Tuesday, March 27, 2007

Intellectuels - situations

Quelques repères et quelques situations.
Les intellectuels comme praticiens d'une "vie de l'esprit", idées et livres ; les intellectuels comme classe/s professionnelle/s (analyses marxistes) ; les intellectuels comme détenteurs d'une autorité culturelle, utilisées pour intervenir en public, dans le débat public.
"Hommes de lettres" : une figure ancêtre. Literati, alors (maintenant term of abuse) - et citoyens de la République des Lettres, développée au 17ème dans la France des salons (et des femmes). Au singulier en anglais on dit litterateur.
Il faut aussi placer dans l'histoire la professionnalisation du journaliste (Defoe), après l'apparition des critiques de "l'espace public", des coffee houses de Londres et des gazettiers (Dr. Johnson, Addison etc.)
Coleridge parle déjà de clerisy, classe plutôt qu'individu, et équivalent séculier du clergé anglican - ayant en mission la défense de la culture (nationale).
Au même moment, début 19ème, intelligentsia. Statut de classe des travailleurs du cerveau, et autres white-collar. Alistair McGrath, The Twilight of Atheism (2004) : "the emergence of a socially alienated, theologically literate, antiestablishment lay intelligentsia is one of the more significant phenomena of the social history of Germany in the 1830s".
Ligne de tension, diversement déclinée selon temps et lieux, entre l'intellectuel et de l'academic. L'université a pu être le centre de gravité de l'intellectualisme dans une société, ou tout à fait marginale.
L'affaire Dreyfus : émergence de l'intellectuel dans la vie publique. Zola, Octave Mirbeau, Anatole France. Apparemment c'est Clémenceau qui utilise le nom de premier. On aime penser ça en tout cas.
Il faut aussi situer Benda, alors, et les clercs.

Fonctions des intellectuels : créateurs et critiques de l'idéologie. Soutiennent les vérités et les valeurs du pouvoir en place (son bras intellectuel), ou (et-ou, et toutes les variantes de ça, naturellement) sont dissenters. On cite Chomsky comme exemple actuel.
Problème délinéé : le rapport de l'intellectuel à la propagande, l'endoctrinement, et l'aveuglement acritique - et leurs critiques.
Une ligne de conflit classique : l'intellectualisme dans sa tradition rationnaliste, et les tenants, divers, de l'émotif, de l'instinct, et du primitif.
Quand les journaux parlent d'intellectuels, l'association générale (aux Etats-Unis) est avec les universitaires, ceux des Humanities en particulier, philosophes souvent, qui s'expriment sur les questions sociales et politiques. Communicators.

Les lettrés chinois, une tout autre histoire. Instrumentalisation millénaire par le pouvoir des "scholar-bureaucrats".

Bon, Sartre, Gramsci, Foucault.
Après (, avant, pendant,) il y a "l'intellectuel libéral occidental", désigné par Daniel Bell, figure organisatrice du Congrès pour la liberté de la culture (dont conférence de 1955 à Milan : "Le futur de la liberté", avec entre autres participants des socialistes anglais, Arthur Schlesinger Jr, Friedrich A. von Hayek, et Raymond Aron...). On en est alors à la guerre des cultures, et à la Cold War Culture.
L'intellectuel libéral est appelé à remplacer la figure marxiste de l'intellectuel, et représente l'un des personnages conceptuels des discours sur la fin des idéologies : "fin de l'âge de l'idéologie, fin du politique, fin des classes et de leurs luttes, mais aussi fin des intellectuels contestataires et fin de l'engagement", écrit Mattelart dans son Histoire de la société de l'information (La Découverte, 2001-2006, p. 48). Pour entrer dans la révolution de la société managériale, postindustrielle et technocratique : "société de l'information", "knowledge society". Celle des experts. En étant passé par la case de la dissidence (voir le travail d'AB sur Marcel Gauchet).
Nous voilà propres.

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