Wednesday, February 14, 2007

Composition studies : literature et literacy

Un peu au pif, trusting the serendipity of open-shelf libraries, j'ai sorti deux volumes un peu récents et un peu ambitieux du côté de l'histoire (contextualisation) et de la théorisation pour continuer à travailler le rapport entre littérature et langage dans une de ses questions qui forme aux Etats-Unis une pratique étonnamment fondamentale et déterminante dans l'institution universitaire - et au-delà (creative writing), et en amont (high school). C'est la tension historique et politique entre English et Composition. Literature et literacy.
Mes deux titres, en dehors de l'histoire de Graff et de la Rhétorique d'Adam Smith (quoique je n'aie pas encore jeté un oeil dans Hugh Blair, qui semble fonctionner comme une référence plus centrale encore, de cette tradition de la rhétorique associée au belletrism : Lectures on Rhetoric and Belles Lettres, To Which Are Added, Copious Questions: And an Analysis of Each Lecture By Abraham Mills, Teacher of Rhetoric and Belles-Lettres, 1783, Philadelphia, Porter and Coates, 1873) :

  • Connors, Robert J. Composition-Rhetoric. Backgrounds, Theory, and Pedagogy. U of Pittsburgh P, 1997
  • McClelland, Ben W. and Timothy R. Donovan eds. Perspectives on Research and Scholarship in Composition. New York, MLA, 1985
  • j'ajoute un article proposé à lecture et discussion dans le cadre du groupe de travail de Brooklyn College : "The Cultures of Literature and Composition: What Could Each Learn from the Other?", Peter Elbow dans College English (May 2002).
Autour de ce jalon institutionnel se polarise tout un ensemble de problèmes, qui se placent par là dans une perspective commune dont on peut tirer pas mal de lucidité sur une situation contemporaine. Si nombreux et enchevêtrés qu'on n'aura pas fini de les distinguer, de les identifier. Il faut commencer.

  • histoire de l'université : un moment déterminant est la décision prise par Harvard, en 1874, d'établir un "written entrance exam", les autres établissements devant naturellement follow suit dans les dix années suivantes. La réalisation de "the illiteracy of American boys", et l'installation progressive et universelle de "Freshman Composition". Appelé, dans sa première morphe à Harvard, "English A". Une remarquable et étrange redisposition des Humanités, et de la littérature dans son fonctionnement et sa valeur dans le trivium des Liberal Arts comme acculturation.
  • histoire disciplinaire : un autre moment déterminant : quelque part dans la fin des années 60, et l'apparition des Composition studies, comme champ scientifique
  • histoire disciplinaire toujours : l'histoire d'une progressive érosion de la littérature dans English - Freshman Composition pouvant fonctionner dans les établissements comme une façon de conserver du terrain, et la fonction leavisite de la littérature comme Humanité et "centre" de l'université comme culture, pour les départements de English mis en péril par les secousses disciplinaires des 70s-80s. Composition comme outil de présence, déjà dans un déporté scientifique et donc culturel (colonie et arc-boutant).
  • une histoire sociale et politique : de la "proletarianization of the profession of English". De la fracture entre adjuncts-TAs (les graduate students formant le gros des troupes pour Composition) et professors (honorifiquement chargés de l'enseignement de littérature), a découlé nécessairement l'érosion générale d'une situation politique des enseignants - de English. [plus complexe que ça, bien sûr. Je ne fais que poser un premier chaînon. M'importe : comprendre qu'une certaine division du travail engendre nécessairement, ou disons classiquement dans les rythmes politiques modernes, une fragilisation sociale culturelle et politique du secteur dans son ensemble. Peut-être. L'opération politique de la division, puis la fragmentation, et l'individualisation. Beaucoup plus à déplier ici. M'importe : le fait que cette articulation se fait, sur ce terrain particulier, autour d'un partage entre literature et literacy. Qui est superposable assez précisément je pense, il faudrait voir, avec le partage entre recherche et enseignement.]

Mais ce que je veux noter surtout c'est le visage, la structure que ça a pris, et que ça a institutionnalisé (départements, curricula, industrie des textbooks, emploi universitaire des graduate students), jusqu'à devenir une grammaire curieusement formalisée. Ses termes sont parlants, et se donnent bien à l'analyse. On sent qu'une analyse est possible. Je la commence.

Dans les termes de Robert J. Connors donc (p. 12) :

[The textbooks] had in common an attraction for taxonomy and simplicity. They included the four modes of discourse (narration, description, exposition, and argument [on parle donc, je l'ai rencontré à BC, de "expository prose", de "argumentative prose"]), the methods of exposition (process analysis, definition, comparison/contrast, classification, and so on), the three levels of discourse (diction, sentence, and paragraph), the "narrow-select-develop-outline" invention structure, the conception of the organic paragraph, the rhetorical and grammatical sentence types, and the static abstractions of Unity, Coherence, and Emphasis. [... :] the very heart-ideas of the composition course after 1910

Des réactions classiques de "theory years" : "poststructuralist" ("the benighted rationalist attitudes, oppressive patriarchal values"), "Marxo-constructivist" ("in the service of hierarchy, elitism, and a vision of capitalist individualism"), "feminist analysis of composition history"...

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