Thursday, August 23, 2007

Querelles : aux sources critiques - Agenda #13

En répertoire, so far - tous degrés, contextes, époques, confondus et désordonnés :

. l'art contemporain - Jimenez etc., débat français auquel renvoie Guy Scarpetta quand il parle des Nouveaux réactionnaires pour l'une des premières fois. Fin des années 90 je crois.
. l'art et le SIDA, l'art et le nouveau conservatisme décomplexé, après les scandales de l'expo Mappelthorpe etc. aux Etats-Unis - rapporté et analysé pour Frédéric Martel dans De la culture en Amérique.
. Graff : "teaching the conflicts" et les Culture Wars américaines - dans le même sillage : querelle culturelle du Canon, Bloom et Bloom, réactionnaires du "multiculturalism" comme atteinte aux Humanities et The American Mind. Un bras pointe vers Léo Strauss, un autre vers le ethical turn de Nussbaum et al. Puis, le procès de academic freedom.
. aussi : la Cold Culture (voir Martel)
. la "littérature à l'estomac", de Pierre Jourde, et le remue-ménage au Monde des livres.
. les Nouveaux réacs, octobre 2002, suite à la parution du pamphlet de Lindenberg.
. Hernani, Anciens et Modernes (avec Compagnon dans la balance, et sa mise en série déshistorique de tout un nombre : voir La Littérature, pour quoi faire, p. 24), etc. : tous les heavyweights, qui sont au-delà du symptomatique.
. le Conflit des facultés, et le Kampfplazt de la métaphysique, Kant.

Le relevé est à poursuivre.

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Monday, July 23, 2007

Situation - les intellectuels en Amérique, 1947

Beauvoir, dans L'Amérique au jour le jour. 1947, fait l'expérience (crue) des relations entre France et Etats-Unis autour de la question de l'intellectuel. Etincelles avec l'équipe des post-staliniens de la Partisan Review à New York, rapidement. Rapport plus pétillant et plus soucieux, complexe, avec Dwight Mac Donald. Et - c'est autre chose mais comme on est en Amérique (l'ombilic de la démocratie : la situation des noirs dans l'esclavage et post-), et avec Beauvoir et Sartre dans une socialité des cafés des bars des dancings de la vie nocturne du jazz et de la littérature américaine contemporaine, ça compte - avec Richard Wright.

1947 est aussi l'année de la "Situation de l'écrivain en 1947", de Sartre. Sociologie de l'histoire littéraire dans l'histoire. La constellation est donc : l'intellectuel (tiens, comme l'alpiniste, figure de l'héroïsme européen, et plus précisément français, possible après les défaites et les démoralisations troubles de la guerre), la littérature (Qu'est-ce que la littérature ?, 1948, qui recueille l'essai et le place en conclusion), le communisme comme pôle déterminant du présent, l'engagement la gauche et la philosophie, et le concept, outil, de la situation.

La situation : elle est au pluriel dans les titres de la série ; elle résonne avec la condition (humaine, par Malraux, avec une autre disposition du rapport entre art, culture, et société) ; elle se compose avec engagement, dans un horizon phénoménologique. La ligne de tension entre philosophie considérée dans la tonalité phénoménologique (peut-elle être de gauche ? Gauche chrétienne ?), et la société et le contemporain et le marxisme dans l'étau du stalinisme.

L'intellectuel situé : notion de son temps et de son lieu. Qui emmène avec elle l'état des rapports de force politiques et culturels entre l'Europe et les Etats-Unis à l'issue de la Seconde Guerre mondiale ; le devenir de d'Europe comme entité politique ; le rapport, situé, entre pensée et société ; rapport aussi du culturel (art et pensée) au politique, avec sa hiérachisation.

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Saturday, June 30, 2007

Travail intellectuel

Je vais reprendre le fil avec diverses nouvelles ou anciennes ressources :

. le programme du séminaire IndeA/Texte étranger, qui compte partir l'année prochaine du Vocabulaire des institutions européennes - j'envisage la lignée Benveniste, Barbara Cassin (Vocabulaire européen des philosophies, 2004), et la philologie comme plan disciplinaire. A ouvrir par le champ de Chiss & Puech sur l'histoire des disciplines du langage. Et Humboldt et l'histoire de l'université moderne, qui est allemande et humboldtienne.

. Elisabeth Badinter, Les Passions intellectuelles. 3ème volume d'une trilogie dont je ne connais pas les 2 premiers volets, cette fois-ci sur la période des philosophes et des monarques éclairés : 1762-1778. Le sous-titre : Volonté de pouvoir. Il y a là en annonce un substrat de Foucault sur l'intellectuel et ses histoires, à entendre.
Après vérification, les volumes précédents sous-titrent : I Désirs de gloire, et II Exigence de dignité. J'attends de comprendre comment ces termes, à consonnance morale maintenant, prennent dans leur contexte un sens qui détermine des configurations historiques du savoir-pouvoir.

. Le Suicide, de Durkheim. Question par quoi s'instaure la méthologie sociologique. 1930. J'y attends un travail sur la situation. Il n'y a pas d'individuel.
C'est une façon de bien vouloir revenir au champ universitaire français après une année comparatiste. Le comment vivre les pressions qui y sont en intensification critique cette année tout particulièrement.

On peut aussi appeler travail, soit penser sous la rubrique de cette question, et ajouter ce plan au faisceau déjà riche, la simple activité critique contenue dans les inventions disciplinaires ou les inventions des pratiques de la pensée. Qui se font dans une société.
Ce n'est pas la même chose qu'un métier - il y a une articulation de l'un à l'autre. L'anglais distingue à propos work de labour de industrial. Etc.

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Tuesday, May 29, 2007

Think Tanks - premiers repères

Déjà notés, américains des 90s :

. James A. Smith, The Idea Brokers. Think Tanks and the Rise of the New Political Elite. Free Press, 1991.
. David M. Ricci, The Transformations of American Politics. The New Washington and the Rise of the Think Tanks, Yale up, 1993.

