Actualité critique
Comprendre quelque chose du politique, et son historicité. Force politique, énergie humaine.
Par Stuart Hall et ses démêlés et lectures avec Gramsci, avec Foucault, avec Bourdieu (par exemple dans « Notes on Deconstructing ‘the Popular’ », 1981). La notion de champ de forces – où tout est en histoire, en équilibre dynamique et conflictuel des forces, qui ne prennent leur valeur et ne sont donc analysables que dans un contexte global. Une époque – mot de GD – et ses intempestifs. (l’art, en particulier, critiquement, comme son intempestif).
Il s’agit de l’actualité, et du travail critique. Du travail qui ne peut être critique que s’il sait où il agit ; et ne cesse de le savoir. De mon tropisme vers l’actualité, vers le diagnostic : vers cette certitude d’une nécessité, pour les disciplines et pour le travail universitaire et pour l’activité critique et la vie même – politique –, d’analyser ce qui vient, d’y tendre l’attention, et de maintenir une constante réponse en termes de contextualisation.
La pauvreté des propositions de Charles Bernheimer cherchant à dessiner pour la Littérature comparée américaine une modernité de 1993, « in the age of multiculturalism » – Comparative Literature in the Age of Multiculturalism, Baltimore MD., Johns Hopkins UP 1995 : tient à ce que la pensée du contexte est empruntée aux sciences sociales. Les disciplines de la littérature et de la culture qui sont en travail là y sont aussi affaiblies par ce déport de disciplinarité – l’absence d’un mode propre de la contextualisation. L’absence d’un point de vue sur l’actualité.
Le rapport 2004 de Saussy a déplacé et le ton (vers nettement moins triomphant) et la formulation (vers : Comparative Literature in an Age of Globalization, Haun Saussy ed., Baltimore MD., Johns Hopkins UP, 2006)
Un article sur l’Inde dans le Monde diplomatique de septembre : « Pari américain pour l’Inde. Emergence d’une nouvelle puissance » (Christophe Jaffrelot, Sciences Po et CNRS). L’Inde fait partie de ce qui vient. Des intensifs actuels de l’énergie humaine. Comme aussi les bulldozers de l’idéologie ultra-dominante de l’époque – néolibéral, mondialisation, etc. Il faut répondre ; il faut une responsabilité critique. C’est indispensable pour qu’une discipline soit critique. Et soit partie prenante d’une université qui ait du sens dans la société – qui elle ne peut être que de son temps. Plutôt : on appellera « la société » ce qui est de son temps, et collectivement. Un présent politique. Y compris et surtout, puisque c’est là que la société vit, dans les conflits du collectif : là où il grince et se tord et se déplace se déchire se refait, au prix des souffrances et au gré des fortunes des individus. L’université ne peut pas se permettre d’être conservatrice – ni non plus la gauche, comme formation politique. Il faut répondre, et déraciner les positions et redoubler d’analyse – relentless erudition, Foucault ; c’est l’activité et l’action critiques – si les réponses ne signifient plus rien dans le présent politique. On ne défend pas la Littérature. On la repense, en écoutant très fort ; en arrachant une écoute et une responsabilité. On ne défend pas les référentiels nationaux, les démocraties universitaires, les services publics du savoir. Pas par les batailles syndicales et les modes de résistance actuels en tout cas : this much is clear. C’est autrement qu’il faut faire.
Et c’est déjà un piège conservateur que de poser la question en termes de l’engagement des intellectuels ; ou, bien pire, de « l’investissement » professionnel. Claire duperie, qui est le produit de l’idéologie individualisante – celle qui prive les sujets de leur force subjective tirée, pour chacun, de la force du collectif qu’il porte avec lui si un collectif existe.
Le discours sur le conservatisme français, la nécessité de la réforme, et les blocages de la réforme, par les différents acteurs, syndicaux en particulier : ce qu’on entendait beaucoup sous Raffarin ; et ce qui semble déterminant dans la montée des deux personnages du moment, Royal et Sarkosy. Déterminant aussi dans le présent si tiraillé, et désorienté, du PS.
De même, la question de l’inégalité.
