Thursday, September 21, 2006

Actualité - la source est déjà le ruisseau

Quelques conclusions pratiques, des années passées dans l'institution universitaire française et des contacts ici à Brooklyn College : c'est avec les jeunes chercheurs qu'il y a à travailler, avec eux qu'il y a du travail en train. Les lieux les plus vifs rencontrés dernièrement: les séminaires de DEA et des doctorants (JJL témoigne de la même expérience), les journées de doctoriales à Paris 8, le contact avec les nouveaux collègues. Ici le Works in progress seminar du département d'Anglais se fait devant une tablée de jeunes adjuncts, doctorants ou étudiants de MA majoritairement. Les collègues qui se rassemblent et s'organisent en groupes de travail, autour des questions de l'enseignement dans le cadre de English, ou du féminin dans un cadre trans-disciplinaire - séances régulières sous forme de sorties au restaurant, en réunions pour discussion informelle, etc. - sont les nouvelles générations, qui semblent avoir besoin de créer sous leur pied un plancher de travail (collectif) qui leur manque dans le territoire du département où ils ont à s'installer, et à faire école, d'une manière ou d'une autre.

Quelle perte de l'énergie critique quand on passe aux générations en place depuis un peu plus longtemps? Le temps pris par les affaires institutionnelles, par la bataille pour la survie des disciplines et des équipes de recherche, en France en tout cas. La grosse fatigue qui me prend quand je pense à la question de l'Equipe d'accueil, à "l'animation" de la recherche. Bref.
Et il ne s'agit pas de la plainte atemporelle sur l'usure et les responsabilités des grands et des pères. Il y a une situation actuelle des générations dans l'université ; qui détermine par exemple le burn-out des nouveaux professeurs, aussi caractéristique d'un présent universitaire peut-être que la vie difficile des jeunes docteurs en littérature, maintenant qu'il y a plus de maîtres de conférences qualifiés que de postes.

De même -- il me semble qu'il s'agit de la même chose dans ce vers quoi je me trouve me tourner, tâtonnant improvisant cherchant les courants d'énergie dans les champs intellectuels actuels (et il faudrait éviter de se précipiter vers la notion d'émergence, émergente elle-même comme l'indiquait ELB l'an dernier) : c'est vers les nouvelles énergies disciplinaires, bonnes ou mauvaises, critiques et vives ou déjà ossifiantes dépolitisantes, qu'il est nécessaire de tendre l'oreille et l'attention.
Je continue à fixer la nouvelle UFR créée à Paris 8 à la rentrée LMD, de Culture et communication. Il faut aller travailler sur ces modernités de l'université (déclarées, affichées, réponses aux claironnades de la "modernisation", et peut-être tout le contraire d'une modernité; d'une vie de la culture) : où affluent financements, postes, approbation du gouvernement et de l'Europe, et étudiants; où converge la valeur sociale, y compris sous sa forme actuellement en cours : validation de fait par les profilages pour l'emploi. Validation des formations par la demande au sein du marché de l'emploi [pour justement, ELB, ne pas dire du travail -- puisqu'en effet la valeur économico-sociale actuelle se compte dans ce cadre conceptuel et idéologique changé].

J'en suis à, pour les disciplines de la littérature, et du langage : il faut faire autrement. Radicalement (au sens de Saussure; de la source déjà ruisseau; pas d'origine à ce qui n'est qu'histoire. Savoir faire une histoire, une analyse d'époque, de ce type). Aller à l'actualité de la société et intervenir, travailler! : au lieu de la pression, mais avec le poids, la gravité, du rapport simple au poème. Le projet du Centre expérimental de Vincennes lancé dans les termes d'un rapport au "monde contemporain" : toujours aussi pertinent. Mais tellement à reprendre! Y compris dans le projet du Département d'Etudes Littéraires Anglaises, aujourd'hui mort de jure, sinon de facto en ce 21 septembre.

Il faudra que je développe mieux, plus tard, ceci : que je pensais ouvrir du potentiel pour les disciplines littéraires par le projet "des littératures" qui a donné le Master de Paris 8. C'était une erreur diagnostique, dont il fallait bien faire l'épreuve, et dont l'épreuve est bien faite. Je pense maintenant qu'il faut bien plus radical que ça, simplement. De choses bien plus profondes à déraciner, à secouer, que ça. Cela doit passer, en particulier, par une analyse plus large de la situation historique présente des disciplines en France (pas de discipline sans les disciplines, non plus -- question de disciplinarité) ; situation qui n'est pas un état (comment bouge-t-on, respire-t-on, dans un état? No wonder we're exhausted) mais un champ de forces, avec ses forces et ses pressions par le commerce avec l'Europe et avec la "compétition" américaine. Cela peut se nourrir des analyses sociologiques et économiques qui sont en cours sur l'université et l'emploi et le travail, en effet.
Voir où la société actuelle met ses valeurs; où ça presse, vient; a un visage et une visibilité et une reconnaissance. Valeur sociale. Le statut de la littérature là -- plus par amusement qu'autre chose. Mais certainement le statut du langage, et ses conceptions et idéologies.
Alors les points de travail déjà identifiés, programmés : les sciences de la communication, et de l'information. Les Cultural studies quand elles arrivent en France. La médiation culturelle et voisinages. La littérature dans les études post-coloniales en histoire. Etc.

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