Deux titres français reviewed par Serge Halimi dans le Diplo en janvier 2007, sous le titre "Essor de la pensée mercenaire" (p. 25 - à reprendre) :

. Stephen Boucher et Martine Royo, Les Think Tanks. Cerveaux de la guerre des idées. Le Félin, Paris 2006 (118p) - enquête. Introduction de Pascal Lamy ("poncifs" : le "retard français", appel à la "société civile" dont chefs d'entreprises mais syndicats omis. Participait au démarrage de "Notre Europe", boîte à idées. "nécessité d'enrichir le débat politique", "L'Europe et la France ont besoin des think tanks. Or non seulement ceux-ci sont moins nombreux chez nous qu'aux E-Unis, mais la réflexion y est bien souvent insuffisante").
. Pierre-Emmanuel Moog, Les Clubs de réflexion et d'influence 2006-2007. L'Expansion, Paris 2006 (366p).

Notes de S. Halimi : recherche / lobbying / sponsoring. Liens serrés entre think tanks et pouvoir (centre et droite majoritairement aux US), et avec médias. Claude Bébéar de l'Institut Montaigne (droite nette), et Rosanvallon de la République des idées (gauche modérée) - trans-positions co-signataires du rapport Minc sur "La France de l'an 2000", manifeste libéral commandé par Balladur alors premier ministre (1994).
Paragraphe de clotûre :

"La plupart des têtes chercheuses de l'Hexagone, soulignent les auteurs, ont toujours oeuvré à l'instigation de l'Etat et grâce aux fonds publics. C'est pouquoi elles ne sont pas considérées comme des vrais think tanks dans les pays anglo-saxons, où le critère de l'indépendance passe par des financements privés." Instruit qu'une telle inversion des valeurs caractérise souvent les restaurations libérales, c'est avec une curiosité un peu inquiète qu'on se reportera à l'inventaire détaillé que
réalise PE Moog des clubs de réflexion et d'influence français, de leurs acteurs principaux et de leurs structures de financement. Il permet de distinguer les "vrais" think tanks des autres, plus désintéressés.

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Thursday, May 24, 2007

Agenda #11 - The American Mind and Literature

Il faut aussi que je fasse la carte de ce débat, autour de l'université, le multiculturalisme, la théorie, la culture - avec le rapport de la littérature au politique comme crux. A partir d'Allan Bloom donc, et le succès de librairie de The Closing of the American Mind. Une chronologie de ça, et une bibliographie.

Dont :
. Alvin Kerman, The Death of Literature. Yale UP, 1990. Ricci l'indique pour un point sur "the vocational limits for English professors".
. bien sûr aussi, Ravelstein, de Saul Bellow (2000). Mise en fiction de la figure d'Allan Bloom (et du drame contemporain de la culture). La préface que Bellow a écrite au livre de Bloom n'étant pas pour rien dans son succès public.

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Monday, May 21, 2007

Situation des intellectuels

Une évidence et un rapport, qu'il vaut mieux ancrer que de laisser flotter hors de vue :
rapport avec la certitude, acquise d'expérience, que les détentes de la pression sociale (sur l'universitaire et sur l'intellectuel) ne peuvent pas et ne doivent pas, sous peine d'écrasement de la personne dans l'individu scientifique, se prendre sur le temps de travail, le plus d' "investissement", le plus d'encadrement pour la "réussite", etc. Jamais un plus, jamais un dehors.
Les pressions pour ces plus sont des actes politiques visibles. Le point de vue syndicaliste sait ça.

C'est à la lecture de Bruce Robbins sur "The Grounding of Intellectuals" (introduction au volume Intellectuals. Aesthetics, Politics, Academics, B. Robbins ed., for the Social Text collective, U of Minnesota P, 1990) que les choses tombent en place dans leur évidence - la thèse étant qu'il n'y a pas à se coincer dans la perspective d'un divorce entre intellectuel et société (où il faudra faire un effort supplémentaire pour se ground en elle), et à faire sur ce paradigme une histoire plombée du côté de l'origine par un Age d'or absolutiste et du côté du maintenant par un déclin (a running to ground), puisque cette représentation est déjà une idéologie. Une théorie, située, du rapport savoir/pouvoir. Autre point de vue organisé par le texte : le travail intellectuel est déjà situé, quelles que soient les - historiquement et politiquement multiples - motivations pour le représenter dans une autonomie par rapport à l'économique, au politique, à l'historique, etc.

La remarque concerne LA figure de l'intellectuel (et la marque au passage par la francité - c'est aussi pourquoi l'étude critique américaine de Stanley Aranowitz, dans "On Intellectuals" du même volume, prend son terrain d'illustration dans le devenir de la gauche de pouvoir sous Miterrand et des "élites intellectuelles") : Sartre :


According to Sartre, "The intellectual is someone who concerns himself with what is none of his business" [dans Plaidoyer pour l'intellectuel, d'après ce que je devine] (12). This definition is self-contradictory. To make something your business, either in the sense of deriving a living from it (though "business" in the sense of "making a living" is not suggested by the French original) or simply by devoting a great deal of time and energy to it, is paradoxically to disqualify that activity as the basis of your identity as an intellectual. It must be, as it were, a hobby, carried on in leisure time, touched only lightly and glancingly in the course of a life centered elsewhere. Sartre's famous call for "engagement" is simply the other side of this coin. Sartre has to indulge in ardent, moralistic voluntarism in order to get inllectuals attached to the world again, for the simple reason that his own definition has assumed their initial detachment from it. [... but, by virtue of the necessary situatedness of intellectuals,]
Book titles that link intellectuals to politics, the state, revolution, reform, modernization invariably fail in their attempt to achieve catchy incongruity. The wishful incongruity between intellectuals and politics dissolves into a historic intimacy. (xv)

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Wednesday, April 25, 2007

Academic freedom

From "Entering the academic freedom arena running : The AAUP's first year" [Daniel H. Pollitt, from Academe Jul/Aug 1998 - 1915, 5 investigations in universities having dismissed faculty on ideological or employment grounds - problems had arisen (that is: faculty had been dismissed) through governor's, Mormons', legislature's interference, "harmony of the college", authority of the Presidents]: just a few pointers about what territory of questions is covered:

. at the end of the first busy year, practice had cleared some recognizable roads on the wilderness, possible to formulate in a "General Declaraion of Principles" and a set of "Practical Proposals". "Describing the familiar tripartite function of the university to 'promote inquiry and advance the sum of human knowledge... to provide general instruction... and ... to develop experts for various branches of the public service."
The second report (Univ of Colorado) inquired into a situation where the President had to remind the governor "that the discharge of any member of a university faculty for anything which he might say in his capacity as a citizen was a very serious matter and that the preservation of academic freedom was one of the first responsibilities of any university." I find that difficult to quite square, with the notion of un-public universities. Where does this autonomy ground its legitimacy, exactly? The un-public nature of this "public" and this "service".

