Tuesday, September 12, 2006

Disciplinarité de l'Anglais

On s’inquiète des mêmes problèmes de l’Anglais en France, en Europe, et aux Etats-Unis, malgré la différence des contextes et la diversité des histoires de la discipline.
Le cœur du problème est la perte de disciplinarité des Langues – Modern Languages. Leur instrumentalisation, leur valeur sociale accrue mais en tant qu’instrumentales, dans un environnement idéologique organisé par une théorie du langage comme communication.

C’est reconnaissable partout, malgré la diversité des conditions culturelles. La Composition, ou Rhetoric and Grammar, aux Etats-Unis, qui non seulement prend une part plus importante de l’activité des départements d’Anglais – ici aussi on parle du déficit de academic preparation (lire : la faillite du système de l’enseignement secondaire) –, mais devient aussi l’objet d’une branche de la recherche en Anglais. Et une actualité de la discipline, une pertinence sociale (revendiquée telle, du moins), réponse et responsabilité de l’université dans sa société : en ce qu’elle est branchée effectivement sur un débat culturel et politique qui se tient dans la presse et les médias, et qu’elle engage y les acteurs (engage est un mot très en cours dans le discours culturel ici). La Composition est critique pour une définition de son contemporain par la société ici : un révélateur et un critère. Une valeur en question, vivante, qui fait la vie et l’actualité – sinon la modernité, car c’est aussi un faux débat et une contre-valeur, articulée sur une contre-vitalité du langage – de sa société. Chacun a à se situer par rapport à elle.

GD parle d’un département de Français ici qui penche vers la perspective du FLE.
Les départements de English peuvent maintenant incorporer les territoires du English as a Second Language (ESL), et identifier leur actualité à cette incorporation, cette réorganisation des disciplines. On affichera cette nouvelle géographie comme la capacité de l’université à répondre à l’actuel d’une société multiculturelle, qui se manifeste dans l’afflux d’étudiants nouvellement immigrés. 92 langues maternelles parlées à Brooklyn College-CUNY en dehors de l’anglais.

Jean-Jacques Lecercle répond à la crise de l’Anglais en France, relayée par la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur – manifestations : disparition des postes en littérature, backlash contre la « théorie », pressions de l’idéologie Communicationnelle (l’anglais comme « langue de communication internationale », selon les termes du rapport Thélot) pour pomper des financements vers les départements qui voudront développer des centres de ressource de langues ou se développer en de tels centre – : réponse de JJL donc : la force de l’Anglais comme nœud des langue-littérature-culture et histoire.
Je garde l’expression anglaise de la discipline des Langues – Modern Languages – pour ce qu’elle continue à faire entendre de ce potentiel des langues, la diversité des langues, comme modernité de la société dans le langage. La langue-et-nécessairement-les-langues, comme histoire, et donc comme culturologie, critique.
La discipline Anglais, comme l’étude de ce qui fait d’une discipline des langues une culturologie critique.

Le European Journal of English Studies opère son propre sauvetage et relaunch en prenant de front la question de New Directions in English Studies. Effort vers sa modernité.
Le séminaire Works in Progress du département d’Anglais de Brooklyn College prend cette année la question : « Revisions and Emergences : New Approaches, New Fields ». On cherche comment être à son présent. A sa pertinence. Disciplinarité.

Je commence ici une bibliographie du débat américain sur English et l’université : disciplinarité. Très étonnée de trouver le terme disciplinarity en usage dans la « conversation » (autre termes très en cours) dès un premier contact ici – c’était dans Richter. Le débat est une actualité en ce que, comme celui des Nouveaux réacs, il positionne et révèle les acteurs, avec une extrême clarté : les conservateurs, les progressistes, les critiques. Les critères en jeu – questions dont vit la société contemporaine – y sont donc en pleine lumière, et en plein pouvoir critique.