On entend reparler d’inégalité, d’accroissement des inégalités, comme un point focal du discours sur la mondialisation qui commence à battre de l’aile ; qui s’intéresse à ses discontents (Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, Globalization and its Discontents, 2002). L’inégalité, les inégalités : discours de la gauche française sur une longue et épaisse tradition. Avec l’égalité et la fraternité, la solidarité. Racines dans Rousseau, au moins. La question est, si je pense avec la notion du politique comme force et champs de forces : pourquoi l’inégalité est-elle mauvaise ? Pas par morale, pas par générosité de base, pas par nature humaine bonne de fond – bonnes intentions, dirait GD. Temps de l’origine. L’origine de l’inégalité parmi les hommes, et l’homme naturellement bon corrompu ensuite par la société –.
Mais parce que : mauvaise énergie, depleting, qui vide le vivant, qui dépolitise, désubjectivise, fait mourir. Pour les sociétés ; pour certaines sociétés et donc pour l’homme. Pour « la vie des peuples » (Saussure).
L’énergie d’une société ; l’énergie humaine, énergie culturelle dans l’histoire d’un pays. Jaffrelot note, sur l’histoire de l’Inde depuis l’indépendance : « Si Jawaharlal Nehru croyait – comme Mohandas Karamchand Gandhi – aux valeurs (aux normes, dirions-nous aujourd’hui [le shift est assez éloquent]), les stratèges des think tanks indiens considèrent que 'faire de l’Inde la plus grande démocratie du monde' aura bien moins rapporté au pays que les essais nucléaires de 1998. » C’est un autre point de vue sur la valeur politique et son historicité. Son flux, et son incidence immense, si profondément déterminante, pour tous et chacun.
L’Iran maintenant, aussi. Voir. Ça va tirailler fort là ; ça va détruire infiniment, on en pleure déjà de douleur humaine. La Chine bien entendu ; le Mexique.
Il faut aller en Inde. Lire le travail actuel des chercheurs indiens sur la traduction. Aller voir, peut-être, leur tradition, il me semble riche et ancienne, de réflexion sur la grammaire et sur le langage. Certainement, sur la diversité des cultures et la notion de nation.
Simplement penser le politique, et le critique – y compris concrètement, localement, chaque fois, les pratiques des disciplines – par l’histoire.
Par Stuart Hall et ses démêlés et lectures avec Gramsci, avec Foucault, avec Bourdieu (par exemple dans « Notes on Deconstructing ‘the Popular’ », 1981). La notion de champ de forces – où tout est en histoire, en équilibre dynamique et conflictuel des forces, qui ne prennent leur valeur et ne sont donc analysables que dans un contexte global. Une époque – mot de GD – et ses intempestifs. (l’art, en particulier, critiquement, comme son intempestif).
Il s’agit de l’actualité, et du travail critique. Du travail qui ne peut être critique que s’il sait où il agit ; et ne cesse de le savoir. De mon tropisme vers l’actualité, vers le diagnostic : vers cette certitude d’une nécessité, pour les disciplines et pour le travail universitaire et pour l’activité critique et la vie même – politique –, d’analyser ce qui vient, d’y tendre l’attention, et de maintenir une constante réponse en termes de contextualisation.
La pauvreté des propositions de Charles Bernheimer cherchant à dessiner pour la Littérature comparée américaine une modernité de 1993, « in the age of multiculturalism » – Comparative Literature in the Age of Multiculturalism, Baltimore MD., Johns Hopkins UP 1995 : tient à ce que la pensée du contexte est empruntée aux sciences sociales. Les disciplines de la littérature et de la culture qui sont en travail là y sont aussi affaiblies par ce déport de disciplinarité – l’absence d’un mode propre de la contextualisation. L’absence d’un point de vue sur l’actualité.