. must therefore, to enlist persons of "high gifts and character", offer faculty "assurances of an honorable and secure position". Crucial to this "is academic freedom of inquiry, of teaching, and of extramural utterance and action. While recognizing the 'essential and highly honorable place' that trustees held within the university, the declaration upheld the faculty's 'primary responsibility' for 'purely scientific [how strange to see the term used here, so clear-sounding and in fact loud in English] and educational questions' and the need to ensure that in those 'occasional cases in which the aberrations of individuals [require] definite disciplinary action," that action can be taken only by bodies "composed of members of the academic profession."

. involved also at several stages, naturally: freedom of speech. Also: the first report ended up describing the situation at the Univ of Utah in terms of: "The government of this university is a government of men and not of laws."

. other recommendations and analyses of problem situations: "that universities should submit their acts and policies to public scrutiny", "make tenure available to faculty members to ensure freedom of inquiry and teaching", that administrators and trustees must allow "a divervengy of opinion" within their institutions and not punish professors for criticizing the administration or privately questioning the fitness of a trustee". That an institution could not disregard consideration of "equity" and heed only considerations of "efficiency" or "harmony" without courting disaster. That professors must have academic freedom in the classroom but also have right to testify before public bodies - rights to engage in extramural speech in subjects both in and outside their academic specialities. And of course need for due process with regard to all dismissals. Legals paths to.

. interestingly, the threats on faculty has changed and not changed. What this is most useful for is as a measure of the particular configuration of pressure now.

Rappel : les ébats et éclats des Students for Academic Freedom, jeune troupe activiste cheerleading autour de David Horowitz, depuis le DH Freedom Center (ci-devant Center for the Study of Popular Culture - où "popular" prend une couleur très identifiable), avec les Academic Bill of Rights (ici aussi, le détournement de la tradition républicaine américaine). Liens avec Campus Watch et Fox News - analyste régulier.
Auto-identité : "The Students for Academic Freedom Information Center is a clearing house and communications center for a national coalition of student organizations whose goal is to end the political abuse of the university and to restore integrity to the academic mission as a disinterested pursuit of knowledge." The simple trick is to "expose" the politicization of academe, in the name of scientific rigour and freedom of speech - while by the same gesture repoliticizing absolutely.

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Agenda #10 - Dewey and academic freedom

Je note avant de perdre la trace :
John Dewey, avec Arthur Lovejoy, est celui qui inscrit dans l'histoire de l'université la notion de (défense de l') academic freedom. Au moment de la création de l'AAUP (American Association of University Professors 1915 - un aperçu de son histoire, sur le site de l'association), l'institution du Comittee C (?) on Academic Freedom. Dans quel contexte, sous quelle pression, reste à reconstituer.
Mais cette concomittance : d'une modernisation du système éducatif américain (plus ou moins en profondeur, plus ou moins influential - il faut voir. Certainement, la sensation d'une modernité qui presse de repenser les institutions et leur inscription sociale), et l'apparition de la question. Politique de l'université, politique à l'université.

Article publié dans Academe, Jul/Aug 1998 : "Entering the academic freedom arena running: The AAUP's first year" (Daniel H. Pollitt).
Lien vers Academe (semble être la revue de l'AAUP) ; lien vers Workplace.

Another bit of blurb (googled) :

" 1940 Statement on Academic Freedom and Tenure, the AAUP has earned the respect of the higher education community for developing the standards and principles of the profession. In addition to the basic principles of academic freedom and tenure, shared institutional governance and due process, the AAUP has addressed such important issues as Distance Education and Intellectual Property, Sexual Harassment, Teaching Evaluation, Post-Tenure Review and the growing use of adjunct and non-tenure-track faculty. The AAUP is the faculty voice on issues affecting higher education; its major policy documents and reports are included in the AAUP. "

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Friday, April 13, 2007

Université, intellectuel, "anti-intellectualism"

A ma question opératoire de base, outil pédagogique de base - so what? -, je pense pouvoir adjoindre celle que me pointe G. Graff : "who [the f***] cares?"

Clueless in Academe. How Schooling Obscures the Life of the Mind (Graff, Yale UP, 2003), as "notes toward a field of clueless studies" 4, and plenty to harvest from it, avec ses conservatismes : "How teaching the conflicts - or any other educational approach - won't revitalize education as long as the culture of public argument remains opaque to many students and other citizens" 13.
"This book is an attempt by an academic to look at academia from the perspective of those who don't get it" 1. Thesis : "schools and colleges perpetuate the misconception that the life of the mind is a secret society for which only an elite few qualify." 1. Obfuscation 2. Mystification 3. Exclusion 11. Communicative ineptitude 21.

. academic alienation : irrelevant. "Boring, self-important, and dominated by insider orthodoxies" 9. Academic writing often bad 9. Intellectualspeak /Studentspeak 13 ("student conversations" 23 / Arguespeak 21. Arid, self-absorbed, rarefied 14. No social stakes. Intellectual club 35. Pretentiousness 43. anti-intellectualist tropes : nerds (/jocks), egghead, braniacs, control-freaks, ideologues, manipulative propagandists 44. . academic speak : remote and artificial 24. cognitive overload / multiple & disconnected curriculum 3.
. oppositions to intellectual pedagogy, internal resistance (ou méfiance) of academe : the body (training "emotional intelligence, moral character, visual & aesth sensitivity, creativity in story-telling and personal narrative" 3), et multicultural concern 4. Also : teaching undervalued in univs, "the overdrawn opposition between research & teaching" 10.

