Sunday, November 12, 2006

Encore la theory

Etonnée de trouver que le débat sur la théorie continue à être d’actualité. Sans doute les dernières publications sont un peu à la traîne, mais. Après un tour de librairie pour prendre l’air du Zeit, c’est l’une des rares choses notables que je retiens.
Jonathan Culler a tiré un livre de son travail ces années sur la récupération du littéraire dans la théorie : The Literary in Theory, publié dans la série Cultural Memory in the Present à Stanford UP (2007). La table des matières indique des rapports tissés, des perspectives produites : avec le fil roman et nation (Nation and Narration sans doute, mais pas sous cette formule - il faudra voir), l'écho à de Man (un chapitre intitulé "Resisting Theory"), la reprise des concepts de texte, de signe, de performatif ; le rapport à la philosophie (et du sien à l'écriture) ; le rapport à l'écriture critique ; le rapport aux Cultural Studies, et enfin à la Comparative Literature.
Si c'est un parcours, cette direction m'intéresse, naturellement. Si on débouche des questions du langage (reprendre la question de la sémiotique) à celle des cultures puis celle de l'étranger dans le littéraire. Le tout donc à voir.
L'autre volume que je retiens : Theory's Empire. An Anthology of Dissent. Daphne Patai & Will H. Corral eds., Columbia UP, 2005 (tous les termes du titre font grincer des dents, chacun une manip). Il faudra voir le statut énonciatif du volume : qui a écrit quand où et pour qui. Les premiers mots de l'introduction reprennent le terme "anthologie" : le geste est significatif en lui-même. Articles rassemblés de Valentine Cunningham (of Reading After Theory fame [2002] ), René Wellek, Todorov, Raymond Tallis (Saussure scholar), Searle, V. Descombes, M.H. Abrams, Geoffrey G. Harpham, Chomsky, Bricmont & Sokal, Thomas Nagel, F. Kermode, M. Perloff, Wayne C. Booth et al. Sections : Theory rising, Linguistic turns, Empire building, Theory as a profession, Identities, Theory as surrogate politics, Restoring reason, Still reading after all theses theories..., Coda. Là aussi un parcours, tout clairement orienté.

La vieille rosse de débat. Sans doute pas grand chose à apprendre de neuf à son analyse, mais c'est l'actualité qui dicte. L'avantage sera d'apporter un repère d'actualité pour le séminaire Theory théorie prévue à Brooklyn College au spring semester.
Il faudra donc continuer cette écoute et cette bataille. Je comprends mieux ici les coordonnées du débat, et ses signes codés - the plot thickens. Comme culture dans Culture wars veut dire black par exemple (un étudiant de MA transcode pour nous). Ou simplement comprendre qu'il y a un cryptage, d'ordre politique (au sens américain - entendre James Bolton aux Nations Unies - de political) - écarquiller les oreilles donc encore.

Que ça a à voir avec la question de academic freedom, débattue à grand battage dans la presse par épisodes d'affaires, ponctuelles (polémique ; faux débat ; manip.) Avec le discours sur Culture wars ; sur la profession de l'universitaire ("professor" mis en relation avec "profession" dans ces discours, d'une manière qu'on ne fait pas en français) - qui relaboure depuis Gerald Graff le champ commun, l'increvable, "ivory tower". On en passe par Harold Bloom et la factualité du Western Canon (de la lecture donc, comme déproblématisation). Par la culture spécifique de l'intellectuel en Amérique.
Il faut aller voir dans l'histoire de l'université ici. J'en suis toujours à ça.
Puis, simplement, au coeur : une culture et une histoire de la pensée du langage, ici. C'est là, bien sûr, que ça se joue. Simplement. Prendre par Cusset, par Graff historien dans Professing Literature, et par la patience, deux fois par semaine en cours, de continuer à imaginer les moyens de faire entendre le langage. That's some job here.

0 Comments:

Post a Comment

<< Home