A quoi sert la crise
Que la crise de l’université sert à quelque chose (voir les analyses d’Oblin et Vassort sur la « crise bien entretenue »). La difficulté est de comprendre quoi exactement : quels bénéfices pour quels groupes sociaux et pour le frayage de quels modes, de quelle domination, politiques.
Elle sert à faire reporter la pression sociale sur le lieu de l’université. Une classe dominante s’y défausse (je prends le terme des Quelques diagnostics, de l’ARESER) d’un problème politique en appuyant sur un lieu social ; en le fragilisant pour en redoubler son propre pouvoir. En le localisant, aussi : le désignant comme problème local – l’extrayant de la perspective politique où il prend son sens en système, et où les responsabilités et les acteurs sont visibles.
Pour quelle croissance, ailleurs, et aux dépens les ressources sociales de l'université? Pour quelle "modernité" cette "modernisation"? Les lieux en développement, dans l'université : les DESS devenus Masters (et à numerus clausus), et la communication, pour commencer. Les "transversalités" dont parle ELB. Les champs, vapid, de l'inter-culturel, tels que pointés dans notre argumentaire pour le séminaire "Diversité des langues" (IndeA/Texte étranger/Polart) en septembre 2005. Etc.
Il me semble que les conflits du printemps dernier autour du CPE en sont une manifestation. C’est l’université comme espace des « jeunes », tranche de la population exposée prioritairement au chômage : à un moins-de-pouvoir social ; un affaiblissement politique, et au bout du compte l’option d’un disenfranchisement.
C’est aussi l’université comme lieu où se joue un tug-of-war pour la transformation de la valeur sociale du savoir, de la pensée, et de la création. Pression pour déplacer la valeur universitaire vers l’idéologie contenue dans les concepts d’« évaluation », d’« expertise ». Pression pour transformer la « formation » en « professionnalisation », la recherche en application, en « développement » (R&D). Commodification, utilitarisme (les analyses d’Arnold restent d’actualité sur ce point. Reste à penser une « culture » par l’université, et par English, qui ne soit ni celle du cultivé ni celle du beau, « théorie du beau unique et absolu » marquée comme l’anti-modernité par Baudelaire. Ce sera donc par la voie, comme chaque fois, d’une pensée de l’historicité. Historicisation du savoir, contre sa réification). Les discours de la Commission européenne sur le savoir comme marché de pointe pour le 21ème siècle.
Pression, encore, pour transformer le sujet universitaire en producteur re-producteur (Bourdieu aussi, toujours pertinent ici) : mais aussi l’exposer au burn-out personnel. Les enseignants du secondaire connaissent ça depuis longtemps. Alors même qu’il est pris comme cog et fonction d’une machine qui devrait le soutenir par articulation systématique tous azimuts, l’individualiser : faire peser sur lui, chacun, la totalité de la pression politique. C'est la logique thatcherienne du "Get on your bike" (Norman Tebbitt). La contractualisation prévue dans le rapport Espéret et la proposition Belloc est une introduction à la logique libérale du privé : les « transformations du métier de l’enseignant-chercheur », observées par l’analyse sociologique d’un Charles Soulié, indiquent la multiplication des tâches qui est aussi une multiplication tous azimuts du temps et de la densité de travail. Le passage aux outils de l’information est une occasion de plus, fait partie des moyens, pour cet accroissement du volume d’information dont chacun est responsable (le mail en premier lieu, qui s’insinue dans le temps privé et inonde). Le sujet devenu individu peut soit se désengager (beaucoup le font – le processus est parallèle à celui de la désaffection des instances collectives, le report des lieux de décision vers des instances privées – expertes et extérieures à la communauté scientifique [Olin et Vassort], ou commissions et chargés de mission nommés par les présidences –, l’amenuisement de l’espace public dans la démocratie institutionnelle de l’université), soi se surengager : cette logique existe aussi beaucoup. Surengagement par « passion » (les termes seront alors personnels, psychologiques et moraux – faire son boulot, ne pas faire son boulot), laissé à la discrétion des individus donc. Des hystéries d’animation collective et community-building, des carriérismes opportunistes aussi : ces énergies individualisantes, dépolitisantes, qui sont les produits d’une situation, d’une activité politiques.
