's first attempt to establish an infrastructure for this vibrant academic concentration. The editors of the weblog post news and information, short essays, book reviews and provocative conversation-starting questions, all in the area of U.S. intellectual history.

We hope that this site might serve not only as a clearinghouse for information and ideas related to U.S. intellectual history, but also as a springboard toward the development of other projects both professional and scholarly in nature. To those ends we welcome participation from anyone with an interest in the intellectual history of the United States (and its colonial precursors), broadly construed: this includes not only historians, but also those who work in philosophy, American studies, literary fields, the social sciences and other related areas. Feel free to forward this message to anyone who might be interested.

Friday, March 02, 2007

La rhétorique comme discipline

Je note pour prolongements ouverts par la lecture de Connors, son histoire de la rhétorique comme discipline d'enseignement supérieur (Composition-Rhetoric, 1997 donc) :

  • John Dewey. Democracy and Education: An Introduction to the Philosophy of Education, NY 1916. Déterminant un pivot culturel, institutionnel, des pratiques.
  • Louis Milic. "Theories of Style and the Implications for the Teaching of Composition", College Composition and Communication 16 (1965) ; "Against the Typologies of Styles" (in Essays on the Language of Literature, Chatman & Levin eds., OUP 1971) ; "Metaphysical Criticism of Style" (in New Rhetorics, Steinman ed., NY 1967).

Pour une histoire, étapes :

  • Aristote (Rhét), Cicero (De Oratore), Quintilien (Institutio Oratoria), Locke,
  • Adam Smith (Lectures on Rhetoric and Belles Lettres), George Campbell (The Philosophy of Rhetoric, 1776), Hugh Blair (Lectures on Rhetoric and Belles Lettres, To Which Are Added... 1783), Alexander Bain (English Composition and Rhetoric: A Manual, 1866), Henry N. Day 1850-60s, Walter Raleigh (Style, 1897), Herbert Spencer (The Philosophy of Style. An Essay, 1898), Walter Pater, Benedeto Croce, Mina Shaughnessay (Errors and Expectations, OUP 1977)

Puis, pour l'université américaine plus généralement :

  • Lawrence R. Veysey, The Emergence of the American University, Chicago UP, 1965
  • avec Graff, bien sûr, cité throughout.

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