. 6 degrees of obfuscation : 1. taking academ discourse for granted 25, its language games, mind-stoppers, why make a problem out of... ; 2. the volleyball effect 27 disconnected & mixed-messages confusing curricula + vertical disconnection school/college ; 3. the overrating of fact [Hirsch, Cultural Literacy, 1987] ; 4. mystification of research (as separate - cf 35: "we need to rethink the assumption that the career interests of research scholars are best served when those scholars are released from undergrad teaching") ; 5. anti-intellectualism (incl. professional antiprofessionalism, self-loathing : won't change the minds of students already suspicious of the intellectual club as a haven of class snobbery or as a threat to their image of masc/ty or fem/ty, or to their class, ethnic, or racial identity") ; 6. the contrast of academic and popular culture + media 37: in fact estranged twins, common history in "same historical moment after the Civil War, each being a product of modernization, industrialism and liberal progressivism"38. popular : facile, sensational, vulgarly reductive, dominated by soundbites / down-to-earth, democratically accessible. Also cliché / schools' losing battles with popular entertainment.

. actual "convergence [,now,] between academia and the popular media" 1. Street-smart 2. 17 : "The university is popular culture, but it doesn't know it yet". Since WW2, outreach, broader influence on the wider society, generalize their specialities, demonstrate their wider applications 18.
"creeping intellectualism", current : academia now "part of the mass culture industry, which disseminates and popularizes theories and trends" 18. Academic disputes vicious now because much is indeed at stake in them (GG's list : "bilingual education, evolution and creationism, the new gender and race studies, grade inflation, and the teaching of literature, mathematics, and history extend far beyond the campus" 19). cf NYT "Campuses Across America Are Adding 'Sept. 11 101' to Curriculums" : turning current pbs into courses, which in turn become news in NYT. Since WW2 : massive democratization of higher education => Dead Poets Society etc., convergence of university presses & trade houses - terms of the hype : "paradigm-smashing, pathbreaking, broad-gauged". Culture wars period (80s-90s) : journalistic bashing of academics matched by glorification as "campus stars" [Cusset] in NYT, NPR (Fresh Air, Night Line). => Roseanne, ER... Trendiness, faddishness. Closer to the pulse of journalism & popular culture, which is in turn increasingly fascinated [? - disons en effet : c'est devenu un ingrédient culturel] by academics and their ideas 20. Univ is itself popular culture, serves millions, agent of mass popularization. Now mass enterprise, prerequisite of opportunity & mobility 21. 2000 Bush / Gore, more narrow then Eisenhower / egghead Adlai Stevenson in 50s. McCathyite know-nothings / current conservatives are intellectuals : Irving & William Kristol, William Bennett, David Brooks, Roger Kimball, Ralph Reed, Dinesh D'Souza, Pat Buchanan, Newt Gingrich [though to Bill O'Reilly, "intell" is still a term of abuse] 41.

. sociological causalities : concern for "democratic education", "anxieties about class snobbery & inferiority" 5. Exclusion, distinction, reproduction. "There are those that argue that the academic obfuscation I examine in this book is no accident. [...] when schooling keeps students mystified it is not failing at all, but working all too well at doing what our culture asks it to do, sorting students into cognitive haves and have-nots and therefore into society's winners and losers. [...] maintain high levels or social inequality [...] keep the cultural capital of literate public discourse out of the grubby hands of the riff-raff" - cynical view 14 (Academic Discourse, collectif de 1994, Bourdieu, Passeron, et al.)

. histoire :
. exclusivité de l'université : a pre-WW2 trope. Tiny social elite, et modèle du scholar : antiquarian et positivistic, narrow (fossil) pedantry, opposé à l'intellectuel, public : the big picture, application of the facts to contemporary life : journalists, clergy... 17. Rise of the modern research university
. since WW2 : massive postwar democratization of higher education 19.
. de l'anti-intellectualisme américain : 35 second-wind, as "old-fashioned varieties of Am anti-intell have been overlaid by new ones from the counterculture of the sixties and the New Age therapeutic culture" : Arguespeak is a male thing, a white thing, an upper middle class thing, a Western thing," 36, imposing a dominant culture of the marginalized & disenfranchised; teachers should encourage students to realize their own authentic voices.
. anti-public current context: students' "aversion to the role of public spokesperson that formal writing presupposes. Can't imagine any rewards for being a public actor or even imagine themselves in such a role 57.

This lack of interest in entering the public sphere may in turn reflect a loss of confidence in the possibility that the arguments we make in public will have an effect on the world. Today's students' lack of faith in the power of persuasion reflects the waning of the ideal of civic participation that led educators for centuries to place rhetorical and argumentative training at the center of the school and college curriculum [cf now instrumentality, technicity of "composition", having altogether dropped the consideration of "rhetoric"] . Underlying the centrality of this training was a classical conception of public citizenship that has come to seem unreal as the small town has given way to urban massification [see also, democratization of higher educ° - no longer the college polity] and as the ideal of the citizen has been displaced by that of the consumer. If even successful adults find it hard to imagine themselves influencing public policy through their rhetorical and argumentative skills, students figure to find it all the harder to visualize themselves in such public roles." 57 [cf ma question : who has a voice in America now? Do you feel you have a voice? How do you look for places where the voices you are interested in can be heard?]. [...] Given the notoriously widespread cynicism about the chances that our opinions (or votes) will influence public policy, it is hardly surprising if students are fatalistic too. These doubts about the payoff of persuasion underlie much of the student relativism that has been so widely deplored for hald a century now.

The emergence of the Internet, the electronic town meeting, and talk-back radio hold out promise that this cynical fatalism can be reversed. We may also be witnessing a revival of student idealism and activism [... ??] 58

. Graff's solutions and outlook : the culture of ideas and argument (comme prolongement de "teaching the conflicts") 2, "culture of books and ideas" 6. articulating ideas in public 2. Argument literacy 3. "Intellectual socialization" 12 as educational goal.
. so what? who cares? What's your point? What does it have to do with me? 10.
. "deep cognitive connection between controversy and intelligibility", (quotes JS Mill on it) 12, dialogical : "as opposed to what?". "is by writing the voices of others into their texts that students start learning to produce a public voice."14 "Becoming socialized into a way of life that changes who you are" 24. Join. Become a public self 57.
. find the continuums 24. Break up the exclusivity 25, demystify the 'club we belong to'.