  • Richter, David H. Falling Into Theory. Conflicting Views on Reading Literature. Bedford/St. Martin’s: Boston & NY, 2000. Qui part de Gerald Graff (Graff y écrit une preface) et son programme critique: “teach the conflicts”.
    Auteurs mis en débat dans l’anthologie:
    - "Why We Read" : Helen Vendler, Geralf Graff, Terry Eagleton, Gauri Vishwanathan, Paulo Freire, bell hooks, Gertrude Himmelfarb, Richard Ohmann, Simon During, Louis Menand, Robert Scholes
    - "What We Read" : Jane Tompkins, Barbara Herrnstein Smith, Lillian S. Robinson, Deleuze & Guattari, Henry Louis Gates Jr., Eve Kosfsky Sedgwick, Eward W. Said, Janice A. Radway, Alan Purves, John Guillory, Harold Bloom
    - "How We Read": Barthes, Peter Rabinowitz, Stanley Fish, Reed Way Dasenbrock, Sandra M. Gilbert and Susan Gubar, Toril Moi, Annette Kolodny, Toni Morrison, Chinua Achebe, Wilson Harris, Gayatri Chakravorty Spivak, Wayne C. Booth, Martha C. Nussbaum, Herbert F. Tucker, George Levine, Michael Bérubé.

Débat américain:

  • Blair, Hush. Lectures on Rhetoric and Belles Lettres. NY: Garland, 1970.
  • Bloom, Allen. The Closing of the American Mind: How Higher Education Has Failed Democracy and Impoverished the Soul’s of Today’s Students. NY: Simon, 1987.
  • Damrosch, David. We Scholars: Changing the Culture of the University. Cambridge Mass., Harvard UP, 1994.
  • D’Souza, Dinesh. Illiberal Education: The Politics of Sex and Race on Campus. NY: Free, 1991.
  • Graff, Gerald. Professing Literature. An Institutional History. Chicago: Chicago UP, 1987.
  • –––. Beyond the Culture Wars. NY: Norton, 1992.
  • Kimball, Roger. Tenured Radicals: How Politics Has Corrupted Higher Education. NY: Harper, 1990.
  • Menand, Louis. “What Are Universities For?” Harper’s Magazine 283 (December 1991), pp. 47-56.
  • Nelson, Cary. Manifesto of a Tenured Radical. NY: NYUP, 1997.
  • Pratt, Mary Louis. “Humanities for the Future: Reflections on the Western Culture Debate at Stanford”. South Atlantic Quarterly, 1 (1989), pp. 7-25.

Sur le canon :

  • Bloom, Harold. The Anxiety of Influence. NY: OUP, 1973.
  • ---. The Western Canon. The Books and School of the Ages. NY: Harcour Brace t, 1994.
  • Guillory, John. Cultural Capital : The Problem of Literary Canon Formation. Chicago UP, 1993.

Débat sur English en Grande-Bretagne et histoire (britannique) de English :

  • Altick, Richard. The English Common Reader.
  • Baldick, Chris. The Social Mission of English Cricitism. Oxford: OUP, 1983.
  • Batsleer, Janet ed. Re-writing English: Culturela Politics of Gender and Class
  • Crawford, Robert. Devolving English Literature. Oxford: Clarendon, 1992.
  • Eagleton, Terry. Literary Theory. An Introduction. Minneapolis: U of Minnesota P, 1983. Voir en particulier le chapitre “The Rise of English”.
  • MacCabe, Colin. “Towards a Modern Trivium – English Studies Today”.
  • Palmer, D.J. The Rise of English Studies. London, 1965.
  • Poirier, Richard. “What is English Studies, and If You Know What That Is, What Is English Literature?”, in Gregory T. Polleta ed. Issues in Contemporary Literary Theory. Boston: Little and Brown, 1973.
  • Widdowson, Peter ed. Re-reading English

Textes repris et discutés à neuf:

  • Arnold, Matthew. “The Popular Education of France”. Democratic Education. Vol. 2 of Matthew Arnold: Complete Prose Works. Ed. R.H. Super. 6 vols. Ann Arbor: U of Michigan P, 1962.
  • Collins, J.C. The Study of English Literature. 1891.
  • Robinson, H.G. “On the Use of English Classical Literature in the Work of Education”, Macmillan’s Magazine 11 (1860).
  • Sampson, George. English for the English. 1921.
  • Smith, Adam. Lectures on Rhetoric and Belles Lettres. Ed. JC Bryce. NY: Oxford UP, 1983.

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