Thursday, April 12, 2007

Communication, et diversité des langues - 2

Je continue à pointer les lieux d'incidence de l'étranger dans Mattelart (Histoire des théories de la communication) :
ce qui saute aux yeux, encore confirmé, c'est le pouvoir d'organisation qu'a la guerre froide dans l'histoire intellectuelle du 20ème, et ses répercussions encore déterminantes maintenant : parce que la question du Tiers-Monde, qui s'y est formée la simple pression géopolitique du (non-)alignement, a été poussée sur le devant de la scène comme condition du présent, sous les formes du multiculturalisme, du postcolonial, d'un contre-pouvoir insidieux ou imprévu et multiple (comme un refoulé qui retourne, tout frais, et capable de méconnaissances étonnantes et vives : révélateur d'erreurs d'analyse politique majeures ; on rit, avec inquiétude, de la simplicité de ça, et de ses élucidations rétrospectives et perspectives immédiates, soudaines) par rapport au bloc vainqueur, et du modèle américain de la démocratie, very much in question these days comme impérialisme, vivant à la crête d'implosions et d'érosions collapses massives : cette puissance, hyperpuissance, alors, oui.

Les Mattelart placent un chapitre "Economie politique" comme tournant dans le champ idéologique qui s'organisait jusque vers 1975 entre communication libérale et ses critiques d'inspiration marxistes (Ecole de Frankfort, structuralisme, Cultural studies anglaises). Pour cette période qui va vers les 1980s, et ses évolutions droitières dures (jusqu'au claim de la "fin des idéologies" : c'est qu'on est arrivé au bout du processus de droitisation), c'est la question du mondial qu'ils choisissent pour perspective. L'enjeu de la fin de la guerre froide : indissociablement l'empire du libéralisme et la mondialisation, comme un couple. Parce qu'aussi la culture devient un produit, ou le marché embrasse la culture, et donc les cultures.

Des moments, et des modes, de la question de l'étranger dans l'histoire de la communication, "froide" puis "mondialisée" :
  1. modèle du "développement" dans les conceptions des rapports, et dans les rapports, des sociétés technologiques éavancées" et des sociétés "traditionnelles" 63. L'impérialisme culturel, assis sur l'assurance de la technologie comme modernité sociale et culturelle, qui implique la commercialisation et l'industrie de la culture. L'insistance de Reagan pour la free flow of information 64 : un masque de modernité et de liberté sur une agression commerciale des marchés internationaux. Ici, l'Amérique latine produit des analyses et réactions intellectuelles et politiques vives. 65
  2. [ une critique du "complexe communicationnel-industriel" (cité 65) par des sciences sociales qui cherchent à entendre à nouveau le "quotidien" micropolitique de l'intersubjectif : y compris par le langage. L'analyse de la conversation, Sacks 75, le symbolique Blumer 76, le dramaturgique Erving Goffman 76. Habermas. En littérature : théories de la réception. Ecole de Constance, R. Escarpit. C'est bien le ton des 1980s, oui. Et le littéraire intervient - quand il faut détotaliser, dépositiviser., Certeau : "réseaux de l'anti-discipline". Retrouver pied dans le plan culturel du politique et du social. Mais dès qu'on a le littéraire sans l'étranger, la langue sans les langues - le vieux problème, et le levier ordinaire disponible. But boring...]
  3. après les 70s marquées par "l'étude des logiques de déterritorialisation", et des "macrosujets" (je ne suis pas sûre de bien les reconnaître? 94-95), 80s et 90s sur les reterritorialisations, réalités singulières, études anthropologiques : hybride, métissage, créolisation, modernité alternative. Lien entre les cultures populaires et la production culturelle industrielle. "La tension et les décalages entre la pluralité des cultures et les forces centrifuges du cosmopolitisme marchand révèlent la complexité des réactions à l'émergence d'un marché unique à l'échelle du monde" (95). Nouveaux réseaux sociaux(dont ambivalence : permet aussi "le repli identitaire et ethnique". Communautarismes.) , et débat sur la possibilité d'un espace public à l'échelle planétaire. Travaux de sciences sociales sur la problématique des mutations de l'espace public, national et international. Cf colloque 2001 : "2001 Bogues. Globalisme et pluralisme", et colloque panaméricain "Industries culturelles et dialogue des civilisations" à Montréal (96).
  4. postmodernité : (Baudrillard, Vattimo, Virilio...) les micro-récits. Quite another take on - surfing on - this pluralism : "Le monde de la communication explse sous la poussée d'une multiplicité de rationalités locales, ethniques, sexuelles, religieuses. [.] cette libération des diversités'. Dans la société médiatique, "s'installe un idéal d'émancipation basé plutôt sur l'oscillation, la pluralité et en définitive sur l'érosion du 'principe de réalité' lui-même" (Vattimo optimiste, cité 102).
  5. voir aussi : Bruno Latour et la traduction - comme mise en réseau d'éléments hétérogènes, construction socio-technique. Interpénétration des rapports des hommes avec la nature et les objets techniques. Pourquoi aller chercher cette métaphore, pour penser un mode, une histoire des modes, de la médiation? Le langage, modèle de la médiation. Pourtant bien peu mis à parti dans l'ensemble de ces sciences sociales de la communication.

Labels: , , , , ,

0 Comments:

Post a Comment

<< Home