Le rapport 2004 de Saussy a déplacé et le ton (vers nettement moins triomphant) et la formulation (vers : Comparative Literature in an Age of Globalization, Haun Saussy ed., Baltimore MD., Johns Hopkins UP, 2006)
Un article sur l’Inde dans le Monde diplomatique de septembre : « Pari américain pour l’Inde. Emergence d’une nouvelle puissance » (Christophe Jaffrelot, Sciences Po et CNRS). L’Inde fait partie de ce qui vient. Des intensifs actuels de l’énergie humaine. Comme aussi les bulldozers de l’idéologie ultra-dominante de l’époque – néolibéral, mondialisation, etc. Il faut répondre ; il faut une responsabilité critique. C’est indispensable pour qu’une discipline soit critique. Et soit partie prenante d’une université qui ait du sens dans la société – qui elle ne peut être que de son temps. Plutôt : on appellera « la société » ce qui est de son temps, et collectivement. Un présent politique. Y compris et surtout, puisque c’est là que la société vit, dans les conflits du collectif : là où il grince et se tord et se déplace se déchire se refait, au prix des souffrances et au gré des fortunes des individus. L’université ne peut pas se permettre d’être conservatrice – ni non plus la gauche, comme formation politique. Il faut répondre, et déraciner les positions et redoubler d’analyse – relentless erudition, Foucault ; c’est l’activité et l’action critiques – si les réponses ne signifient plus rien dans le présent politique. On ne défend pas la Littérature. On la repense, en écoutant très fort ; en arrachant une écoute et une responsabilité. On ne défend pas les référentiels nationaux, les démocraties universitaires, les services publics du savoir. Pas par les batailles syndicales et les modes de résistance actuels en tout cas : this much is clear. C’est autrement qu’il faut faire.
Et c’est déjà un piège conservateur que de poser la question en termes de l’engagement des intellectuels ; ou, bien pire, de « l’investissement » professionnel. Claire duperie, qui est le produit de l’idéologie individualisante – celle qui prive les sujets de leur force subjective tirée, pour chacun, de la force du collectif qu’il porte avec lui si un collectif existe.
Le discours sur le conservatisme français, la nécessité de la réforme, et les blocages de la réforme, par les différents acteurs, syndicaux en particulier : ce qu’on entendait beaucoup sous Raffarin ; et ce qui semble déterminant dans la montée des deux personnages du moment, Royal et Sarkosy. Déterminant aussi dans le présent si tiraillé, et désorienté, du PS.
De même, la question de l’inégalité.
On entend reparler d’inégalité, d’accroissement des inégalités, comme un point focal du discours sur la mondialisation qui commence à battre de l’aile ; qui s’intéresse à ses discontents (Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, Globalization and its Discontents, 2002). L’inégalité, les inégalités : discours de la gauche française sur une longue et épaisse tradition. Avec l’égalité et la fraternité, la solidarité. Racines dans Rousseau, au moins. La question est, si je pense avec la notion du politique comme force et champs de forces : pourquoi l’inégalité est-elle mauvaise ? Pas par morale, pas par générosité de base, pas par nature humaine bonne de fond – bonnes intentions, dirait GD. Temps de l’origine. L’origine de l’inégalité parmi les hommes, et l’homme naturellement bon corrompu ensuite par la société –.
Mais parce que : mauvaise énergie, depleting, qui vide le vivant, qui dépolitise, désubjectivise, fait mourir. Pour les sociétés ; pour certaines sociétés et donc pour l’homme. Pour « la vie des peuples » (Saussure).
L’énergie d’une société ; l’énergie humaine, énergie culturelle dans l’histoire d’un pays. Jaffrelot note, sur l’histoire de l’Inde depuis l’indépendance : « Si Jawaharlal Nehru croyait – comme Mohandas Karamchand Gandhi – aux valeurs (aux normes, dirions-nous aujourd’hui [le shift est assez éloquent]), les stratèges des think tanks indiens considèrent que 'faire de l’Inde la plus grande démocratie du monde' aura bien moins rapporté au pays que les essais nucléaires de 1998. » C’est un autre point de vue sur la valeur politique et son historicité. Son flux, et son incidence immense, si profondément déterminante, pour tous et chacun.
L’Iran maintenant, aussi. Voir. Ça va tirailler fort là ; ça va détruire infiniment, on en pleure déjà de douleur humaine. La Chine bien entendu ; le Mexique.
Il faut aller en Inde. Lire le travail actuel des chercheurs indiens sur la traduction. Aller voir, peut-être, leur tradition, il me semble riche et ancienne, de réflexion sur la grammaire et sur le langage. Certainement, sur la diversité des cultures et la notion de nation.
Simplement penser le politique, et le critique – y compris concrètement, localement, chaque fois, les pratiques des disciplines – par l’histoire.
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