. formation discursive dépliée autour : compositionists, sociolinguists, theorists of psychological
development, memorialists (of school days experiences), student surveys, Hirsch Cultural Literacy 1987, Richard Hofstadter's classic Anti-Intellectualism in American Life, 1963, Robert
Scholes The Crafty Reader 2000,

. chap 1 : "analyzing structures of academic obfuscation" 11.
. 2. The problem problem 43. Boredom, counterintuitive need to analyze, inventing
problems, defamiliarize, commonsense, self-interpreting texts, why study unintended meanings (dead authors), intell overreading. Pb with negativism and oppositionality, seen as agressive : axe to grind. Liberal pluralist commonsense: relativism ; or traditional backgrounds, argument is Godless secular humanism. Refusal to become the sort of public self that schooling assumes we all naturally want to be 57. => pour une éducation rhétorique : "Whatever side students come down on for these questions [why analyze, why question, why argue, etc.], opening these question for discussion has the desirable effect of positioning students as anthropologists, intellectual analysts, of their own academic lives" 61.
=> Epilogue : Argument Templates...

La question de l'intellectuel est celle du public. Et de son milieu discursif. Savoir-pouvoir.

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Thursday, April 12, 2007

Agenda #6 - actualité des idées

Des urgences de lecture maintenant :

  • où sont les idées. Nouveaux territoires.
  • les intellectuels aux Etats-Unis - en espérant des analyses sur la situation de l'université
  • histoire des intellectuels, et histoire intellectuelle (voir vers Perry Anderson, Dominique LaCapra, Tony Judt?, Quentin Skinner, Hayden White of course)
  • une revue des revues, pour un coup d'actualité avant mon départ - en ouvrant du côté du business etc.
  • discours et publications du marketing, business, etc. Terra incognita.
  • aussi, orientations vers la sociologie actuelle de la littérature et de la culture (la littérature ici-maintenant, ses pratiques sociales dans l'époque - et comparatisme de ça)

Des questions à Mattelart :

  • "culture et communication" : comment pensée, en termes de disciplinarité, la nécessité de ce welding ?
  • "culture et communication ", et les cultures
  • "culture et communication" et littérature (en passant par FR Leavis ?) - langage - littératures et langues
  • voir MEI, revue de P8 ?

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Histoire de idées

Histoire des idées, histoire des mentalités, histoire intellectuelle, histoire conceptuelle, histoire de la critique, histoire des sciences et histoires internes des disciplines. Different tacks. D'autres auxquelles je ne pense pas. Quels enjeux chaque fois ? Des idéologies du savoir, des critiques du savoir. Des valeurs du savoir.

Question à tenir : où sont les idées ? Now. Quels acteurs, quels modes, quels canaux de diffusion, quels canaux d'action, quelles institutions, quels moyens financiers et politiques. ça change, vite. ça dit des choses, importantes, du présent politique. ça touche un quotidien politique et universitaire.

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Agenda #4 - management, et think tanks

Il faut aller repérer des points d'accès dans le discours du management. Business studies, marketing. Commencer par les rayons de Barnes & Noble's, les références de Salmon, la bibliothèque du collège ; et Theodor Levitt? Les revues aussi, bon point d'entrée. Levitt écrivait dans Harvard Business Review.

Mais aussi : justement, d'autres lieux de discours, que les canaux ordinaires de l'universitaire ; de l'intellectuel. Un autre public. Où comment ? Qui écrit ça, qui lit ça ? Comment ça se diffuse ? Les coaches, les séminaires, les motivationals etc. : un système de formation interne aux entreprises. Formation des cadres, formation d'une culture d'entreprise, acculturation interne (qui peut se vivre comme un centre, l'entreprise centre de gravité de la modernité), esprit d'entreprise ; processus d'organisation, et de transformation des hiérarchies. Le rapport de mécennat intellectuel des fondations et des entreprises de grande finance (Dexia, les invitations aux penseurs), les think tanks, le conseil, les branches symboliques de l'entreprise (communication, PR, DRH, attachés de presse).

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Communication et idéologie

C'est ce que je voulais commencer à sentir. Par où entrer dans cette intuition de la charge idéologique forte associée au thème de la communication, et l'hésitation et la curiosité que j'ai par rapport, par exemple - je m'en sers pour symptôme - à la création toute récente de l'UFR Culture et Communication de Paris 8. Transformation d'Infocom, en place depuis les années 1980.

A. & M. Mattelart (Histoire des théories de la communication) indiquent bien ce plan constamment présent, et la carrière de leur travaux (je cumule les deux) en fait une sorte de chronique, de titre à titre, de décennie en décennie :
1974 : Mass media, idéologies et mouvement révolutionnaire (Anthropos)
1976 : Multinationales et systèmes de communication ( " )
1979 : De l'usage des médias en temps de crise (A. Moreau)
1983 : La Culture contre la démocratie? L'audiovisuel à l'ère transnationale (avec X. Delcourt, La Découverte)
1992 : La Communication-monde. Histoire des idées et des stratégies (La Découverte)
1999 : Histoire de l'utopie planétaire. De la cité prophétique à la société globale ( " )
2002 : La Mondialisation des médias contre la censure (INA/De Boeck)
2003 : 2001 Bogues. Globalisme et pluralisme, 4. Communication, démocratie et globalisation. (avec G. Tremblay, PULaval)

Médias, mass media, audiovisuel - communication, culture, démocratie. Et globalisation.
Aussi : la technologisation du point de vue. Processus de neutralisation.
Communication : problème de société, d'interhumain, de culture, de collectif (public, foule, masse, global) - et problème du rapport de la technique, et de l'historicité que force l'innovation, au social.
Question de la modernité du social. Avec ses modes de domination (ou comme mode de domination), et de résistance. Une arène de tension, champ pour un rapport de forces, impressionnants. Problème du contrôle, de la régulation sociale.