Fragiliser l’université, encore, comme espace des « intellectuels ». Focaliser sur elle, en tant que telle, un conflit social. Ici, le fil à suivre de la « guerre contre les intellectuels » du temps de Raffarin, et remontant jusqu’à l’épisode des Nouveaux réactionnaires.
Elle sert à faire reporter la pression sociale sur le lieu de l’université. Une classe dominante s’y défausse (je prends le terme des Quelques diagnostics, de l’ARESER) d’un problème politique en appuyant sur un lieu social ; en le fragilisant pour en redoubler son propre pouvoir. En le localisant, aussi : le désignant comme problème local – l’extrayant de la perspective politique où il prend son sens en système, et où les responsabilités et les acteurs sont visibles.
Pour quelle croissance, ailleurs, et aux dépens les ressources sociales de l'université? Pour quelle "modernité" cette "modernisation"? Les lieux en développement, dans l'université : les DESS devenus Masters (et à numerus clausus), et la communication, pour commencer. Les "transversalités" dont parle ELB. Les champs, vapid, de l'inter-culturel, tels que pointés dans notre argumentaire pour le séminaire "Diversité des langues" (IndeA/Texte étranger/Polart) en septembre 2005. Etc.
Il me semble que les conflits du printemps dernier autour du CPE en sont une manifestation. C’est l’université comme espace des « jeunes », tranche de la population exposée prioritairement au chômage : à un moins-de-pouvoir social ; un affaiblissement politique, et au bout du compte l’option d’un disenfranchisement.
C’est aussi l’université comme lieu où se joue un tug-of-war pour la transformation de la valeur sociale du savoir, de la pensée, et de la création. Pression pour déplacer la valeur universitaire vers l’idéologie contenue dans les concepts d’« évaluation », d’« expertise ». Pression pour transformer la « formation » en « professionnalisation », la recherche en application, en « développement » (R&D). Commodification, utilitarisme (les analyses d’Arnold restent d’actualité sur ce point. Reste à penser une « culture » par l’université, et par English, qui ne soit ni celle du cultivé ni celle du beau, « théorie du beau unique et absolu » marquée comme l’anti-modernité par Baudelaire. Ce sera donc par la voie, comme chaque fois, d’une pensée de l’historicité. Historicisation du savoir, contre sa réification). Les discours de la Commission européenne sur le savoir comme marché de pointe pour le 21ème siècle.
Pression, encore, pour transformer le sujet universitaire en producteur re-producteur (Bourdieu aussi, toujours pertinent ici) : mais aussi l’exposer au burn-out personnel. Les enseignants du secondaire connaissent ça depuis longtemps. Alors même qu’il est pris comme cog et fonction d’une machine qui devrait le soutenir par articulation systématique tous azimuts, l’individualiser : faire peser sur lui, chacun, la totalité de la pression politique. C'est la logique thatcherienne du "Get on your bike" (Norman Tebbitt). La contractualisation prévue dans le rapport Espéret et la proposition Belloc est une introduction à la logique libérale du privé : les « transformations du métier de l’enseignant-chercheur », observées par l’analyse sociologique d’un Charles Soulié, indiquent la multiplication des tâches qui est aussi une multiplication tous azimuts du temps et de la densité de travail. Le passage aux outils de l’information est une occasion de plus, fait partie des moyens, pour cet accroissement du volume d’information dont chacun est responsable (le mail en premier lieu, qui s’insinue dans le temps privé et inonde). Le sujet devenu individu peut soit se désengager (beaucoup le font – le processus est parallèle à celui de la désaffection des instances collectives, le report des lieux de décision vers des instances privées – expertes et extérieures à la communauté scientifique [Olin et Vassort], ou commissions et chargés de mission nommés par les présidences –, l’amenuisement de l’espace public dans la démocratie institutionnelle de l’université), soi se surengager : cette logique existe aussi beaucoup. Surengagement par « passion » (les termes seront alors personnels, psychologiques et moraux – faire son boulot, ne pas faire son boulot), laissé à la discrétion des individus donc. Des hystéries d’animation collective et community-building, des carriérismes opportunistes aussi : ces énergies individualisantes, dépolitisantes, qui sont les produits d’une situation, d’une activité politiques.
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