Sunday, November 12, 2006

Culture, guerre, force

J'avais pris les choses par, à partir de Herder contre Kant et l'universalisme français (avec son impérialisme culturel), une histoire du concept de "culture" comme concept de combat - concept critique. Ouvrant dans la pensée de l'anthropologique la dimension nécessaire du pluriel. L'étranger, comme principe anthropologique - parce qu'ethnologique.
En continuant le travail avec les étudiants de MA à Brooklyn College, et dans le nouvel espace de résonance où je suis à New York, je m'intéresse aussi et plus à, la pente de curiosité se fait vers, sa valence conservatrice : dépolitisante, exactement.
Comment "culture" dans la Culture war, dans le Clash of Civilizations, sont l'opérateur de la polémisation générale de la politique de l'équipe Bush (aussi: les Axes dans la WOT - on dit ça écrit ça, la War on Terror. De même qu'on dit "W" pour Bush, WMD pour les armes de destruction massive. ça fait des protagonistes familiers.) On dit "culture" pour masquer la nature politique des questions. Et James Bolton pose son veto contre le vote d'une déclaration UN contre les dernières attaques israéliennes à Gaza, sur une justification qui refuse les termes du texte comme "political". Oui.
(On sera content de voir disparaître ce poison en janvier, avec le reste de la législature 2004-2006. )

"Culture" comme les valeurs (morale profonde, on prend un ton grave - où on entend déjà une pression), contre le politique - attaqué en tant que la politique.
Après, on n'a plus que la guerre. Et en effet la guerre est à mettre à l'étude - je pense au projet d'ELB avec la géopolitique mais aussi au delà, à ce qu'il me semble entendre comme une buzz question quelque part dans les sciences humaines et les champs intellectuels de maintenant.

Alors après il y a une question qui vient de suite, et qui m'intéresse plus finement. J'y suis plus au près de ce que je ne sais pas : c'est force.
Je vois que depuis cet été j'écris beaucoup de mot. Qu'il me permet un point de vue, une hauteur (point de théâtre, GD) - ou une entrée dans la bagarre on the flat in the crowd half blind with dust (V. Woolf, "Modern Fiction") - pour réfléchir au politique, au peuple. Au politique comme histoire, voilà. Je pense à Deleuze en le mettant en oeuvre. Mais c'est avec le doute, la réticence, toujours, sur la question de sa physique du politique (qui ne fait pas forcément mieux que la thermodynamique de la psychanalyse).
En lisant Tocqueville, j'entends très fort que "force", "force sociale", est un concept du libéralisme. Pas forcément de lui seul, mais. ça m'intéresse. ça part. Alors les portes en enfilade possible qui s'ouvrent : Thatcher et "there is no such thing as society", Norman Tebbitt et "get on yer bike". De droite, les sujets politiques sont agents, entreprenants, ils sont comme individus les producteurs de valeur - de la richesse des nations comme de la richesse des nations. Un individu collectif est d'avance pensable, d'avance on le sait exister : il est la "communauté", la "culture", le "sens commun" peut-être ?, le "peuple", la "nation", ... De gauche alors, en écho, les sujets politiques sont déterminés par, pris dans des situations, situés dans des échiquiers divers et superposés. Il y a un champ de forces politiques où l'agency n'est jamais simple, et le collectif jamais (?) un préexistant, une paix, une origine.
Beaucoup à faire.
"Force" me vient donc aussi avec les coordonnées de la sociologie de Bourdieu - je l'oubliais. Comment ça se place l'un par rapport à l'autre, "force" de Tocqueville et "force" de Bourdieu?

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