L'histoire de la valence idéologique dans les discours et les professionnalisations de la communication en passe par la guerre froide (avec le Tiers-Monde), et par la critique des années 60.
Disons, pour commencer, trois positions repérables :
  1. la communication comme valeur libérale, puis néolibérale : le laisser-passer du commerce au 19ème (avec sa psychologie des foules, défensive ; et sa science sociale comme discipline), la logique fonctionnaliste de la Mass Communication et de l'innovation (modèle diffusionniste, théorie de l'information) associée à la politique du développement (rapports Nord-Sud et modèle de la domination), social engineering et "recherche administrative", ou "empirique", pour un contrôle social (dynamiques de la propagande et de la culture de masse comme produit démocratique - rapport de guerre froide), positivisme gestionnaire. La technique comme masque de la tension politique : donnée comme solution, neutralisant.
  2. utopies libertaires, et la bascule habituelle entre le libertaire et le (noé)libéral : le réseau, le globalisation, le cyborg et la postmodernité. Odd mixed bunch. Dont le bigaré n'est justement pas une anomalie : il est crucial, et éloquent.
  3. diverses échappées critiques : théorie critique, structuralisme, cultural studies anglaises, le "retour du quotidien" ou du sujet en interaction sociale, point de vue ethnométhodologique et de la réception,
Une position des Mattelart, critique : simplement montrer les pans critiques : les implications néolibérales, et les espaces de respiration et énergies de résistance, vie politique. Je cite de leur conclusion, organisée autour de la tension, historique, entre progrès et communication - càd traçant légèrement comme une ligne de succession entre un âge de la modernité positive (avec ses disciplines et ses impérialismes, ses guerres tranchées) et un présent marqué au sceau idélogique, apparemment doux décentralisé et déhiérarchisé (mais aussi dépolitisé, soit profondément idéologique), de la communication - on peut dire aussi, de la culture. Organisant aussi, par là, une histoire intellectuelle, histoire du savoir-pouvoir :

"Les sciences de l'homme et de la société se sont de la sorte rapprochées du 'sujet ordinaire'. / Mais dans ce trajet, certaines questions sur le rapport des intellectuels et de la société se sont estompées. La crise des utopies et des alternatives a atteint la notion de travail critique. [...] positivisme gestionnaire [.], nouvel utilitarisme, [.] stimule la recherche d'outils épistémologiques permettant de neutraliser les tensions à travers des solutions techniques. [...] montée en puissance des discours d'expertise [.], 'mise en métier' accrue des activités de communication [.] légitime des modèles
d'organisation [...]. [...] la société civile organisée [fait graduellement] entendre sa voix, et pren[d] conscience de l'importance de la question technique pour le devenir de la démocratie. [Forces de résistance, et "enjeu politique et intellectuel" :] concepts de droit à la communication, participation, société civile, service public, intérêt (public, diversité culturelle [...].
L'ère de ladite société de l'information est aussi celle de la production d'états mentaux. Il faut donc penser différemment la question de la liberté et de la démocratie. La liberté politique ne peut se résumer au droit d'exercser sa volonté. Elle réside aussi dans le droit de maîtriser le processus de formation de cette volonté." (104-105)

I'm not sure that I quite see the ultimate pertinence of this last state of thinking : quel sujet maîtrise un processus social culturel politique ? Alors c'est, en effet, une politique un mode politique qui cherche sa gravité : la résistance communicationnelle, soit l'appropriation (le mot est clé dans le livre) des modes et pratiques, oui.

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Wednesday, April 11, 2007

Les Etats-Unis, l'Amérique, et l'Ouest - par la littérature

Tiens, une question de (géo-)politique culturelle toute simple, dans le fait que la question du Literary Canon, qui a préoccupé le débat plus ou moins public aux Etats-Unis depuis les années 80, est celle du Western Canon. Rencontre-t-on la question d'un American Canon dans ce débat? Bien celle de American Literature, oui. Mais American Canon? Quelle différence se fait, là? Quel rapport à la nation, et de la nation à la culture? La littérature en particulier - comme un des lieux où la question de la culture semble peut-être créer un espace alternatif, protégé peut-être, par rapport au rouleau compresseur du thème multiculturaliste où les conservateurs de tous poils voient une politicization indue de l'univers académique, de l'éducation nationale, et de la vie culturelle. Quelle opération, exactement, de dépolitisation - par la littérature, et par la géographie culturelle imposée par là.

Et comment ça articule ou désarticule le lieu commun entre le littéraire, le savoir, et le politique. Encore une fois, classique, par la question de ce qui déborde le national.

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Thursday, April 05, 2007

Agenda #3 - communication

Je n'avais plus pensé à ce lien, cette histoire d'une question qui m'apparaît maintenant, pressante, et refait lentement sa généalogie sourde à rebours :
pour situer la communication ici-maintenant, son statut comme discipline et son pouvoir comme pratique sociale (pratique politicienne, pratique [post-]industrielle et commerciale), on peut aller voir ce que montre le rapport à Communications, crée par Barthes, Edgar Morin et Georges Friedmann (1962?), comme organe du CECMAS : Centre d'études sur les communications de masse, installé à l'EPHE. Voir son argumentaire, ses contributeurs, son histoire et l'histoire de ses positionnements - son travail de situation, de contextualisation, puisque nouvelle voix nouveau point de vue il y a. Ses rapports avec le structuralisme, les processus de redistribution des disciplines, et de refonte du rapport entre science/pensée et société.

Intéressant : Daniel Bell est contributeur du n°2 (1963, en première page). Il s'agit de :
"L'une des expressions-repères favorites de notre temps est celle de société de masse, qui s'emploie aussi bien pour exprimer l'aspect passif de l'existence que sa mécanisation, ou que la disparition de critères de jugement. Ces différents emplois du mot reflètent des philosophies réactionnaires ou progressistes, car l'expression, apparemment purement descriptive, est en réalité lourde de toute une série de jugements portés sur la société moderne."

