Monday, May 21, 2007

Situation des intellectuels

Une évidence et un rapport, qu'il vaut mieux ancrer que de laisser flotter hors de vue :
rapport avec la certitude, acquise d'expérience, que les détentes de la pression sociale (sur l'universitaire et sur l'intellectuel) ne peuvent pas et ne doivent pas, sous peine d'écrasement de la personne dans l'individu scientifique, se prendre sur le temps de travail, le plus d' "investissement", le plus d'encadrement pour la "réussite", etc. Jamais un plus, jamais un dehors.
Les pressions pour ces plus sont des actes politiques visibles. Le point de vue syndicaliste sait ça.

C'est à la lecture de Bruce Robbins sur "The Grounding of Intellectuals" (introduction au volume Intellectuals. Aesthetics, Politics, Academics, B. Robbins ed., for the Social Text collective, U of Minnesota P, 1990) que les choses tombent en place dans leur évidence - la thèse étant qu'il n'y a pas à se coincer dans la perspective d'un divorce entre intellectuel et société (où il faudra faire un effort supplémentaire pour se ground en elle), et à faire sur ce paradigme une histoire plombée du côté de l'origine par un Age d'or absolutiste et du côté du maintenant par un déclin (a running to ground), puisque cette représentation est déjà une idéologie. Une théorie, située, du rapport savoir/pouvoir. Autre point de vue organisé par le texte : le travail intellectuel est déjà situé, quelles que soient les - historiquement et politiquement multiples - motivations pour le représenter dans une autonomie par rapport à l'économique, au politique, à l'historique, etc.

La remarque concerne LA figure de l'intellectuel (et la marque au passage par la francité - c'est aussi pourquoi l'étude critique américaine de Stanley Aranowitz, dans "On Intellectuals" du même volume, prend son terrain d'illustration dans le devenir de la gauche de pouvoir sous Miterrand et des "élites intellectuelles") : Sartre :


According to Sartre, "The intellectual is someone who concerns himself with what is none of his business" [dans Plaidoyer pour l'intellectuel, d'après ce que je devine] (12). This definition is self-contradictory. To make something your business, either in the sense of deriving a living from it (though "business" in the sense of "making a living" is not suggested by the French original) or simply by devoting a great deal of time and energy to it, is paradoxically to disqualify that activity as the basis of your identity as an intellectual. It must be, as it were, a hobby, carried on in leisure time, touched only lightly and glancingly in the course of a life centered elsewhere. Sartre's famous call for "engagement" is simply the other side of this coin. Sartre has to indulge in ardent, moralistic voluntarism in order to get inllectuals attached to the world again, for the simple reason that his own definition has assumed their initial detachment from it. [... but, by virtue of the necessary situatedness of intellectuals,]
Book titles that link intellectuals to politics, the state, revolution, reform, modernization invariably fail in their attempt to achieve catchy incongruity. The wishful incongruity between intellectuals and politics dissolves into a historic intimacy. (xv)

Labels: ,

0 Comments:

Post a Comment

<< Home