Saturday, March 10, 2007

La culture pour la mondialisation : logique d'une (dé)politique

Ici il s'agit de l'art pour la culture, et de la culture pour la mondialisation.
De l'art donc, dans ses états de socialisation actuels. Sa politique, son marché, son public, sa définition de l'oeuvre et du rapport à l'oeuvre (soit: du sujet de la culture, et de la société par la culture), ses institutions et ses innovations institutionnelles ; ses redéfinitions de la géographie du public et du privé.

Un article du Diplo de février, « Du Louvre à Orsay, en passant par le Centre Georges Pompidou. Les mille et une astuces des musées pour se vendre » (Philippe Pataud Célérier), donne un index pour une situation contemporaine :
Circonstances : politiques actuelles d’échanges entre musées, avec l’exportation d’œuvres du Louvre au High Museum of Art d’Atlanta, avec Coco-Cola parmi les mécènes du projet, et au sein d’un complexe d’ « attractions », dont aquarium géant ; les rencontres du directeur du Louvre avec le prince Al-Nayan, président du CA de l’Abou Dhabi Tourism Authority.
L’index d’une cohérence :
. la culture-tourisme pour la mondialisation (des « relations internationales », ou « diplomatie », à la mondialisation) : « volonté politique à résonance diplomatique et économique » de la part de la France, répondant à l’offensive politique par la culture d’initiatives (créer des zones d’immense valeur culturelle, amenant tourisme et sa consommation para-culturelle). La Fondation privée Guggenheim, « la plus agressive ». L’Hermitage loue ses collections à un hôtel-casino de Las Vegas. Versailles ouvert à et dégradé par la masse de visiteurs, billets forfaits + audioguide et parcours libres (de 13,50 à 20 €).
. concurrence entre musées
. fragilité de cette filière économique (crises internationales)
. financement : désengagement de l’état, recherche de ressources propres (billetterie, concessions, locations d’espaces, espaces de marchandises). Perturbe les missions premières des musées : recherche, conservation, communication des collections « à des fins d’étude, d’éducation et de délectation » (Conseil international des musées de l’UNESCO).
. statut juridique : privatisation. Versailles EPV. Grands musées transformés en établissements publics administratifs (EPA). Donne une autonomie de gestion sous tutelle de l’Etat, avec « contrat de performance » de 3 ans (Louvre).
. participation de mécènes privés
. rapport de consommation : billets forfaits + audioguide et parcours libres : les œuvres « biens de consommation », et produits dérivés – Fin 2004, fin de la gratuité pour artistes et enseignants (en partie rétablie seulement). Le tourisme : nouveau rapport, mais sans réévaluation du périmètre des missions.
. le musée : architectes, et coques, dont les contenus ne sont pas l’objet de l’attention (Bilbao)
. l’œuvre : « choix de chefs d’œuvres médiatiques ». A Branly, la scénographie, « le designer prend le pas sur le scientifique »
. rapport aux œuvres : parcours visite du Louvre + « mise en intrigue » / Da Vinci Code. Se photographier devant…
. le critique : « les médias »
. le public : la « masse », « l’afflux », le tourisme. Visiteurs étrangers / 0,6% de chômeurs et RMIstes visitent le Louvre en 2004.
. conservation : instrumentalisation et dégradation du patrimoine. Opérations événementielles présentées comme une logique d’enrichissement du patrimoine / ressorts commerciaux.
. le chercheur comme expert : leurs travaux scientifiques des conservateurs ne sont pas à l’origine du projet, eux-mêmes deviennent les « faire-valoirs de projets qui s’élaborent sans eux mais qu’ils doivent défendre devant les médias »

A connaître : La Tribune de l’art (Didier Rykner), et son éditorial, "Le Combat continue".

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