A mettre en contexte, avec Mattelart (Histoire de la société de l'information, 49), avec l'histoire de la démocratie (Tocqueville et la menace de l'uniformisation), des crises de la "haute culture européenne" (Mattelart ici est passé par les Cultural Studies; ce concept est peu français à mon oreille), pointées diversement par l'Ecole de Francfort (standardisation, et démoralisation, de "l'industrie culturelle"), ou David Riesman ("the lonely crowd"). Avec un appui sur Marx et Weber, écrit Mattelart, et les théories de l'aliénation,
"le thème de la massification dessine la ligne de partage entre les intellectuels critiques et les intellectuels intégrés [la guerre d'Irak est passé là, aussi, avec les journalistes "embedded" plutôt qu' "engagés", à la Hemingway en Espagne ? seulement à mon oreille pour ce qui est des faits, première édition en 2001. Si ce n'est pas elle, c'est donc son frère, infiltré déjà. En question : les transformations de l'intellectuel]. Entre ceux qui dénient à la société de masse et à la culture de masse un potentiel émancipateur et ceux qui, effaçant toute interrogation sur l'inscription de ladite culture de masse dans les dispositifs de la régulation sociale, croient en leurs vertus démocratiques, en leur capacité à favoriser une plus grande participation des grandes majorités et à diminuer la distance entre le centre et la périphérie de la société moderne."

Dans la carrière de Communications, on pourrait peut-être lire l'histoire d'une pensée du rapport entre langage et société, avec les implications politiques de ses reconfigurations du savoir et de la critique, et en particulier ses implications précises sur les conceptions et les pratiques du travail (de l') intellectuel. La trajectoire de Bell, des New York Intellectuals et la Socialist League à The End of Ideology (1960) puis les neo-cons est toute une aventure, aux enjeux spectaculaires.
Et puis : Barthes ?? Par lui seul on peut mettre beaucoup à jour. C'est sans doute déjà fait, par Dosse par exemple. Il faudrait aller revoir.

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Tuesday, March 27, 2007

Intellectuels - situations

Quelques repères et quelques situations.
Les intellectuels comme praticiens d'une "vie de l'esprit", idées et livres ; les intellectuels comme classe/s professionnelle/s (analyses marxistes) ; les intellectuels comme détenteurs d'une autorité culturelle, utilisées pour intervenir en public, dans le débat public.
"Hommes de lettres" : une figure ancêtre. Literati, alors (maintenant term of abuse) - et citoyens de la République des Lettres, développée au 17ème dans la France des salons (et des femmes). Au singulier en anglais on dit litterateur.
Il faut aussi placer dans l'histoire la professionnalisation du journaliste (Defoe), après l'apparition des critiques de "l'espace public", des coffee houses de Londres et des gazettiers (Dr. Johnson, Addison etc.)
Coleridge parle déjà de clerisy, classe plutôt qu'individu, et équivalent séculier du clergé anglican - ayant en mission la défense de la culture (nationale).
Au même moment, début 19ème, intelligentsia. Statut de classe des travailleurs du cerveau, et autres white-collar. Alistair McGrath, The Twilight of Atheism (2004) : "the emergence of a socially alienated, theologically literate, antiestablishment lay intelligentsia is one of the more significant phenomena of the social history of Germany in the 1830s".
Ligne de tension, diversement déclinée selon temps et lieux, entre l'intellectuel et de l'academic. L'université a pu être le centre de gravité de l'intellectualisme dans une société, ou tout à fait marginale.
L'affaire Dreyfus : émergence de l'intellectuel dans la vie publique. Zola, Octave Mirbeau, Anatole France. Apparemment c'est Clémenceau qui utilise le nom de premier. On aime penser ça en tout cas.
Il faut aussi situer Benda, alors, et les clercs.

Fonctions des intellectuels : créateurs et critiques de l'idéologie. Soutiennent les vérités et les valeurs du pouvoir en place (son bras intellectuel), ou (et-ou, et toutes les variantes de ça, naturellement) sont dissenters. On cite Chomsky comme exemple actuel.
Problème délinéé : le rapport de l'intellectuel à la propagande, l'endoctrinement, et l'aveuglement acritique - et leurs critiques.
Une ligne de conflit classique : l'intellectualisme dans sa tradition rationnaliste, et les tenants, divers, de l'émotif, de l'instinct, et du primitif.
Quand les journaux parlent d'intellectuels, l'association générale (aux Etats-Unis) est avec les universitaires, ceux des Humanities en particulier, philosophes souvent, qui s'expriment sur les questions sociales et politiques. Communicators.

Les lettrés chinois, une tout autre histoire. Instrumentalisation millénaire par le pouvoir des "scholar-bureaucrats".

Bon, Sartre, Gramsci, Foucault.
Après (, avant, pendant,) il y a "l'intellectuel libéral occidental", désigné par Daniel Bell, figure organisatrice du Congrès pour la liberté de la culture (dont conférence de 1955 à Milan : "Le futur de la liberté", avec entre autres participants des socialistes anglais, Arthur Schlesinger Jr, Friedrich A. von Hayek, et Raymond Aron...). On en est alors à la guerre des cultures, et à la Cold War Culture.
L'intellectuel libéral est appelé à remplacer la figure marxiste de l'intellectuel, et représente l'un des personnages conceptuels des discours sur la fin des idéologies : "fin de l'âge de l'idéologie, fin du politique, fin des classes et de leurs luttes, mais aussi fin des intellectuels contestataires et fin de l'engagement", écrit Mattelart dans son Histoire de la société de l'information (La Découverte, 2001-2006, p. 48). Pour entrer dans la révolution de la société managériale, postindustrielle et technocratique : "société de l'information", "knowledge society". Celle des experts. En étant passé par la case de la dissidence (voir le travail d'AB sur Marcel Gauchet).
Nous voilà propres.

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Monday, March 19, 2007

Le savoir et le politique

Quelque évidences que je n'avais pas encore vues : (toujours avec Weber)
  • la question de l'intellectuel, c'est celle du public. Je crois que c'est Cusset qui parle de "l'intellectuel public" pour sa situation croisée entre l'Amérique et la France. Le savoir et le public.
  • l'université américaine (not), comme cette question des situations différentes de la question de l'intellectuel : pose pour moi le rapport politique, soit culturel et idéologique, au savoir.
  • la situation que fait Anne Berger dans son article pour Labyrinthes 24, depuis un point de vue comparatiste sur les champs d'études aux Etats-Unis, me montre combien cette question est encore feuilletée de sociologie, de culturel et d'idéologique : comme elle voit du disciplinaire et du scientifique, des questions épistémologiques et insitutionnelles, depuis son point de vue dans une "big research university", et habite dans cette conversation là. Tandis que depuis Brooklyn, que je comprends toujours plus intimement comme collège (et non university), je rencontre mal l'épistémologique ; le rapport au savoir est bloqué, on l'évite, on le pousse de côté, il s'agit d'autre chose. La recherche oui, mais dans un à-côté, si fertile et riche et en prise soit-il. Et pour les étudiants : une socialisation, plutôt qu'une formation. Confirmation de cette impression, française, par une collègue française ayant fait toute sa carrière l'enseignement ici. Famille, entre-deux entre la famille et la société. A Brooklyn pourtant les étudiants sont loin d'être pampered : le support de la famille se délite nettement plus vite quand on n'appartient pas aux couches aisées et wasp. A Brooklyn donc, college : l'accent est sur le pédagogique, le discours sur la academic (un-)preparedness, la diversité ethnique comme richesse et condition de la vie du collège, le rapport aux fortunes et faillites de l'enseignement scolaire en amont, la logique du No Child Left Behind, la literacy dans les classes de Composition. Dès qu'on passe aux electives et aux English Majors, on commence à parler de plaisir. De lecture et d'écriture.
  • Anne Berger fait partir les choses des area studies, comme état d'origine des choses avant l'influx de la French Theory. C'est important. Il n'y avait pas que le New Criticism et la nouvelle rhétorique : mais aussi une géopolitique intellectuelle de l'après-guerre, formant des territoires universitaires et disciplinaires. D'où s'originent aussi les postcolonial studies (in her description, the least reterritorialized of the "studies" fields) et les minority studies de tous horizons. Carte des zones d'influence américaine. Carte de la politique internationale des Etats-Unis, et de l'idéologie qui est devenue celle de la globalized corporate culture. Dont les pratiques et les formes de l'économie-mondialisée des savoirs, donc.

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Thursday, March 15, 2007

L'intellectuel et la gauche : Perry Anderson ?

On semble travailler les questions de la droite intellectuelle. Continuer à défaire, à grignoter, l'association automatique dans l'histoire intellectuelle française, de l'intellectuel avec la gauche - Sartre, Foucault.
Après les Antimodernes de Compagnon, Les Anti-Lumières de Zeev Sternhell (Du XVIIIe siècle à la guerre froide, Fayard, 2006) - et dans la lignée plus longue du travail de Furet sur la Révolution -, le nouveau livre de Perry Anderson, qu'on peut mal soupçonner d'anti-gauche bien entendu (comme éditeur de longue date de la New Left Review): Spectrum: From Right to Left in the World of Ideas (Verso, 2007, à paraître en mai). A voir, donc. Et conférence à Columbia annoncée pour la fin mars.
C'est un versant qui m'intéresse depuis longtemps : l'histoire intellectuelle de droite, jusqu'à dure. L'intelligence de Maurras, l'intelligence de Wyndham Lewis. Et la question, chaque fois décisive, de ce qu'on fait de la Révolution. Et de l'art. Voir Hulme, plaçant Maurras, et l'anti-révolutionnaire, comme pivot entre Classicisme Romantisme et néo-classicisme, pour appeler un Modernisme anti-moderne.
Noté aussi, une lecture à vraiment enfin faire : Edmund Burke, Reflections on the Revolution in France, publié dès 1790.

En jeu certainement, la crise de la gauche. Toujours boîteuse depuis le backlash contre la "pensée-68", et la stalinisation puis la fin de l'Union soviétique. Et boîteux le monde intellectuel depuis aussi, en France.

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Tuesday, March 13, 2007

Weber

Ce qui me renvoie à Weber - la vocation, le savant, et le politique.
Le travail intellectuel.
Je ne couperai pas à ce passage. Prévu de longue date t'façon.

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Wednesday, February 07, 2007

Le travail universitaire

Ce qui me paraît si juste dans pointer cette question pour l'actualité la plus immédiate, c'est qu'elle me semble un crux particulièrement clair du continu entre l'université et la société. Celui dont l'évidence semble toujours à redémontrer - quelle pression culturelle et idéologique de ces décennies, pour qu'il faille cette sensation d'avoir à refaire la démonstration constamment; à trouver toujours d'autres moyens pour faire voir ? - du fait que l'université est l'une des interfaces sociales et culturelles, et l'un des fronts conflictuels de la vie politique, et non la ivory tower (Graff doit encore s'en défendre - et en le faisant, par malaise de culpabilité, il affaiblit sa position de discours), et non l'isolement glorieux/prétentieux (depending which side you're on), et non les vieilleries et inanités se reproduisant.
C'est juste, avec toutes les torsions que bien sûr on y repère d'emblée, que le Grand Débat ouvert pour verrouiller le mouvement social sur le CPE oriente les regards sur la question de l'emploi. Exactement, sur la question du travail, détourner le regard dans la direction qui n'est pas celle du travail comme socialisation et politisation, ni celle de la valeur comme unité de vie. Et où on tient un peu plus séparés les plans du travail et de l'intellectuel. Où on rend un peu plus intenable le travail intellectuel comme travail.
Parler d'emploi comme le produit universitaire - et ne pas parler de l'emploi universitaire. Parler des compétences pour l'emploi comme mission de l'université - et taire les processus jumeaux de la formation (travail), et de la recherche (travail).
L'université est, de toutes parts, dans le monde du travail. Qu'il faut déconfondre d'avec le monde de l'entreprise - ne pas le laisser kidnapper pour la société de l'entreprise.
Le travail intellectuel, donc. Sa pratique, sereinement sur son propre terrain. Et le travail universitaire, comme point de vue à exiger dans la lutte-la vie (simplement la pratique des enjeux) politique.

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